Contenu
- Un seul personnage principal, l’auteur-narrateur, en plein cœur de l’action, témoignant des événements autour du séisme à Port-au-Prince en 2010 et de la résilience des gens qui doivent rebâtir leur ville.
« J’avais déjà entamé le pain quand j’ai entendu une terrible explosion. Au début j’ai cru percevoir le bruit d’une mitrailleuse (certains diront un train), juste dans mon dos. […] Tout cela a duré moins d’une minute. » (p. 10)
« Que vaut la culture face à la douleur? Se poser la question dans un salon n’a pas la même résonance qu’ici. Je n’ai qu’à regarder autour de moi pour évaluer la situation. Pourtant les conversations sont animées, et j’entends parfois des rires. On cherche une sortie par tous les moyens. Ce qui fait croire que quand tout tombe autour de nous, il reste la culture. Mais ce qui sauve cette ville, ce sont les gens qui déambulent. C’est l’appétit de vivre de cette foule qui fait la vie dans les rues poussiéreuses. » (p. 43)
- Plusieurs personnages secondaires qui interagissent avec l’auteur, notamment Rodney Saint-Éloi, Thomas Spear et Filo, des journalistes venus en Haïti pour le festival littéraire, son neveu, sa mère et sa tante Renée, qui survivent au séisme, ainsi que sa collègue Chantal Guy, journaliste qui se rend sur place pour enquêter et faire part des nouvelles au public.
« Moi, j’étais dans le restaurant de l’hôtel avec des amis, l’éditeur Rodney Saint-Éloi et le critique Thomas Spear. » (p. 10)
« J’ai connu Filo vers la fin des années 1970. […] J’ai l’impression que Filo a toujours été dans ma vie. » (p. 28)
« Et sans mon neveu, il n’y aurait eu à la maison que ma mère, une femme de plus de quatre-vingts ans […] et tante Renée qui ne peut se déplacer sans aide. Les voilà tous sains, et saufs. » (p. 34)
« Port-au-Prince a été une révélation pour Chantal Guy. D’une fille qui avait peur de son ombre, elle est devenue une intrépide guerrière capable d’affronter les éléments déchaînés. » (p. 42)
- Récit introspectif rédigé sous la forme d’une chronique inspirée du carnet de notes de l’auteur, dans lequel celui-ci consigne ses sentiments, ses émotions, ses réflexions philosophiques et ses constatations après le séisme de 2010 à Haïti, tout en mettant en exergue le courage du peuple haïtien, confronté à cette épreuve; quelques retours en arrière sous forme de souvenirs; thèmes (p. ex., mort, famille, amitié, courage d’un peuple, espoir) aptes à capter l’intérêt du lectorat visé.
- Mise en page aérée et dynamique; œuvre répartie en une succession d’instantanées consignée dans le calepin de l’auteur; éléments graphiques (p. ex., italiques, parenthèses, guillemets, points de suspension, majuscules) qui facilitent l’interprétation du texte; liste d’œuvres de la même collection, dédicace et citation au début; table des matières à la fin du livre; réflexions de l’auteur et critiques littéraires à la quatrième de couverture du livre.
Langue
- Registre de langue courant dans l’ensemble de l’œuvre; mots moins connus (p. ex., parapet, crispation, déambulent, tergiversations, gargantuesque) et quelques mots anglais (p. ex., shaker, rockers, star) compréhensibles à l’aide du contexte.
- Phrases de base, phrases transformées et phrases à construction particulière; style vif, précis, ponctué de phrases courtes, parfois elliptiques, révélant le narrateur sous l’emprise des émotions du moment; plusieurs phrases interrogatives traduisant son désarroi et sa peur.
« Assez vite, le père n’a plus répondu. Ensuite, l’un des trois enfants. Plus tard un autre. Elle n’arrêtait pas de les supplier de tenir encore un peu. » (p. 21)
« Pendant dix secondes, j’ai attendu la mort. […] La terre allait-elle s’ouvrir pour nous engloutir tous? Les arbres nous tomber dessus? Le feu nous brûler? » (p. 62)
- Nombreux procédés stylistiques (p. ex., comparaison, métaphore, énumération, hyperbole, répétition, personnification) qui permettent d’apprécier le style imagé de l’auteur.
« À chaque nouvelle secousse, si minuscule soit-elle, on voit les têtes de ceux qui sommeillaient se relever comme des lézards aux aguets. » (p. 20)
« Notre petit groupe donne l’impression d’être échoué sur une île déserte au lendemain d’une grosse tempête en mer. » (p. 22)
« On repère tout de suite : les mesquins, les jaloux, les généreux, les optimistes, les pessimistes, les aventuriers, les prudents, les silencieux et les emmerdeurs. (p. 47)
« Elle est venue s’asseoir près de moi, sur un divan jaune. Menue et raffinée, elle a pris mille précautions pour aborder le sujet. » (p. 61)
« Et si je ne travaille pas, je suis morte. Morte, morte, morte. » (p. 78)
« Les chaudes couleurs jaune et vert apportent une certaine gaîté à la ville. » (p. 89)
- Très nombreuses séquences narratives et descriptives qui révèlent les réflexions philosophiques, constatations et sentiments de l’auteur; quelques séquences dialoguées reflétant les interactions entre les personnages.
« Je panique à l’idée d’avoir absorbé une dose d’anxiété si forte qu’elle pourrait s’incruster dans ma chair. J’ai vu juste, car plus d’un mois après le séisme mon corps reste sensible à la moindre vibration du sol. Cette information s’est-elle logée dans mon esprit ou dans mon corps? J’aimerais savoir ce qui déclenche la panique chez moi. Ma tête ou mon corps? L’autre soir, je soupais chez des amis quand j’ai senti quelque chose. Des vibrations légères d’abord, puis de plus en plus intenses. Stupeur. Les autres continuaient la conversation. J’étais déjà vidé de mon sang quand j’ai compris que c’était mon voisin qui n’arrêtait pas de cogner son genou contre le pied de la table – un tic nerveux. » (p. 64)
« Quand je suis arrivé, mon neveu était en train d’écrire sur un vieil ordinateur qu’il a bricolé lui-même. […]
– Tu écris?
– Je ne sais pas…
– Mais je t’ai vu…
– Je n’écrivais pas.
On se regarde un moment.
– Pourquoi refuses-tu d’accepter que tu étais en train d’écrire? C’est ce que font les écrivains.
– Je ne suis pas un écrivain, fait-il sur un ton ferme.
– Pourquoi ?
– Je n’ai pas écrit de livre.
– Un écrivain c’est simplement quelqu’un qui écrit. » (p. 90)
Référent(s) culturel(s)
- Nombreuses allusions à des poètes et à des écrivains de la francophonie haïtienne et internationale, d’hier et d’aujourd’hui (p. ex., Voltaire, Honoré de Balzac, André Breton, Lyonel Trouillot, Christophe Charles, Léopold Sédar Senghor, Roussan Camille).
- Mention de la ville de Montréal.
Pistes d'exploitation
- Former des équipes, puis demander aux élèves de noter les catastrophes qui résultent d’un événement naturel (p. ex., tsunami, éruption volcanique, inondation). Leur proposer d’effectuer une recherche sur un désastre naturel survenu au Canada au cours des années 2000, puis de rédiger une chronique chronologique de l’événement. Animer une mise en commun afin de leur permettre de présenter leur travail au groupe-classe.
- Animer une discussion à partir de la question suivante : Selon toi, pourquoi l’auteur a-t-il écrit cette chronique? (p. ex., soigner son angoisse personnelle après avoir vécu des événements traumatisants, rapporter les faits pour faire comprendre l’ampleur de la tragédie, convaincre le lectorat de l’importance de l’aide internationale en cas de catastrophe naturelle dans des pays émergents)
- Suggérer aux élèves, regroupés en équipes, de mener une recherche sur les mesures à prendre pour réduire l’étendue des dommages aux structures lors d’un séisme. Les inviter à créer des capsules vidéo informatives afin de les diffuser auprès des élèves de l’école.
Conseils d'utilisation
- Avant la lecture, vérifier les connaissances des élèves au sujet du tremblement de terre qui a secoué Haïti en janvier 2010.
- Accorder une attention particulière aux sujets délicats dont on traite dans l’œuvre, notamment la mort et le désastre naturel.
- Noter que le mot plus a été omis (23e ligne, p. 24), ainsi que le mot bout (17e ligne, p. 78).
- Sensibiliser les élèves au terme erroné au sujet des Autochtones (p. ex., indienne) utilisé dans l’œuvre.
- Inciter les élèves à lire une autre œuvre du même auteur, soit L’énigme du retour, dont la fiche pédagogique se trouve dans FousDeLire.
Ressource(s) additionnelle(s)
- IDÉLLO.org, ressources éducatives en ligne, 5e à 12e année, Série Immigrados, Ruth : ma famille haïtienne.
- IDÉLLO.org, ressources éducatives en ligne, 5e à 9e année, Série Canada à la carte, Catastrophe.