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Anatomie de la fiche Anatomie interactive
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2Tout bouge autour de moi

Tout bouge autour de moi est un témoignage de Dany Laferrière autour du séisme du 12 janvier 2010 qui a détruit Haïti. L’auteur retrace dans cet ouvrage les principaux moments du désastre : textes brefs, portraits, impressions. L’auteur plante le décor de son île avec la force et la générosité qu’on lui connaît. Il jette un regard poignant sur la fragilité des choses et des êtres, et livre également, en des touches discrètes, ses émotions, ses sentiments et ses pensées. Cet ouvrage est également une leçon d’élégance, de dignité et de courage du peuple haïtien, qui a trouvé l’énergie pour recommencer la vie après le séisme. 

(Adapté du site de l’éditeur.)

3 À propos du livre

Contenu

  • Récit rédigé sous forme de chronique inspirée du carnet de notes de l’auteur.

    « Je travaille sur des notes prises à Port-au-Prince pendant que les événements sont encore frais dans mon esprit et dans ma chair. Ce n’est pas ce que j’appelle un livre. C’est mon intimité mise en mots. » (p. 134)
     

  • Un seul personnage principal, en plein cœur de l’action, entouré de plusieurs personnages secondaires, notamment des amis, des membres de sa famille, des collègues de travail.

    « J’arrive pour ce festival littéraire qui doit réunir à Port-au-Prince des écrivains venant d’un peu partout dans le monde. » (p. 9)

    « J’avais déjà entamé le pain quand j’ai entendu une terrible explosion. Au début j’ai cru percevoir le bruit d’une mitrailleuse […] juste dans mon dos. En voyant passer les cuisiniers en trombe, j’ai pensé qu’une chaudière venait d’exploser. Tout cela a duré moins d’une minute. » (p. 10) 

    « Moi, j’étais dans le restaurant de l’hôtel avec des amis, l’éditeur Rodney Saint-Éloi et le critique Thomas Spear. » (p. 10)

    « Et sans mon neveu, il n’y aurait eu à la maison que ma mère, une femme de plus de quatre-vingts ans […] et tante Renée qui ne peut se déplacer sans aide. Les voilà tous sains, et saufs. » (p. 34)
     

  • Narrateur participant, exposant sentiments, émotions, réflexions philosophiques, constatations.

    « La mort en nous frôlant laisse en nous une frénésie qui nous pousse à défier les dieux. D’où l’envie irrésistible de me coucher sur le lit. Je me ravise au dernier moment, sentant que je suis en train de faire une bêtise. » (p. 45)

    « Pendant ces dix secondes, j’étais un arbre, une pierre, un nuage ou le séisme lui-même. Ce qui est sûr, c’est que je n’étais plus le produit d’une culture. J’avais la nette sensation de faire partie du cosmos. Les plus précieuses secondes de ma vie. » (p. 62)

    « Tandis que quelqu’un qui a toujours vécu en Haïti et qui était absent du pays ce jour-là perd un peu de son lustre national. Et pourrait même se faire distancer par un étranger de passage qui aurait échappé à la mort de justesse. Plus que la naissance c’est la mort qui définit, de nos jours, notre appartenance. » (p. 110)

    « Les plus pauvres ont une longueur d’avance, ils sont habitués à se frôler constamment et n’ont pas peur de se toucher. Tandis que d’autres éprouvent une réelle répulsion à se frotter à des individus qu’ils jugent d’une classe inférieure. » (p. 124)
     

  • Nombreux thèmes abordés, au gré des notes de l’auteur (p. ex., la mort, la peur, la famille, l’amitié, la force et le courage d’un peuple).

    « C’est si abstrait : cent mille ou deux cent mille. On retranche ou on augmente de dix mille morts, comme si chaque mort ne méritait pas une attention particulière. » (p. 50)

    « La hantise d’être surpris, par une forte secousse, dans leur sommeil, les rend aussi nerveux qu’un sprinter à la veille d’une course importante. » (p. 66)

    « Je remarque des parents que j’avais crus morts. Ils nous donnent des nouvelles de la famille étendue. » (p. 74)

    « La force qui a aidé cette population à surmonter les plus grands malheurs la poussera aussi à tout accepter. » (p. 108)

Langue

  • Registre de langue généralement courant; quelques mots familiers; passages parfois empreints de poésie.

    « On n’a pas idée de ce qui nous attend dans les prochaines années. Les gens, comme les maisons, se situent dans ces trois catégories : ceux qui sont morts, ceux qui sont gravement blessés, et ceux qui sont profondément fissurés à l’intérieur et qui ne le savent pas encore. » (p. 27)

    « Quand j’étais couché dans la cour de l’hôtel, alors que tout se déglinguait autour de moi, c’est à Chantal Guy que je pensais. J’avais tellement insisté pour qu’elle vienne alors qu’elle ne cessait de tergiverser. » (p. 41)

    « Une punition qui a duré plus de deux siècles. Tu seras libre, mais seul. Rien n’est pire qu’être seul sur une île. Et voilà qu’aujourd’hui tous les regards se tournent vers Haïti. Je vois une immense porte qui tourne lentement sur ses gonds de lumière et de ténèbres. L’instant pivotal. » (p. 65)
     

  • Style vif, précis, ponctué de phrases courtes, parfois elliptiques, montrant le narrateur sous l’emprise des émotions du moment; plusieurs phrases interrogatives traduisant le désarroi et la peur.

    « Assez vite, le père n’a plus répondu. Ensuite, l’un des trois enfants. Plus tard un autre. Elle n’arrêtait pas de les supplier de tenir encore un peu. » (p. 21)

    « Pendant dix secondes, j’ai attendu la mort. […] La terre allait-elle s’ouvrir pour nous engloutir tous? Les arbres nous tomber dessus? Le feu nous brûler? » (p. 62)
     

  • Nombreuses images figées comme sur des tableaux, cristallisant la gravité du moment.

    « Le moment fatal qui a coupé le temps haïtien en deux. Nous regardons Port-au-Prince avec l’air hébété d’un enfant dont le jouet vient d’être, par mégarde, piétiné par un adulte. » (p. 17)

    « On attend. À chaque nouvelle secousse, si minuscule soit-elle, on voit les têtes de ceux qui sommeillaient se relever comme des lézards aux aguets. » (p. 20)

    « …le ciel est magnifique et la terre toute chaude de tant de convulsions. » (p. 47)
     

  • Figures de style nombreuses et variées (p. ex., métaphore filée, comparaison, personnification, hyperbole) faisant appel aux sens et aux émotions pour graver les images dans l’inconscient du lectorat.

    « Dans les chambres d’hôtel souvent exiguës, l’ennemi c’est le téléviseur. On se met toujours en face de lui. Il a foncé droit sur nous. Beaucoup de gens l’ont reçu sur la tête. » (p. 11)

    « Notre petit groupe donne l’impression d’être échoué sur une île déserte au lendemain d’une grosse tempête en mer. » (p. 22)

    « On pouvait voir les os du pays. Tout cela parce que les gens ont coupé les arbres pour faire du charbon. » (p. 82)

    « Tout, dans la vie, nous paraît alors trop lent. On exige des changements instantanés. À chaque fois qu’on revient des toilettes, on veut voir du nouveau. » (p. 98)

Référent(s) culturel(s)

  • Nombreuses allusions à des poètes et à des écrivains de la francophonie haïtienne et internationale, d’hier et d’aujourd’hui (p. ex., Voltaire, Honoré de Balzac, André Breton, Lyonel Trouilot, Christophe Charles, Léopold Sédar Senghor, Roussan Camille).

Pistes d'exploitation

  • Inviter les élèves à rédiger une nouvelle entrée dans la chronique de Dany Laferrière, en respectant le style de l’auteur.
  • Proposer aux élèves d’écrire une lettre (fictive) à leur premier ministre, luidemandant d’envoyer plus d’aide en Haïti.
  • Demander aux élèves de faire ressortir ce qui caractérise les peuples haïtien et canadien en temps de crise.
  • Dans le cadre d’un débat, demander aux élèves de prendre parti pour ou contre les propos tenus dans l’entrée intitulée La guerre sémantique (p. 53 à 55).
  • Demander aux élèves de dresser, au cours de leur lecture, un tableau des personnages célèbres connus de l’auteur.

Conseils d'utilisation

  • Avant la lecture, vérifier les connaissances des élèves au sujet du tremblement de terre qui a secoué Haïti en janvier 2010.
  • En cours de lecture, attirer l’attention des élèves sur la tendresse et l’admiration que l’auteur manifeste à l’égard du peuple haïtien.
  • Après la lecture, amener les élèves à réfléchir au but visé par l’auteur en écrivant cette chronique (p. ex., soigner son angoisse personnelle après avoir vécu les événements, rapporter les faits pour faire comprendre l’ampleur de la tragédie, convaincre le lectorat de l’importance de l’aide internationale en cas de catastrophe naturelle dans des pays émergents).