Contenu
- Trois personnages principaux féminins, dont Christine, dite Alex, une adolescente de 16 ans, Alexandra, une femme d’une trentaine ou d’une quarantaine d’années, qui revient au village après seize ans d’absence, Marguerite, la tante d’Alexandra, connue sous le nom de la Prédicatrice, ainsi qu’un Chœur des Silencieuses, s’exprimant principalement dans de longues tirades et dont les réactions restent généralement vraisemblables.
« Personnages
Christine, dite Alex, 16 ans
Alexandra, fin trentaine ou début quarantaine
Marguerite, dite la Prédicatrice, soixantaine vigoureuse
Chœur des Silencieuses, seize femmes de 50 à 80 ans » (p. 13)
« Arrive Alexandra; elle a quarante ans bien fatigués. Elle porte le poids du monde sur ses épaules. Le poids de ce qu’elle devra accomplir. Depuis des mois, elle ne ferme plus l’œil. Des rêves troublants l’éveillent et lui rappellent qu’elle ne pourra pas fuir ses origines à tout jamais. » (p. 15)
« Je te dérangerai pas longtemps. Je voulais me présenter. Tu me reconnais? Je m’appelle Alex… pour tout le monde sauf mon père. Il m’a nommée Christine. J’haïs ça. Je voulais un nom qui dérange, un nom qui rappelle mes origines, un nom qui rappelle la mort de ma mère et ma naissance associée à ton silence, à ton exil. » (p. 26)
“LA PRÉDICATRICE
… je sais que tu ne te rends pas compte de la signification du retour d’Alexandra, mais il faut que tu saches que c’est absolument essentiel; transcendant. Elle est revenue après seize ans pour constater l’œuvre des Silencieuses! » (p. 44)
- Quelques personnages secondaires dont le père d’Alex, Donald, l’acolyte du père et des élèves de la classe d’Alex, mentionnés dans le texte.
« … Allô? Ah! Arrête!… Papa, t’es pas obligé d’envoyer tes gros bras à chaque fois que t’as un doute à mon sujet!… Je parle à Donald en ce moment… Je te le jure… Ben, je lui parle pas maintenant parce que tu m’en empêches, mais il est là, oui… Ben, parle-lui toi-même, j’ai quelqu’un sur l’autre ligne… Oui, bye. » (p. 32-33)
- Pièce de théâtre originale, découlant d’une intrigue symbolique et psychologique, intégrant des éléments du théâtre avant-gardiste et de l’Antiquité; thèmes (p. ex., aliénation, hantise, révolte, exil, retour) conférant aux personnages une profondeur et rendant leur vécu dramatique, aptes à susciter l’intérêt du lectorat visé.
- Mise en page dégagée; prologue, suivi de 10 scènes numérotées et titrées; éléments graphiques (p. ex., guillemets, italiques, majuscules, points de suspension, parenthèses) facilitant l’interprétation de l’œuvre; liste des œuvres du même auteur, dédicace, préface et liste des personnages au début du livre; quelques détails sur la pièce à la fin; renseignements sur l’auteur à la quatrième de couverture du livre.
Langue
- Registre de langue courant dans l’ensemble de l’œuvre; mots moins connus (p. ex., exordes, ululements, logorrhée, rétrograde), expressions du registre familier (p. ex., Je te gage mille piastres, bande de niaiseux, va chier) et mots italiens dans certaines répliques et didascalies (p. ex., bambina, mi bella) compréhensibles grâce au contexte.
- Prédominance de phrases transformées et de phrases à construction particulière; nombreuses phrases de structures variées et très ponctuées, soulignant l’urgence et la confusion du monde de la pièce.
« Chut, ma belle. C’est terminé. Viens ici dans mes bras. Ce n’est plus la peine de t’énerver. Ta tante Marguerite va s’occuper de toi. Je vais te protéger des calomnies, des mécréants. Je vais te protéger. Prendre soin de toi. Calme-toi. Tu as fait un long voyage. Tu dois être épuisée. T’es rentrée chez toi, ma belle, on t’attendait. » (p. 56)
« Qu’avait-il à se reprocher pour ainsi la renvoyer? Quel lien y avait-il avec la petite Christine? Était-elle destinée, elle aussi, à de grandes choses si Alexandra restait? La petite a-t-elle un destin plus grand que celui que lui réserve son père? Faudra-t-il la protéger de la présence néfaste de son père? » (p. 66)
« ALEXANDRA
parlant avec difficulté après tant d’années
Je ne.
Vois plus.
Rien.
C’est magnifique.
C’est terrifiant.
Tu as bien fait, Alex…
Elle t’aurait arraché la langue. C’était la tienne ou la sienne… » (p. 73)
- Figures de style nombreuses (p. ex., métaphore, répétition, comparaison, énumération) permettant au lectorat de mieux se représenter les pensées et émotions des personnages.
« Alexandra la prophétesse; Alexandra la silencieuse. Je sais plus ce que j’avais imaginé. Une géante sans doute. Une géante de bronze; non, d’or! La sculpture vivante, éclatante, scintillante d’une revenante, de l’enfant prodigue devenue adulte, statufiée. » (p. 25)
« Je suis peut-être comme la Vierge Marie? Comment on dit ça encore : l’Immaculée Conception? » (p. 42)
« Y a-t-il des volontaires? Qui d’entre nous sera la plus courageuse, la plus engagée, la plus fidèle à l’exemple d’Alexandra? Qui aime le village, qui aime les siens? » (p. 56)
- Didascalies en italique, très nombreuses, mais nécessaires à la compréhension de l’intrigue, des pensées et des actions des personnages ainsi que des lieux de l’action.
« Ce qu’elle veut plus que tout : revoir la petite Christine, la fille de François, celui qui l’a exilée. Christine est née l’année de son départ il y a seize ans. Qu’est-elle devenue? Connaît-elle même l’existence de celle qui avait prédit la mort de sa mère; de celle qui avait prédit ce premier malheur? » (p. 17)
« Alexandra, qui a déjà entendu ces propos, comprend enfin que c’est sa tante qui nargue son sommeil depuis des années. Elle enrage. Elle voudrait protester. Gueuler. Pourtant rien ne sort. Elle s’agite. » (p. 54)
« Repart Alexandra, accompagnée de sa tante Marguerite et de cette fille par qui la naissance l’avait exilée la première fois. Les Silencieuses n’ont pas le courage de les suivre sur la route de l’exil. Elles resteront et seront affranchies de leur vœu de silence. Elles manieront la parole avec délectation et raconteront, chacune à sa façon, le récit des trois éclopées errant sur les routes, ne sachant plus revenir, seulement partir. » (p. 75)
Référent(s) culturel(s)
- Référents retrouvés dans la préface, où la pièce est comparée à d’autres œuvres de la dramaturgie franco-ontarienne, notamment Lavalléville, d’André Paiement, Le chien, de Jean Marc Dalpé, et French Town, de Michel Ouellette, qui est l’auteur de la préface (p. 7-12).
Pistes d'exploitation
- Suggérer aux élèves, réunis en équipes, de créer des extraits musicaux que le Chœur pourrait chanter ou jouer dans certains extraits de la pièce, à la manière du théâtre de l’Antiquité grecque. Les inviter à présenter un extrait devant le groupe-classe.
- Demander aux élèves, regroupés en dyades, de comparer cette œuvre à l’œuvre majeure de Louis Patrick Leroux, intitulée Rappel, à l’aide d’un outil organisationnel. Animer une mise en commun afin de leur permettre de présenter leur travail au groupe-classe.
- Proposer aux élèves, réunis en équipes, d’inventer un personnage à insérer dans une scène de la pièce ou de donner des paroles à un personnage qui n’en a pas. Les inviter à représenter cet extrait dramatique devant le groupe-classe.
- Animer une discussion sur le thème de l’œuvre, soit « se taire », à l’aide des titres des dix scènes (p. ex., Prétérition : « Moins tu parles, plus j’ai besoin d’en dire », Catharsis : « Faudra-t-il lui extraire cette langue qu’elle manie avec frivolité? », Péroraison : « Tu lui enfiles une camisole de force et tu lui dis de se taire?!? »).
Conseils d'utilisation
- Lire la préface, le prologue, les notes explicatives qui, à la fin de l’œuvre, mettent la pièce de théâtre en contexte et aident à comprendre les circonstances de sa création, ainsi que le message de l’auteur.
- Préparer les élèves au genre symbolique de la pièce, qui allie le théâtre avant-gardiste au théâtre de l’Antiquité.
- Dans la mesure du possible, organiser une sortie avec les élèves au Théâtre de la Catapulte, à Ottawa, théâtre qu’a fondé Louis Patrick Leroux, afin de leur permettre d’assister à une représentation théâtrale.
- Encourager les élèves à lire une autre œuvre théâtrale du même auteur, soit Tom Pouce, dont la fiche pédagogique se trouve dans FousDeLire.