- Un personnage principal, Rodrigue, un trentenaire de petite taille, entouré de quelques personnages secondaires parmi lesquels Audrey, une voisine en pleine crise d’adolescence, et Stéphanie, une jeune femme à un tournant de sa vie.
« Rodrigue eut le sentiment d’émerger d’une sorte de torpeur d’où, absorbé par ses traductions, il sortait peu, sinon pour aller à l’épicerie, chausser ses skis ou patrouiller le quartier le soir avec Mione. Il n’était pas retourné à la piscine depuis deux ou trois semaines. » (p. 31)
« Audrey se leva aussi pour partir, avec une nonchalance affectée. Elle prit tout son temps pour enfiler bottes et manteau, manifestant ainsi sa mauvaise humeur. Quand elle fut prête, Merlin sous le bras, elle s’arrêta sur le seuil. Elle demanda à Rodrigue si elle le tannait quand elle posait des questions, et aussi quand elle venait le visiter. Elle avait l’air triste, tout à coup. » (p. 68)
« Stéphanie savait gré à Rodrigue de sa discrétion. Elle n’aimait pas en parler avec lui. Auprès de Rodrigue, elle préférait oublier les souffrances de sa vie conjugale. » (p. 81)
- Intrigue romanesque dont les thèmes (p. ex., lecture, adolescence, violence conjugale) sont traités avec justesse et adaptés au lectorat visé.
« – Pour voir comment tu te sens avec ce livre, s’il y a une chimie qui opère entre la magie des mots, le papier et toi. C’est important pour que tu fasses partager ton amour de la lecture à Nini. » (p. 20)
« Rodrigue était sensible au désarroi d’Audrey et aurait voulu lui remonter le moral, mais il se sentait gauche devant les problèmes de l’adolescente. Il essaya de trouver des paroles réconfortantes puis lui demanda si elle n’avait pas un boyfriend, elle aussi. » (p. 63)
« – Je sais pas quoi c’que je vais faire. Présentement, j’ai un congé de maladie… Ça fait six ans qu’on est ensemble. Je croyais qu’Alain finirait par changer. Mais là, je peux plus me faire des accroires. Il a failli me tuer! Même si qu’y ferait une thérapie, je suis pas certaine qu’y pourrait changer. Si je retournais avec lui, j’aurais peur, Rodrigue. » (p. 116)
- Narrateur omniscient décrivant une période riche en émotion de la vie du personnage principal et de deux de ses relations féminines; nombreuses séquences dialoguées illustrant leurs rencontres.
« Rodrigue se sentit contrarié d’être dérangé dans son travail. Il la reconnut seulement quand elle fut à quelques mètres de la maison, les cheveux au vent et son manteau grand ouvert sur un foulard vert pomme négligemment enroulé autour de son cou. » (p. 17)
« Stéphanie descendit un peu plus tard et loua les talents culinaires de Rodrigue. Elle avait l’air fatiguée et ses yeux restaient sérieux et tristes quand elle souriait. » (p. 114)
« Audrey se confia à Mélanie qui l’écouta exprimer la turbulence de ses sentiments. Elle essaya de la réconforter; pourquoi ne pas avoir une bonne explication avec Rodrigue? Cela lui permettrait peut-être de voir plus clair en elle. » (p. 179)
« – Pis, interrogea-t-elle, l’aimes-tu?
– Oui.
– Pis elle?
– Elle aussi.
– J’regrette, dit Audrey. » (p. 189)
- Récit se déroulant au Nouveau-Brunswick, suivant l’ordre chronologique, mais entrecoupé de retours en arrière éclairant les traits de caractère des personnages.
« La journée passa comme par enchantement. Stéphanie se reposa, Rodrigue dépouilla les journaux. Ils parlèrent du temps, de la fin de l’hiver. Stéphanie apprit à Rodrigue qu’elle habitait à Shédiac et travaillait à Moncton dans une boutique de sport, Le lièvre olympique. » (p. 41)
« La lueur du feu dans l’obscurité projeta ensuite Rodrigue quinze ans en arrière. Il était avec son père, à Banff. » (p. 98)
- Discours variés (p. ex., conte, poème, lettre) et mise en abyme enrichissant le contenu et la structure de l’œuvre.
« Il était une fois, en plein hiver, quand les flocons descendaient du ciel… » (p. 21)
« le gazon à peine tondu
se rallument
les clins d’œil des pissenlits » (p. 123)
« "Est-ce que je n’ai pas réussi à te tenter? Un petit voyage te ferait du bien, tu vis trop encabané! Vois ce que tu manques!" » (p. 126)
« Quelques jours plus tard, assis devant son ordinateur, Rodrigue commença à écrire l’histoire de Jacques et Justine. » (p. 148)