- Roman jeunesse construit autour de défis de deux ordres : l’un, social; l’autre, familial.
« – […] Alors, si on lui met des bâtons dans les roues, la compagnie ira aménager son site d’enfouissement ailleurs.
Un lourd silence tombe sur la salle. De part et d’autre, on réfléchit aux options pour Rivière-la-Loutre qui ne sont que deux : s’engager dans ce projet qui comprend des certitudes économiques, mais comporte des doutes environnementaux, ou le refuser et continuer sur la route de la mort assurée. » (p. 30)
« Alain, effondré, constate l’impossibilité et la futilité de justifier sa décision devant Catherine. Elle, dont le père est enseignant avec une sécurité d’emploi, ne peut pas comprendre la lourdeur de vivre avec un père au chômage et une mère malade. […] Comment pourrait-il lui expliquer que, pour sa famille, l’emploi de Basile représente une bouée de sauvetage? Comment pourrait-il lui faire voir que, sans ce gagne-pain, sa famille devra retourner en arrière juste au moment où elle a recommencé à respirer, à espérer et surtout à rêver d’un avenir? » (p. 35)
- Trois personnages principaux, tous membres de la famille Laflamme : Basile, le père, qui doit renier ses valeurs pour éviter le chômage; Jasmine, la mère, angoissée par le pronostic d’une maladie incurable; Alain, le fils, qui arrive à survivre dans ce milieu familial perturbé et qui devient, malgré lui, la tête d’affiche dans une lutte qui oppose David à Goliath.
« On le connaît bien au bureau d’emploi. Pour nourrir sa famille, Basile accepte n’importe quel petit boulot. Les Laflamme survivent en se serrant la ceinture. […] Alain s’est habitué à ce nouveau régime, mais jamais il ne s’habituera aux soubresauts d’humeur de son père. » (p. 10)
« Cela fait trois ans qu’on lui a diagnostiqué la sclérose en plaques, une maladie du système nerveux central […] Cette funeste maladie avait bouleversé la vie de sa famille pour toujours.
Jasmine, une artiste peintre, a dû cesser de travailler. […]
Lorsque la douleur sommeille en elle et lui accorde quelques heures de répit, Jasmine les consacre à sa famille. » (p. 13-14)
« Basile avale une bouchée, secoue la tête et déclare :
– Pourquoi le monde se mêle de ça?
Alain dépose sa fourchette, dévisage son père et lui lance avec rancœur :
– Il y a des gens qui pensent aux autres et qui veulent créer un monde meilleur. Tu trouves pas que c’est plus louable que de juste mener sa petite vie? » (p. 45)
« Malgré lui, Alain est devenu le visage de la contestation contre le projet de Solutions 3000. Plusieurs articles et reportages font allusion à la flamme de Laflamme, et au fait que son cri du cœur a donné de l’espoir et le goût de se battre à des gens qui se voyaient paralysés par un sentiment d’impuissance devant une situation qui les dépassait. » (p. 67-68)
- Plusieurs personnages secondaires, surtout des intervenants dans le conflit qui sème la discorde dans la communauté (p. ex., Hugo Barboni, Josh Richardson et Roger Trudel, ennemi juré d’Alain) ainsi que des intimes de la famille Laflamme (p. ex., Catherine, Nicolas).
« Ce projet divise la communauté.
– Hugo Barboni va être là.
– Le porte-parole de Terre vivante? demande Alain, incrédule. » (p. 19)
« L’entrepreneur Richardson fait un calcul très différent. Si enjôler la communauté ne fonctionne pas, il pourra toujours diviser pour régner. De plus, il peut compter sur la complicité du maire de Rivière-la-Loutre qu’il a mis dans sa poche. » (p. 63)
« …Roger ne manque de rien et surtout pas d’amis qui profitent de son argent et de sa voiture de sport rutilante. Même s’ils sont dans les mêmes classes, les deux garçons ne sont pas copains. » (p. 69)
« Que de chemin franchi depuis son coup de foudre pour Catherine qui l’avait entraîné dans la lutte contre le projet de dépotoir de Solutions 3000. […] À cette époque, il n’aurait jamais cru qu’il perdrait son amie de cœur pour épouser la cause environnementale. » (p. 168)
« Chaque fois qu’il voit un oiseau, Alain pense à Nicolas. […] La solide amitié d’Alain et de Nicolas dure et ils passent souvent leurs vacances ensemble à explorer les rivières et les montagnes du Canada. » (p. 169)
- Narratrice ominprésente et omnisciente, sensible aux conflits intérieurs que vivent les Laflamme malgré le drame environnemental en avant-plan.
« …Alain songe : "J’aimerais revoir ma mère comme elle était avant…"
[…]
Alain est bouleversé. Plus question maintenant d’aller s’amuser avec ses amis. Malgré lui, il en veut à sa mère, à sa maladie et surtout à sa propre impuissance. » (p. 14-15)
« Elle se sent agitée, impatiente, anxieuse même. Il faudrait chercher de l’aide, mais auprès de qui? Basile qui accepte difficilement sa maladie? Alain? Ce serait injuste d’embêter son fils en lui imposant ses problèmes. Sa solitude se conjugue à sa souffrance. » (p. 75)
« – Votre carte traînait sur la commode… Je pensais que vous pourriez m’aider à …
Basile hésite. Signe de son émoi, son œil gauche sautille légèrement. L’homme parfois rude n’a pas l’habitude de s’épancher. Il cherche les mots pour exprimer son désarroi. […]
" …à mieux composer avec la maladie. À mesure qu’elle progresse, elle nous ronge. Ma relation avec Jasmine, avec mon fils s’effrite. Tout m’impatiente. Je perds le contrôle." » (p. 89-90)
« Jadis, père et fils s’entendaient comme larrons en foire. "Que s’est-il passé?" se demande Basile. Il envie la complicité entre Jasmine et Alain. Depuis quelque temps, il se sent exclu de la vie de ce dernier. Basile se culpabilise et s’en veut de ne pas appuyer davantage son garçon, de ne pas pouvoir mieux communiquer avec lui… » (p. 107)