- Un personnage principal, Christian Callibaud, qui est le narrateur et que le lectorat suit dans son cheminement de carrière en édition et dans les événements suivant l’assassinat de son frère et de sa belle-sœur; plusieurs personnages secondaires entretenant des relations bien définies et vraisemblables avec Christian (p. ex., Raphaël Callibaud, neveu de Christian; Clara, tante de Raphaël; Rima, copine de Christian; Fernand Tremblay, avocat de la famille Callibaud; inspecteurs Breault et Boudreault).
« Oui, je croyais pouvoir programmer ma vie et écrire parfois en cachette sans le dire à personne, mais tout ce que j'avais réussi à programmer depuis que j'occupais ce poste aux Éditions Grimard ne concernait en rien ma vie professionnelle. » (p. 18)
« Celui qui porte un T-shirt bleu agencé à un veston noir, la cigarette à la main, lance un épais nuage dans le couloir, c'est l'inspecteur Breault, alias " Le Pion ". Il a les cheveux poivre et sel, longs et gras, le look d'un vainqueur déterminé, sans complexe et pue le tabac. C'est un type qui ne bronche jamais devant les prévenus. » (p. 49)
« Raphaël me semble très sympathique. Debout sur le trottoir, je le soulève de son fauteuil pour l'installer dans ma Volvo réactionnaire. Il passe ses deux bras autour de mon cou. Il n'est pas gêné par cette proximité subite. Moi, je me sens un peu comme un étranger devant lui, mais, par contre, il me met à l'aise très vite. Je réalise qu'il est très bavard, sans appréhension, comme l'était son père. » (p. 83)
- Thèmes de la rupture, du regret, du crime, de la famille et de l’édition, ressortant d’une intrigue policière pouvant facilement intéresser les élèves; sujets délicats de l’adoption et du trafic de drogues abordés de manière directe et le plus souvent rattachés à l’intrigue principale.
« Arrivé à la voiture, je sors mon trousseau de clefs et enfonce la clef dans le contact. J'imagine Gérard à la morgue, là, mort sur ce caisson. Je pense à lui, à toutes ces années passées chacun de son côté, sans s'être parlé des vraies choses, de ce différend insensé, enfantin, sans avoir pu réparer notre relation. » (p. 27)
« – Oui, c'est vraiment terrible. Et moi qui connais cette bonne famille depuis toujours. C'est affreux comme la pègre s'infiltre dans toutes nos bonnes institutions! Jamais je n'aurais cru que les deux fils Callibaud étaient tombés aussi bas, et qu'ils étaient mêlés à ces affaires de dope et de trafic du sexe. Le livre, pour eux, c'est une couverture, mon vieux! » (p. 117)
« Je me dis qu'il n'y a rien comme une bonne surprise pour terminer un lundi aussi merveilleux, un lundi aussi chargé d'émotions. Tu deviens PDG et père, malgré toi. En plus, on te fait exploser ta secrétaire dans la figure ce qui t'amène à réaliser que tu es devenu la cible numéro un de cette bande de voyous qui veulent te faire la peau pour éliminer l'entreprise familiale. » (p. 121)
- Intrigue policière réaliste présentée en ordre chronologique, à l’exception du tout début et de l'épilogue du roman qui lui confèrent un aspect cyclique par la présentation d’un récit du même sujet.
« Enfants, nous lisions. » (p. 11)
« Enfant, je lisais. » (p. 259)
- Séquences descriptives nombreuses et précises permettant au lectorat de se situer dans un temps approximatif (années 1970 ou 1980) et dans l’espace (Montréal, Ottawa).
« Je m'installe dans ma Volvo G640 vert forêt 1968 et je roule à vive allure sur les autoroutes, sans me faire arrêter. » (p. 23-24)
« – Les corps ont été transportés à la morgue de l'Hôpital général d'Ottawa au pavillon principal de la rue Smyth, si vous voulez vous y rendre. » (p. 26)
« L'air est bon, malgré la chaleur. La brise agite mes cheveux. Arrivé au boulevard St-Laurent, je stationne en face de la pharmacie et me dirige vers l'immeuble où loge notre conseiller. Je m'engouffre dans ce bâtiment commercial dont le rez-de-chaussée est pollué de boutiques, de restaurants, de petits bistros-cafés et de comptoirs à pâtisseries. » (p. 69)
« Le jour des funérailles, après avoir ingurgité mon café et lu le Messager d'Ottawa qui ne fait que parler de l'assassinat de la veille, Rima, Raphaël et moi nous nous sommes vite retrouvés debout sur le trottoir, devant les portes de la cathédrale. » (p. 129)
- Narrateur participant présentant le passé et le présent de Christian Callibaud, tout comme ses pensées et émotions face aux événements perturbants de sa vie.
« À un tout jeune âge, Gérard et moi, nous avions été plongés dans le monde du livre, le monde des mots, le monde de l'édition, ce monde dans lequel le livre prenait toute la place. Nous étions parfaitement heureux, même si les enfants de l'école nous traitaient de mangeurs de livres et de rats de bibliothèque. » (p. 11)
« Recouvrant le visage de Gérard du drap mortuaire, je me retourne vers l'autre caisson, sans pouvoir me contenir une minute de plus et je me catapulte sur le linceul qui recouvre Isabelle. À ce moment précis, je crois être devenu pratiquement fou. Sans même y réfléchir, j'étreins de tout mon corps celui d'Isabelle, sans pouvoir hurler ma colère. Je reste muet. J'étouffe mes cris, comme pour tuer moi-même ce ressentiment qui rugit en moi jusque dans la moelle. » (p. 38-39)
- Retours en arrière (p. ex., chapitre 14) employés efficacement pour retracer des événements du passé de Christian et expliquer certaines de ses pensées et réactions au présent.
« Quand je me couche, je pense à mon père qui, sur son lit de mort un an après sa retraite, me dit d'une voix asphyxiée, oncologique, de réparer ma faute, de cesser ces puérilités : "La vie est courte. Fais-le pour moi, Christian. Fais-le pour moi." Un dernier soupir. "Je t'en prie." » (p. 41)
« Un an après mon départ, Nicolas avait perdu le goût d'éditer des livres. C'était le résultat de la terrible dislocation qui s'était produite entre Gérard et moi. Il avait décidé de prendre sa retraite. » (p. 91)
« À cette époque, j'étais si absorbé par l'idée de choisir moi-même les livres que je voulais éditer que je ne comprenais rien, mais aujourd'hui, dans cette chambre qui me ramène à moi, les paroles de Nicolas prennent tout leur sens… » (p. 232)