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Anatomie de la fiche Anatomie interactive
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2L’homme qui mangeait des livres

Les frères Callibaud auraient dû reprendre ensemble la maison d’édition familiale de renommée internationale. Mais Christian, en quête de liberté, se brouille avec Gérard et renonce à son destin pour se mettre au service de la concurrence, aux Éditions Grimard. Piètre directeur de collection, il se résigne au rôle de représentant commercial, écumant sans enthousiasme les salons du livre et les librairies pour promouvoir des publications auxquelles il ne croit pas. Entre l’ennui de ce travail et les radotages du concierge M. Régis, Christian trouve son seul réconfort dans les bras de la douce Rima, sa bien-aimée.

Mais tout bascule le jour où un commando assassine Gérard : Christian reprend la direction des Éditions Callibaud et devient le père adoptif de Raphaël, son neveu en fauteuil roulant dont il ignorait jusqu’alors l’existence! Devenu à son tour la cible des tueurs, Christian voit sur lui et les siens la menace se resserrer comme un étau. Menée par Breault et Boudreault, un duo de policiers loufoques accompagnés de leur chien arthritique, l’enquête prend des allures de course contre la mort… Le monde de l’édition peut être d’une rare cruauté! Mais Christian l’antihéros devra s’y frotter pour sauver sa peau et l’avenir du patrimoine familial...

(Tiré de la quatrième de couverture du livre.)

 

3 À propos du livre

Contenu

  • Un personnage principal, Christian Callibaud, qui est le narrateur et que le lectorat suit dans son cheminement de carrière en édition et dans les événements suivant l’assassinat de son frère et de sa belle-sœur; plusieurs personnages secondaires entretenant des relations bien définies et vraisemblables avec Christian (p. ex., Raphaël Callibaud, neveu de Christian; Clara, tante de Raphaël; Rima, copine de Christian; Fernand Tremblay, avocat de la famille Callibaud; inspecteurs Breault et Boudreault).

    « Oui, je croyais pouvoir programmer ma vie et écrire parfois en cachette sans le dire à personne, mais tout ce que j'avais réussi à programmer depuis que j'occupais ce poste aux Éditions Grimard ne concernait en rien ma vie professionnelle. » (p. 18)

    « Celui qui porte un T-shirt bleu agencé à un veston noir, la cigarette à la main, lance un épais nuage dans le couloir, c'est l'inspecteur Breault, alias " Le Pion ". Il a les cheveux poivre et sel, longs et gras, le look d'un vainqueur déterminé, sans complexe et pue le tabac. C'est un type qui ne bronche jamais devant les prévenus. » (p. 49)

    « Raphaël me semble très sympathique. Debout sur le trottoir, je le soulève de son fauteuil pour l'installer dans ma Volvo réactionnaire. Il passe ses deux bras autour de mon cou. Il n'est pas gêné par cette proximité subite. Moi, je me sens un peu comme un étranger devant lui, mais, par contre, il me met à l'aise très vite. Je réalise qu'il est très bavard, sans appréhension, comme l'était son père. » (p. 83)
     

  • Thèmes de la rupture, du regret, du crime, de la famille et de l’édition, ressortant d’une intrigue policière pouvant facilement intéresser les élèves; sujets délicats de l’adoption et du trafic de drogues abordés de manière directe et le plus souvent rattachés à l’intrigue principale.

    « Arrivé à la voiture, je sors mon trousseau de clefs et enfonce la clef dans le contact. J'imagine Gérard à la morgue, là, mort sur ce caisson. Je pense à lui, à toutes ces années passées chacun de son côté, sans s'être parlé des vraies choses, de ce différend insensé, enfantin, sans avoir pu réparer notre relation. » (p. 27)

    « – Oui, c'est vraiment terrible. Et moi qui connais cette bonne famille depuis toujours. C'est affreux comme la pègre s'infiltre dans toutes nos bonnes institutions! Jamais je n'aurais cru que les deux fils Callibaud étaient tombés aussi bas, et qu'ils étaient mêlés à ces affaires de dope et de trafic du sexe. Le livre, pour eux, c'est une couverture, mon vieux! » (p. 117)

    « Je me dis qu'il n'y a rien comme une bonne surprise pour terminer un lundi aussi merveilleux, un lundi aussi chargé d'émotions. Tu deviens PDG et père, malgré toi. En plus, on te fait exploser ta secrétaire dans la figure ce qui t'amène à réaliser que tu es devenu la cible numéro un de cette bande de voyous qui veulent te faire la peau pour éliminer l'entreprise familiale. » (p. 121)
     

  • Intrigue policière réaliste présentée en ordre chronologique, à l’exception du tout début et de l'épilogue du roman qui lui confèrent un aspect cyclique par la présentation d’un récit du même sujet.

    « Enfants, nous lisions. » (p. 11)

    « Enfant, je lisais. » (p. 259)
     

  • Séquences descriptives nombreuses et précises permettant au lectorat de se situer dans un temps approximatif (années 1970 ou 1980) et dans l’espace (Montréal, Ottawa).

    « Je m'installe dans ma Volvo G640 vert forêt 1968 et je roule à vive allure sur les autoroutes, sans me faire arrêter. » (p. 23-24)

    « – Les corps ont été transportés à la morgue de l'Hôpital général d'Ottawa au pavillon principal de la rue Smyth, si vous voulez vous y rendre. » (p. 26)

    « L'air est bon, malgré la chaleur. La brise agite mes cheveux. Arrivé au boulevard St-Laurent, je stationne en face de la pharmacie et me dirige vers l'immeuble où loge notre conseiller. Je m'engouffre dans ce bâtiment commercial dont le rez-de-chaussée est pollué de boutiques, de restaurants, de petits bistros-cafés et de comptoirs à pâtisseries. » (p. 69)

    « Le jour des funérailles, après avoir ingurgité mon café et lu le Messager d'Ottawa qui ne fait que parler de l'assassinat de la veille, Rima, Raphaël et moi nous nous sommes vite retrouvés debout sur le trottoir, devant les portes de la cathédrale. » (p. 129)
     

  • Narrateur participant présentant le passé et le présent de Christian Callibaud, tout comme ses pensées et émotions face aux événements perturbants de sa vie.

    « À un tout jeune âge, Gérard et moi, nous avions été plongés dans le monde du livre, le monde des mots, le monde de l'édition, ce monde dans lequel le livre prenait toute la place. Nous étions parfaitement heureux, même si les enfants de l'école nous traitaient de mangeurs de livres et de rats de bibliothèque. » (p. 11)

    « Recouvrant le visage de Gérard du drap mortuaire, je me retourne vers l'autre caisson, sans pouvoir me contenir une minute de plus et je me catapulte sur le linceul qui recouvre Isabelle. À ce moment précis, je crois être devenu pratiquement fou. Sans même y réfléchir, j'étreins de tout mon corps celui d'Isabelle, sans pouvoir hurler ma colère. Je reste muet. J'étouffe mes cris, comme pour tuer moi-même ce ressentiment qui rugit en moi jusque dans la moelle. » (p. 38-39)
     

  • Retours en arrière (p. ex., chapitre 14) employés efficacement pour retracer des événements du passé de Christian et expliquer certaines de ses pensées et réactions au présent.

    « Quand je me couche, je pense à mon père qui, sur son lit de mort un an après sa retraite, me dit d'une voix asphyxiée, oncologique, de réparer ma faute, de cesser ces puérilités : "La vie est courte. Fais-le pour moi, Christian. Fais-le pour moi." Un dernier soupir. "Je t'en prie." » (p. 41)

    « Un an après mon départ, Nicolas avait perdu le goût d'éditer des livres. C'était le résultat de la terrible dislocation qui s'était produite entre Gérard et moi. Il avait décidé de prendre sa retraite. » (p. 91)

    « À cette époque, j'étais si absorbé par l'idée de choisir moi-même les livres que je voulais éditer que je ne comprenais rien, mais aujourd'hui, dans cette chambre qui me ramène à moi, les paroles de Nicolas prennent tout leur sens… » (p. 232)

Langue

  • Registre courant, caractérisé par un vocabulaire souvent riche, employé dans les séquences descriptives; registres courant et familier s'entremêlant dans les séquences dialoguées et rendant le monde des personnages réaliste.

    « À quelques reprises, étonnée par mon effronterie, mon professeur de troisième, qui avait cru détecter mon amour indéfectible du plagiat dans mes premières compositions, alerta mon père par téléphone. Nicolas pouffa de rire dans son bureau quand elle l’informa de ce cambriolage littéraire qui avait été perpétré par son deuxième fils… » (p. 13)

    « Je bosse pour un éditeur ingrat. Je sais parfaitement que je plafonne. » (p. 19)

    « – Je peux vous dire qu'aujourd'hui, ce n'est pas du joli.
    Je lui montre de l'intérêt.
    – Que voulez-vous dire?
    – Le nouveau PDG des Éditions Callibaud! Son frère s'est fait abattre vendredi à la banque par une bande de voyous. Y doit y avoir du pas bien propre là-dedans, si vous voulez mon avis. » (p. 116)

    « C'est à peine si je me déchiffre moi-même. Ma capacité à articuler est fortement diminuée, tout est embrouillé, je vois leurs silhouettes en double, en triple même! Leurs voix se dispersent dans un champ acoustique diffus. L'immensité de cette pièce, aux contours vagues et fuyants, aux mouvements amples et délayés dans cet espace difforme, ne cesse de remuer. Tout tourne autour de moi. » (p. 212)
     

  • Figures de style nombreuses (p. ex., comparaison, énumération, métaphore, onomatopée et répétition) enrichissant le style du narrateur et reflétant le domaine d'intérêt et de travail du personnage principal, soit l'édition.

    « Il m'a lancé une boîte de livres par la tête et je suis tombé par terre, assommé, comme un bœuf qu'on frappe entre les deux cornes avec une barre de métal de cinq kilos et qui tombe les quatre fers en l'air, raide mort, comme à l'abattoir. » (p. 37)

    « Là, il y a tout ce qu'il faut pour y vivre à l'année : frigo, cuisinière, cafetière, matériel de bureau, papeterie, vaisselle, ustensiles et mouches. » (p. 56)

    « Un livre, c'est sacré! Un livre, c'est la déclaration suprême de l'auteur! Un livre, c'est le résumé d'une vie! Un livre, c'est l'expression même de notre identité! Un livre, c'est ce signe ostensible et manifeste que nous sommes vivants! Le livre, c'est tout! » (p. 217)
     

  • Phrases parfois longues pouvant rendre la compréhension plus complexe pour le lectorat; à l’opposé, nombreux chapitres généralement courts (entre 2 et 14 pages) facilitant la lecture et reflétant le rythme rapide de l’intrigue.

    « Dormir et me plonger dans ce rêve où je suis ce prodigieux écrivain à la plume d'or qui a réussi et qui dédicace tour à tour son dernier roman, le succès international que la maison Callibaud a racheté à coup de millions; ce splendide roman que toutes les femmes, peut-être mêmes certaines croqueuses d'hommes, s'arrachent pour lire cet auteur merveilleux, pour le posséder, pour le faire basculer dans la luxure suprême de l'amour, comme elles le feraient si naturellement pour séquestrer les auteurs les plus lus. » (p. 23)

    « Agacé par cette idée, je laisse tomber la tête sur la civière en me disant qu'il faut bien passer dans le collimateur des relations publiques, que cette mascarade du direct est dans l'ordre des choses maintenant, depuis la mort de Gérard, et qu'il faut faire avec. » (p. 106)

Référent(s) culturel(s)

  • Nombreuses références au monde des maisons d’édition francophones; allusion à Daniel Pennac particulièrement dans Les droits inaliénables de l’éditeur (dernière page).

Pistes d'exploitation

  • Demander aux élèves de récrire un court extrait de l'œuvre du point de vue d'un personnage secondaire (p. ex., Rima ou Raphaël).
  • Inviter les élèves à faire une recherche sur les possibilités de travail dans le domaine de l'édition, les maisons d'édition francophones de leur région, province ou pays, ou encore sur le processus d'édition d'un livre; dans la mesure du possible, organiser une sortie à une maison d'édition.
  • Demander aux élèves plus âgés de faire une étude comparative entre cette œuvre parodique et un roman policier typique de leur choix; les inviter à étudier les ressemblances et différences entre les deux œuvres et à participer à une discussion en classe à ce sujet.
  • Demander aux élèves de rédiger une courte histoire policière dont le personnage principal, le narrateur participant, représenterait leur propre identité et leurs caractéristiques ainsi que la carrière qu'elles et ils souhaitent embrasser à l'avenir.

Conseils d'utilisation

  • Préparer les élèves à la présence de thèmes délicats dans l'œuvre, tels que la mort, le trafic de drogues et la sexualité.
  • Revoir certaines stratégies de lecture avec les élèves et les inviter à créer un glossaire pendant la lecture, dans le but de leur permettre de mieux comprendre certaines phrases plus complexes.