- Œuvre ressemblant à un carnet de notes de l’auteur en raison des nombreux sujets présentés, entre autres, la route, les sens, le quotidien, la mort.
« C’est pourquoi j’aime la route. Toutes les routes. Étroites ou larges. Droites ou sinueuses. […] Mais je déteste les culs-de-sac, les ronds-points […] Et tout ce qui prétend m’imposer une direction, me dicter une allure, m’empêcher d’aller où je veux. » (p. 7-8)
« Ils arrivent à détecter des odeurs si fugaces, si vaporeuses qu’elles échappent à des pifs plus fringants ou moins avertis. Des senteurs qui surpassent en qualité et en subtilité celle de la framboise, du muguet ou du basilic écrasé entre les doigts… » (p. 16)
« Quand vous rejoignez votre voiture, il pleut à verse. Vous démarrez en essuyant vos lunettes, mais un bouchon de circulation vous arrête aussitôt. » (p. 121)
- Un personnage principal dans le rôle de narrateur participant ou de narrateur témoin, en alternance selon la nouvelle, racontant son vécu et manifestant ses réflexions et ses angoisses; quelques personnages secondaires tels que des membres de la famille, des amis ou des voisins.
« Et les chênes que j’espérais tant? J’irai cet automne rendre hommage à Marguerite à Bar Harbor. J’en profiterai pour ramener une nouvelle poignée des glands de son chêne. » (p. 39)
« … les enfants continuaient de faire des efforts pour aborder des sujets susceptibles d’intéresser leur père. […] Bientôt, cependant, ils se lassèrent de ce boulet qu’ils devaient traîner au pied et qui retardait indûment la conversation. » (p. 74)
« Les convictions individuelles varient en intensité selon l’éducation, la géographie ou même le climat. Elles se contredisent, elles se proclament les seules véritables et légitimes, elles entreprennent les unes contre les autres des luttes sans merci qui ne finissent jamais. » (p. 123)
- Thèmes variés (p. ex., nature, épisodes de vie, nostalgie), tous cristallisés dans un but commun : démasquer l’inexorable passage du temps.
« Quant aux carouges et aux salicaires, ils n’étaient même pas là à l’époque où j’habitais les marais, près de mon village.
Sur cette bonne pensée, je m’arrête, tout à coup conscient du ruissellement du temps autour de moi. » (p. 27)
« Toutes les fins de semaine durant l’été, un bateau de plaisance […] jette l’ancre dans l’eau tiède. […] C’était en 1984. […] Le vent du large emporte des piaillements jusque dans le camp scout […] C’était en 1997. […] Un bateau tout neuf, rouge cette fois, vient jeter l’ancre […] Nous sommes en juillet 2004. » (p. 63 à 67)
« Au temps que j’entends et qui me touche, je ne connais ni antidote ni remède. Je marche avec lui puisqu’il le faut, mais moins rapidement. Je ne pourrai suivre longtemps son train d’enfer. » (p. 186)
- Nombreuses séquences descriptives qui saisissent des moments divers reliés aux thèmes.
« Dès les premiers kilomètres, je sentirai […] l’odeur de l’eau printanière dans les ruisseaux, j’entendrai les coups de marteau d’ouvriers […] je verrai l’avion du garde-chasse […] je goûterai la ciboulette […] je caresserai des doigts les bourgeons précoces d’un mélèze. » (p. 9-10)
« Les étourneaux […] Il y a bien une demi-heure que je les entends jeter, du haut des grands ormes perdus dans la brume de plein midi, leurs cris faits de chants, de dialogues et de castagnettes. Une musique où dominent des bruits d’ustensiles en bois et en métal… » (p. 24)
« Souvent, c’est la foule que je regarde regarder. Que je regarde écouter. […] Elle est entière, primitive, presque primate. Elle se comporte comme un enfant capricieux et spontané. » (p. 69)