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Anatomie de la fiche Anatomie interactive
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2Les roses et le verglas

Le livre compte 44 textes brefs et denses. Des nouvelles, oui, mais peut-être plus précisément des « nodules littéraires », ou encore « un carnet d'écrivain » dans lequel se trouve « une collection d'actes de conscience de soi et de présence au monde ». Des plus ordinaires aux plus profondes, les observations et réflexions de Maurice Henrie sont exécutées avec la même minutie et le même souci de révéler l'essentiel. Le regard pénétrant de l'auteur arrête le temps, isole le moment précis et explore la vie quotidienne dans son menu détail.

(Adapté du site de l’éditeur.)

3 À propos du livre

Contenu

  • Œuvre ressemblant à un carnet de notes de l’auteur en raison des nombreux sujets présentés, entre autres, la route, les sens, le quotidien, la mort.

    « C’est pourquoi j’aime la route. Toutes les routes. Étroites ou larges. Droites ou sinueuses. […] Mais je déteste les culs-de-sac, les ronds-points […] Et tout ce qui prétend m’imposer une direction, me dicter une allure, m’empêcher d’aller où je veux. » (p. 7-8)

    « Ils arrivent à détecter des odeurs si fugaces, si vaporeuses qu’elles échappent à des pifs plus fringants ou moins avertis. Des senteurs qui surpassent en qualité et en subtilité celle de la framboise, du muguet ou du basilic écrasé entre les doigts… » (p. 16)

    « Quand vous rejoignez votre voiture, il pleut à verse. Vous démarrez en essuyant vos lunettes, mais un bouchon de circulation vous arrête aussitôt. » (p. 121)
     

  • Un personnage principal dans le rôle de narrateur participant ou de narrateur témoin, en alternance selon la nouvelle, racontant son vécu et manifestant ses réflexions et ses angoisses; quelques personnages secondaires tels que des membres de la famille, des amis ou des voisins.

    « Et les chênes que j’espérais tant? J’irai cet automne rendre hommage à Marguerite à Bar Harbor. J’en profiterai pour ramener une nouvelle poignée des glands de son chêne. » (p. 39)

    « … les enfants continuaient de faire des efforts pour aborder des sujets susceptibles d’intéresser leur père. […] Bientôt, cependant, ils se lassèrent de ce boulet qu’ils devaient traîner au pied et qui retardait indûment la conversation. » (p. 74)

    « Les convictions individuelles varient en intensité selon l’éducation, la géographie ou même le climat. Elles se contredisent, elles se proclament les seules véritables et légitimes, elles entreprennent les unes contre les autres des luttes sans merci qui ne finissent jamais. » (p. 123)
     

  • Thèmes variés (p. ex., nature, épisodes de vie, nostalgie), tous cristallisés dans un but commun : démasquer l’inexorable passage du temps.

    « Quant aux carouges et aux salicaires, ils n’étaient même pas là à l’époque où j’habitais les marais, près de mon village.
    Sur cette bonne pensée, je m’arrête, tout à coup conscient du ruissellement du temps autour de moi. » (p. 27)

    « Toutes les fins de semaine durant l’été, un bateau de plaisance […] jette l’ancre dans l’eau tiède. […] C’était en 1984. […] Le vent du large emporte des piaillements jusque dans le camp scout […] C’était en 1997. […] Un bateau tout neuf, rouge cette fois, vient jeter l’ancre […] Nous sommes en juillet 2004. » (p. 63 à 67)

    « Au temps que j’entends et qui me touche, je ne connais ni antidote ni remède. Je marche avec lui puisqu’il le faut, mais moins rapidement. Je ne pourrai suivre longtemps son train d’enfer. » (p. 186)
     

  • Nombreuses séquences descriptives qui saisissent des moments divers reliés aux thèmes.

    « Dès les premiers kilomètres, je sentirai […] l’odeur de l’eau printanière dans les ruisseaux, j’entendrai les coups de marteau d’ouvriers […] je verrai l’avion du garde-chasse […] je goûterai la ciboulette […] je caresserai des doigts les bourgeons précoces d’un mélèze. » (p. 9-10)

    « Les étourneaux […] Il y a bien une demi-heure que je les entends jeter, du haut des grands ormes perdus dans la brume de plein midi, leurs cris faits de chants, de dialogues et de castagnettes. Une musique où dominent des bruits d’ustensiles en bois et en métal… » (p. 24)

    « Souvent, c’est la foule que je regarde regarder. Que je regarde écouter. […] Elle est entière, primitive, presque primate. Elle se comporte comme un enfant capricieux et spontané. » (p. 69)

Langue

  • Registre de langue courant, parfois parsemé de quelques structures de phrases et expressions familières, aidant à situer les personnages dans leur époque, dans leur milieu socioculturel.

    « Aujourd’hui, les enfants ne sont venus qu’en fin d’après-midi, faisant déguerpir le héron et les mouettes et alertant trois ou quatre gros malards qui, prudemment, se retirent au large. » (p. 11)

    « Bonjour là! Vous viendrez faire un tour. On vous recevra sans cérémonie. À la bonne franquette, comme on dit. Attendez pas d’être invité : venez n’importe quand. Vous gênez pas. Parce que là où il y a de la gêne, il y a pas de plaisir… » (p. 19)
     

  • Style raffiné, ponctué de nombreuses accumulations de détails, qui reflète la grande culture et l’expérience de vie d’un narrateur qui tente de s’imprégner des beautés de la vie au lieu de céder à la nostalgie; nombreuses phrases courtes, même elliptiques, évoquant son émotivité.

    « À l’écorce blanche des bouleaux à papier succèdent le galop cambré du poulain, l’immobilité solitaire d’un chêne rouge, la verticalité d’un silo gris, la continuité d’une clôture de boulins, la rumeur d’un vol de sansonnets, les girations grinçantes d’une girouette. » (p. 8)

    « Rien d’autre. Pas d’araignées d’eau, pas de têtards à pattes, pas de barbotes prisonnières de la flaque. Surtout, pas d’anneau d’or, de pierre précieuse, d’éclat d’arc-en-ciel. » (p. 13)

    « J’étais venu prendre je ne sais plus quoi sur le patio lorsque, tout à coup, les chênes! En bonne santé. D’un vert luisant. Plusieurs par pot. Je m’énerve. Je bredouille. » (p. 38)
     

  • Figures de style nombreuses et variées (p. ex., comparaison, personnification, allégorie, métaphore), créant en soi une antithèse à la nostalgie. 

    « … la route entre Orléans et Embrun […] Je compte sur elle comme le fumeur sur sa cigarette et l’ivrogne sur sa bouteille. » (p. 10)

    « Dès ma descente d’avion, l’hiver m’a serré la main, sauté au cou, insensibilisé les oreilles, empoigné à bras-le-corps. » (p. 77)

    « Les sapins de Noël […] ne vivent qu’une vie mais meurent deux fois. D’abord quand on les coupe […] C’est alors une mort souhaitable, qui ouvre sur la joie, qui donne sur la fête. […] Les sapins meurent une seconde fois quand on les jette dehors en plein janvier… » (p. 104-105)
     

  • Utilisation fréquente du « vous » d’interpellation, plaçant ainsi l’auteur en communion avec son lectorat.

    « Votre vieil ami vous accueille en souriant, évidemment heureux de vous voir. Vous lui tendez la main. Il vous tend la sienne. Vous la lui serrez sans vous rendre compte du danger imminent. » (p. 51)

Référent(s) culturel(s)

  • Nombreux référents culturels de la francophonie, canadienne ou internationale, illustrant, au passage, la richesse de la littérature et de la chanson : Villon, Flaubert, Yourcenar, Garneau, Proust, Camus, Rimbaud, de Nerval, Baudelaire, d’Orléans, Nelligan, Valéry, Racine, Vigneault, Ferré.

Pistes d'exploitation

  • Demander aux élèves d’élaborer et d’illustrer cette idée à partir d’éléments relevés dans les nouvelles : « J’aime tout ce qui s’ouvre devant moi et fuis tout ce qui se referme. » (p. 7). Demander aux élèves d’identifier les auteurs de la dizaine d’extraits trouvés dans la nouvelle intitulée Ultimes prières (p. 87) et d’expliquer pourquoi ces extraits sont rassemblés dans une même nouvelle.
  • Inviter les élèves à rédiger une nouvelle de trois ou quatre pages qui interpellerait le lectorat par l’utilisation du « vous », comme le fait Maurice Henrie dans son recueil.

Conseils d'utilisation

  • Avant la lecture de l’œuvre, échanger avec les élèves sur les sujets délicats abordés, tels le vieillissement et la mort.
  • Expliquer aux élèves, avant même la lecture des textes, la définition, l’utilisation et la valeur de certaines figures de style, telles la métaphore filée et l’allégorie.
  • Choisir les nouvelles à lire en classe à partir des champs d’intérêt et des compétences du lectorat visé.

Ressource(s) additionnelle(s)

  • IDÉLLO.org, ressources éducatives en ligne, 11e et 12e année, Série : Panorama – Artistes de chez nous, Auteurs : Christensen, Henrie et Mbonimpa.