- Essai historiographique, en sept chapitres, dans lequel l’auteur analyse un conflit social dont la tournure, à la fois religieuse et linguistique, a marqué l’histoire franco-ontarienne.
« D’un côté se trouvaient les Dionne, une famille rurale modeste, traditionnelle, canadienne-française et catholique, peu instruite, vivant dans des conditions matérielles médiocres, profitant peu des progrès de la vie moderne; de l’autre, il y avait la société urbaine, moderne, représentée par les autorités, tant politiques que scientifiques, venant toutes de Toronto, foyer d’une société anglaise, protestante, instruite, auréolée des progrès de la science et de la médecine. » (p. 13)
« À l’argument basé sur le droit naturel des parents s’ajouta une idée complémentaire, l’importance de la famille dans la transmission de la foi, de la langue et de la culture d’une génération à l’autre. Parmi les valeurs tributaires de la famille, il y avait donc la religion et la langue qui devinrent les deux principaux engins de propagande que l’ACFEO mit en service contre la tutelle. » (p. 104)
- Deux personnages principaux, Oliva Dionne (père des jumelles) et le Dr Allan Roy Dafoe, antagonistes aux intérêts personnels opposés, se disputant la tutelle des quintuplées.
« Nourrir une famille de cinq enfants, c’était déjà un défi, mais l’arrivée inattendue de cinq bébés prématurés parut, dans les premiers jours, une charge supplémentaire écrasante. Ces éléments permettent déjà d’imaginer dans quel état se trouvait l’esprit d’Oliva Dionne et les idées qu’il pouvait ruminer dans les derniers jours de mai 1934. » (p. 24)
« Puisque Oliva Dionne refusait de participer au conseil de tutelle, que Croll, ministre à Toronto, n’avait pas le temps de s’occuper des détails, que Valin n’avait pas la force de le faire, il restait Dafoe qui, plus qu’une prépondérance, exerça une suprématie sur la tutelle des quintuplées pendant plusieurs années. » (p. 60)
« Il est donc facile de comprendre pourquoi le médecin Dafoe fut la bête noire des Dionne. Pendant plusieurs années, Dafoe réussit à tenir la haute main sur les affaires de la pouponnière. » (p. 66)
- Personnages secondaires innombrables (p. ex., prétendus experts; membres de la presse, du corps enseignant, du personnel infirmier, d’associations, du gouvernement) jouant le rôle d’intervenants, de prédateurs ou de proies dans les conflits opposant les deux personnages principaux.
« Il y eut, d’abord, la lutte qui opposa les parents à divers experts, […] le Dr William Blatz, reconnu au pays comme un pédagogue progressiste de pointe, et […] le Dr Alan Brown, directeur à Toronto de "l’Hôpital pour enfants malades" et vedette canadienne de la psychologie du développement de l’enfant… » (p. 12-13)
« Pour décrire les failles du médecin Dafoe, pour en condamner les actions, il n’y eut pas de critique plus acerbe, plus déterminée, que Lillian Barker. Elle défendit farouchement les parents contre les prétentions du "petit médecin". » (p. 63)
« En fait, Blatz, sans autorité mais fort de l’appui de Dafoe, décida le 26 février 1938 de renvoyer l’institutrice Claire Tremblay. Ayant informé Oliva Dionne de la situation, l’infirmière en chef Jacqueline Noël fut à son tour congédiée par le duo Blatz-Dafoe. Cette crise fut l’occasion pour Oliva Dionne de demander officiellement à l’ACFEO de prendre en main toute la question de l’éducation des quintuplées. » (p. 130)
« Le gouvernement ne voulait surtout pas d’une investigation officielle, mais il envoya toutefois le tuteur public de la province faire une enquête maison. L’ACFEO se fit représenter par Edmond Cloutier, membre du bureau de direction et son vice-président… » (p. 143)
« Le médecin continua donc d’agir comme avant, confiant qu’avec ses amis libéraux à Toronto (Hepburn, Wilson) et à North-Bay (Munro, Valin), il n’avait pas grand-chose à craindre. » (p. 183)
- Narrateur omniscient (l’auteur) s’en tenant rigoureusement à des faits corroborés par des lettres et des documents, et n’émettant que de rares opinions sur un sujet qui a tenu le monde entier en haleine pendant plus d’une décennie.
« …J’ai alors signé un contrat, valable six mois. J’ai fait insérer une clause stipulant que les enfants ne pourraient être déplacés sans la permission du médecin. […]
Cette lettre de 1937 montre que le contrat de Chicago était bel et bien le prétexte que le gouvernement utilisa pour imposer la tutelle publique des quintuplées. » (p. 35)
« Finalement, les deux avocats se mirent d’accord sur les modalités d’un compromis. Un "Protocole d’accord" (Memorandum of Agreement), entre Oliva Dionne et Allan Roy Dafoe, fut signé quelques jours avant Noël 193919. » (p. 181)
« Les deux rapports d’Amoss soulevèrent des débats, parce qu’il proposait le renvoi de Vézina et l’embauche de deux religieuses. Le 18 juin 1941, Saint-Jacques, dans une lettre au secrétaire de la province, H.C. Nixon50, parlait du "plan de monsieur Amoss, docteur, de renvoyer mademoiselle Vézina et de nommer deux religieuses enseignantes [Traduction]". » (p. 196)
« Comme le fait aussi voir un deuxième exemple, venant cette fois des États-Unis, la hargne était profonde. Selon cette lettre, les citoyens de New-York en avaient assez de ces Dionne peu attrayants. Surtout les parents mesquins. Nous les détestons… » (p. 211)