- Un personnage principal, Daniel Lecoultre, Premier conseiller d’un ministre au gouvernement fédéral, entouré de plusieurs personnages secondaires, parmi lesquels Florence, sa fillette atteinte du cancer, Maureen Davis, un médecin spécialiste, et Max, un jeune patient du cinquième Nord.
« J’avais été détaché au cabinet de l’honorable Butler par l’administration du ministère, au titre hyperbolique de Premier conseiller. » (p. 45)
« – Florence se pose la même question, répondit-il. Elle a peur de vous faire de la peine en vous annonçant qu’elle va probablement mourir. » (p. 52)
« Le Dr Davis m'avait prévenu avec sa brusquerie habituelle qu'elle se prénommait Maureen et qu'il était hors de question d'entreprendre ensemble un tel voyage, si nous devions rester sur notre quant-à-soi. » (p. 189)
« Finalement, Max se détacha d’elle pour aller ramasser son cahier à dessin. Il en arracha avec soin la page sur laquelle il travaillait au moment de notre arrivée, et vint me la tendre sans un mot, en me dévisageant de la même façon que le soir de notre première rencontre à l’hôpital, avec cette intensité grave et angoissée qui tentait de me communiquer un mystérieux message. » (p. 222)
- Un narrateur participant, Daniel Lecoultre, bouleversé par la maladie de sa fille et jouant au détective afin de comprendre les phénomènes mystérieux provoqués par le jeune Max Sieber; de nombreuses séquences dialoguées ponctuant les moments forts de l'intrigue.
« Je m’ébrouai pour chasser le fantasme et reprendre pied dans le réel – et la réalité était que personne ne voulait assassiner Florence et nous gratifier d’un deuil rapide et sans bavure : elle mourrait à petit feu, comme pour prolonger indéfiniment notre peine. » (p. 31)
« Ma découverte reposait sur un ensemble d'observations, dont aucune n'en apportait la preuve concluante, considérée séparément des autres. Il existait cependant un moyen de vérifier ma théorie, mais il m'obligeait à recourir à un subterfuge qui, dans les circonstances, ne me plaisait guère. J'hésitai pour la forme, car je savais déjà que ma curiosité finirait par l'emporter sur mon scrupule. » (p. 135)
« – Mais vous avez vu la distance? s'écria-t-elle en levant un regard épouvanté vers le blockhaus. La nature du mal ne change pas, mais chaque crise est plus violente que la précédente! Vous comprenez ce que ça veut dire?
– Des crises? Vous voulez dire que la contagion n'est pas permanente? » (p. 218)
- Œuvre tenant à la fois de la science-fiction, du récit psychologique, du polar et du roman fantastique; thèmes susceptibles d’intéresser le lectorat visé (p. ex., surréel, relations familiales, malversation).
« – Mais quand tu causes avec lui, c'est comme avec Maman ou comme avec moi?
Florence réfléchit, une double croche entre les sourcils, ce n'était ni l'un ni l'autre parce qu'il ne parlait pas.
– Comment tu sais tout ça s'il ne parle pas?
C'était difficile à expliquer, il lui parlait dans sa tête comme quand on dort. » (p. 34)
« En même temps que je ruminais ma colère, j’en étais le spectateur, pas dupe un instant de son théâtre et connaissant trop bien sa véritable origine. » (p. 36)
« Les gens s'imaginaient poétiquement que les diverses instances qui combattaient cet ennemi commun – le cancer – auraient accueilli favorablement des études destinées à éviter la duplication des recherches et la répétition des erreurs, ou encore à proposer une coordination des efforts et une mise en commun des découvertes. En réalité, les activités de l'institut suscitaient au mieux une collaboration réticente, et au pire une opposition farouche, qui ne lésinait pas sur les moyens à prendre pour arriver à ses fins. Les cartels pharmaceutiques notamment leur menaient la vie dure, car la concurrence en ce domaine était aussi impitoyable que dans les cosmétiques ou les armements. » (p. 180)
« Il y avait dans le monde beaucoup de charlatans, mais on trouvait aussi de véritables guérisseurs, doués de pouvoirs inexplicables, qui traitaient les maladies par l’imposition des mains, ou encore… » (p. 303)
- Intrigue suivant généralement l'ordre chronologique, mais comptant des retours en arrière et ouvrant sur un prologue relatant, en italique, une scène-clé postérieure au début de l'histoire.
« C'est ainsi que ça a commencé, il y a un an presque jour pour jour. Je me souviens, j'étais jeune à l'époque. » (p. 23)
« – Allez-y, on a tout le temps! Vous l’avez dit, la nuit sera longue.
Je lui racontai ma rencontre avec le vieillard à l’aéroport, sans toutefois réussir à exprimer à ma satisfaction l’ambiguïté du personnage et l’impression de puissance occulte qui se dégageait de lui. Dès le lendemain, j’avais essayé de rencontrer John Butler, mais Agathe avait reçu des instructions et veillait au grain. » (p. 199)
« Le blizzard empêcha l'envoi d'une expédition de secours pendant les trente-six heures qui suivirent la réception du signal de détresse. Les Américains profitèrent de ce délai pour obtenir du haut commandement canadien l'autorisation de participer aux opérations de sauvetage, qui furent désignées sous le nom de Mission Orphanage. » (p. 13)
- Nombreuses séquences descriptives et explicatives portant sur des politiciens médiocres ainsi que sur les décors de l'intrigue et les hypothèses des chercheurs s’intéressant au phénomène Sieber.
« J'étais en réalité le francophone de service et ma compétence en matière de communications se révéla vite être un handicap dans l'accomplissement de mes fonctions, car on attendait de moi que j'exprime en un français châtié des politiques ministérielles dont la sottise me sautait aux yeux, ou que je supervise la syntaxe et le style des réponses que le ministre donnait à la Chambre des Communes et qui étaient autant de faux-fuyants aux questions pertinentes soulevées par l'Opposition. » (p. 45)
« Des piliers de bois avaient été dressés tous les quatre ou cinq mètres pour soutenir l’entrelacs des larges planches qui étayaient le plafond de la casemate, comme s’il s’agissait de la galerie centrale d’une gigantesque mine. Je compris l’utilité de cette précaution lorsque, prenant appui sur le rempart de béton qui longeait l’escalier, je sentis mes doigts s’enfoncer dans une mince couche de poudre granuleuse. L’ensemble de la construction fortifiée se désagrégeait inexorablement, comme un château de sable. » (p. 220)
« Soixante-cinq millions d’années nous séparaient d’un cataclysme à l’échelle planétaire, m’expliqua-t-il avec autant d’assurance que s’il avait été le témoin oculaire du désastre, et les trois quarts des espèces animales et végétales qui peuplaient alors la Terre avaient disparu à jamais. La paléontologie trouvait la preuve de cette extinction massive dans l’analyse des sédiments géologiques. Aux couches crétacées, qui présentaient une abondante diversité de fossiles, succédaient les premières couches de l’ère tertiaire, qui contenaient de fortes quantités d’iridium et presque aucun fossile, suivies d’autres couches où apparaissaient graduellement de nouvelles espèces, en variétés de plus en plus nombreuses. » (p. 301)