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Le secret de la Soulaïmane

Soulaïmane vit seul avec Chahiba, sa mère, dans une petite maison en bois à la périphérie d’un village où les villageois n’aiment guère la vieille Chahiba. Ils la considèrent comme une sorcière et refusent même de lui adresser la parole. Soulaïmane, lui, est exclu des jeux des enfants du village. « L’enfant de la sorcière porte malheur », disent les villageois à leur progéniture.

El Hadj Moussa est son seul ami. Un vieillard reclus, vivant dans une vieille maison de pierres. Quand le jeune Soulaïmane demandait au vieillard pourquoi les villageois traitent Chahiba de sorcière et interdisent aux enfants de jouer avec lui, El Hadj Moussa faisait la sourde oreille. Mais Soulaïmane restait persuadé que sa mère cachait un secret.

(Tiré de la quatrième de couverture du livre.)

À propos du livre

Contenu

  • Œuvre en provenance du Maroc, au cours de laquelle le narrateur, par l’intermédiaire d’une histoire de sa grand-mère, nous raconte la courageuse aventure de Soulaïmane, parti à la recherche d’une vie meilleure.
  • Personnages principaux, le narrateur, jeune adolescent, qui aime écouter les histoires racontées par sa grand-mère, attentionnée et protectrice, Soulaïmane, le héros du roman, qui est confronté à de multiples obstacles après avoir fui son village natal, Chahiba, la mère adoptive de Soulaïmane, qui ne révélera jamais à son fils, le secret de l’adoption, et El Hadj Moussa, un sage vieillard, qui finira par tout avouer à Soulaïmane à la fin de sa vie; plusieurs personnages secondaires, dont la grand-mère et le cruel père du narrateur, le conteur du souk, le roi et la princesse ensorcelée, et Tabar, le conseiller du roi.

    « Le soir, ma grand-mère s’approcha de ma couche, posa une main douce sur mon front brûlant et me dit : "Ecoute-moi, mon fils! Si tu me promets de ne jamais plus remettre les pieds au souk, je te raconterais l’histoire de Soulaïmane et la princesse ensorcelée. […] C’est une très belle histoire, pleine d’aventures, d’amour, de haine et de personnages insensés. Tu verras qu’elle est mille fois plus captivante que les histoires du conteur du souk. » (p. 15)

    « Soulaïmane vivait seul avec Chahiba. […] Les villageois n’aimaient guère la vieille Chahiba. Ils la considéraient comme une sorcière et refusaient de lui adresser la parole. […] Le pauvre Soulaïmane souffrait de cette méfiance, mais il n’a jamais voulu en demander les raisons à celle qu’il a toujours considérée comme sa mère. Il avait peur de heurter sa sensibilité et de lui causer du chagrin. Il ne voulait pas non plus aggraver son état de santé de plus en plus précaire. » (p. 21-22)

    « Au lieu de jouer comme tous les enfants du monde, le petit Soulaïmane passait son temps à lire des manuscrits qui traînaient dans une petite pièce qui servait de débarras. […] Soulaïmane pratiquait beaucoup d’activités physiques aussi. Il courait tous les jours dans la forêt, grimpait la montagne, nageait dans le lac et montait à cheval. C’était ainsi que, très jeune, il avait acquis une santé solide et une intelligence vive. » (p. 22)

    « Son seul ami dans le village était El Hadj Moussa. […] Le vieux aimait beaucoup Soulaïmane et lui enseignait les valeurs de la vie. Il l’encourageait à lire et à prendre soin de son corps. La mère de Soulaïmane savait que son fils s’entretenait avec le sage et l’encourageait même, à mots couverts, à continuer à le fréquenter. Chahiba connaissait El Haj Moussa depuis de longues années et n’avait rien à lui reprocher. Aussi, une grande amitié et complicité les liaient. C’était, d’ailleurs, la seule personne au village qui prenait, haut et fort, sa défense. » (p. 22-24)
     

  • Intrigue comportant plusieurs péripéties, parfois dramatiques, qui captent l’intérêt du début à la fin et qui risquent de susciter une réflexion sur l’intimidation, l’exclusion et l’abus physique; contenu pouvant intéresser le lectorat visé de par les sujets exploités (p. ex., aventures, embûches, rebondissements, courage, persévérance, amitié, amour, pardon, respect, adoption).
  • Texte pleine page bien aéré, mise en page simple; quelques illustrations agrémentant la lecture; chapitres titrés et table des matières à la fin du livre; quelques éléments graphiques facilitant la compréhension du texte (p. ex., guillemets, deux-points, tirets).

    « A [sic] ce mot "vérité", Soulaïmane tira sur les brides de son cheval et ce dernier s’arrêta de galoper. El Hadj Moussa sortit une bourse noire de sa poche et la jeta entre les mains du jeune garçon qui l’enfouit dans un sac cousu à même la selle. Après une quinte de toux qui plia le vieux en deux, pendant quelques secondes, ce dernier dit alors :
    – Pars mon fils! Pars et ne reviens que lorsque Dieu t’aura ouvert ses portes. […] Pars! Ton destin t’attend aux portes d’une cité riche dont les habitants sont bons et justes. Tu n’as plus rien à faire dans ce maudit village où la misère ronge l’humain. Un jour, ton destin te reconduira ici même et je serai sans doute encore là pour te conter l’histoire de Chahiba. » (p. 32-33)

Langue

  • Registre de langue courant dans l’ensemble de l’œuvre; plusieurs mots nouveaux que le contexte permet de définir (p. ex., djellaba, souk, saugrenues, vociférations, pugnaces, tétanisé); phrases transformées, parfois longues, rendant la compréhension du texte plus complexe.

    « Lui qui n’aspirait qu’à une petite vie paisible dans un village ou une ville où il pourrait trouver un travail pour subvenir à ses besoins et aux besoins de son cheval, il s’était trouvé, du jour au lendemain, empêtré jusqu’au cou dans une histoire sans queue ni tête. Un roi, une princesse, des portes fermées sept jours durant dans l’attente de l’héritier, des sages et des devins qui interrogent les astres et les esprits, des habitants qui adorent une jeune fille envoûtée et des palais somptueux emplis des plus belles richesses de l’univers et autres curiosités que ses petits yeux éblouis n’avaient pas encore vues. » (p. 72-73)
     

  • Variété de types et de formes de phrases qui apportent du dynamisme à la lecture.

    « Soulaïmane aspirait à une vie humble et paisible. Il n’avait que faire des honneurs. Qui lui viendrait en aide quand les bêtes sauvages humeraient son odeur et s’agglutineraient autour de lui pour le dévorer? Qui le sauverait quand les mauvais esprits survoleraient sa tête pour l’endormir et lui tordre le cou? […] Le roi se prélassant dans un bain chaud et sirotant quelques boissons ou les sages drapés dans leur tunique blanche psalmodiant leurs litanies incompréhensibles? Certainement pas! » (p. 80-81)
     

  • Plusieurs comparaisons et métaphores qui mettent l’accent sur les émotions ressenties et permettent de se faire des images mentales des événements.

    « El Hadj Moussa, comme informé par son intuition, avait quitté sa baraque et s’était réfugié sous un arbre en haut de la vallée qui dominait le village. Là où les routes, avant de partir vers l’inconnu, se croisaient comme pour se donner l’accolade. » (p. 31)

    « Au cinquième jour, Soulaïmane courait toujours, comme un fugitif fuyant la justice ou une bête traquée par des chasseurs acharnés. […]
    La faim commençait à lui fendre les entrailles et la fatigue à le gagner. Que faire? » (p. 42)

    « Soulaïmane se hâta de monter son cheval et continua sa route. Soraj se lança dans une vitesse vertigineuse. On aurait dit un éclair! » (p. 45)
     

  • Plusieurs séquences descriptives et dialoguées qui permettent de se sentir au cœur de l’action et qui dévoilent le caractère des personnages et les liens qui existent entre eux.

    « Au petit matin du troisième jour, avant même que le soleil ne soit levé, on vit arriver Soulaïmane affalé sur un Soraj traînant ses sabots de fatigue et de famine. En pleine fièvre de joie et d’excitation, la foule eut le souffle coupé. Un gardien courut alerter les sorciers et le vieux sage. Soulaïmane devait être jugé et pendu sur la grande place de la cité. Sans les trois braves jeunes qui n’avaient pas hésité une seconde à prendre des risques considérables, les maudits esprits auraient étranglé la pauvre princesse et le roi aurait perdu le trône de ses ancêtres.
    Mais le vieux Tabar avait comme un doute sur les exploits des trois gardes. » (p. 93)

    « Après une quinte de toux qui dura quelques minutes, El Hadj Moussa continua :
    – Soulève-moi, mon enfant! Je vais t’amener sur la tombe de ta mère.
    Arrivés au cimetière, ils firent une prière sur la tombe de la vieille Chahiba puis s’assirent à même le sol. El Hadj Moussa essaya de calmer Soulaïmane qui n’arrêtait pas de sangloter :
    – C’est la loi de la vie, mon enfant. Arrête de pleurer! Tu es grand à présent et de grandes responsabilités t’attendent.
    Puis, en tapotant sur ses épaules, il continua :
    – Voilà venu le temps de te raconter le secret qui te liait à la vieille Chahiba. Ouvre grand les oreilles et écoute-moi bien! » (p. 108-109)

Pistes d'exploitation

  • El Hadj Moussa donne ce dernier conseil à Soulaïmane avant qu’il quitte son village natal :
    « – Ne fais confiance à personne et ne laisse jamais la paresse s’emparer de tes sens, ni la jalousie de ton cœur. » (p. 33)
    Demander aux élèves de justifier, en équipes et à l’aide d’exemples soutirés du texte, si ce conseil s’est avéré profitable pour Soulaïmane. Faire un retour en grand groupe et permettre à chaque équipe de faire un compte rendu de la discussion. Profiter de l’occasion pour demander aux élèves si un tel conseil est applicable dans leur vie; les inviter à justifier leurs réponses à partir d’expériences vécues.
  • Former des équipes et les inviter à effectuer une recherche sur le contexte social et culturel du Maroc (p.ex., religion, traditions, coutumes, croyances, mode de vie, éducation) pour ensuite dresser un tableau établissant une comparaison entre ce pays et le nôtre. Permettre à chaque équipe de faire part de ses constatations au groupe-classe.
  • À la fin de l’œuvre, la grand-mère du narrateur promet de lui raconter une autre histoire magnifique. À partir des indices laissés par l’auteur, inviter les élèves à rédiger un récit fantastique mettant en vedette une princesse et un bandit sans scrupule. Leur demander ensuite d’en faire une lecture expressive et animée devant le groupe-classe.

 

Conseils d'utilisation

  • Avertir les élèves que dans l’œuvre, il est question à quelques occasions d’abus physique, d’exclusion et d’intimidation; en expliquer le contexte et permettre aux élèves d’en discuter si le besoin s'en fait sentir.
  • Revoir avec les élèves les éléments prosodiques (p. ex., intonation, rythme, débit, volume, pauses) et leur permettre de les pratiquer avant la lecture du récit fantastique devant le groupe-classe.
  • Revoir avec les élèves les caractéristiques du récit fantastique afin d’en faciliter la rédaction.