- Registre de langue courant dans l’ensemble de l’oeuvre; quelques mots difficiles que le contexte ou le lexique à la fin du roman permettent de comprendre; structures de phrases parfois complexes.
« Pour toute réponse, il se coiffe la tête de mon petit chapeau, laisse aller un cri strident et s’envole de branche en branche, d’arbre en arbre dans les hauteurs de la forêt. Jamais je ne pourrai l’attraper, il est beaucoup trop rapide. Mon seul espoir, en le suivant, c’est qu’il échappe mon couvre-chef*; ainsi, je pourrai le récupérer… » (p. 44)
« Oui, je me mets à crier ces phrases désespérées et à les répéter avec ma voix de six ans, dans l’espoir que mes frères ou n’importe quel promeneur les entendent et viennent me secourir. Je me repose quelques minutes, à cause de la douleur à ma tête et à ma jambe; puis je reprends de plus belle, me bouchant les oreilles pour ne pas devenir sourde, tellement j’ai l’impression de m’égosiller*, réveillant tout ce qui dort dans cette forêt soudain lugubre. » (p. 50-52)
- Texte contenant une variété de types et de formes de phrases (p. ex., déclaratives, exclamatives, et interrogatives) qui favorisent la création d’images mentales.
« Mais, c’est qu’il est agile, le petit poltron! Il saute de branche en branche, et moi je glisse et je trébuche sur les ronces, perdant l’équilibre presque à chaque pas. Il me faut l’attraper, sinon je perds le seul souvenir de ma mère, le cadeau le plus précieux que je tiens d’elle. » (p. 42-43)
« C’est un bruit sourd, comme un tremblement de terre. Mais rien ne bouge. C’est un grognement animal, j’en suis certaine, même si c’est la première fois de ma vie que j’entends ce son étrange qui me glace le sang. Dois-je crier encore? Dois-je me taire? Le bruit se rapproche, régulier comme le tic-tac d’une horloge. Mais, en beaucoup moins rassurant. » (p. 52-53)
- Nombreuses figures de style (p. ex., énumérations, comparaisons, métaphores) qui permettent d’apprécier le style de l’auteur.
« Une radio brisée gît sur un meuble rempli de souvenirs, de petits objets clinquants, des photos aux coins racornis, des médailles gagnées à l’école. Au-dessus de la porte, une photo du couple royal, nos vrais patrons que nous aimons et vénérons chaque jour. » (p. 19)
« Ouille! Je ferme les yeux, le temps de récupérer et d’oublier la douleur. Je les ouvre grands pour m’apercevoir que je fonce comme un bolide vers une pile d’arbres couchés sur le sol et placés les uns sur les autres en forme de coussins d’Isan*. » (p. 47)
« Glacée d’effroi, je referme les yeux et me recroqueville* sur moi-même, espérant que le tout se terminera très vite. » (p. 55-56)
- Dominance des séquences descriptives, qui apportent des précisions sur la situation familiale, les aventures vécues, les personnages et les émotions ressenties.
« Mais d’habitude, nous nous contentons de manger le riz que nous cultivons, les petits poissons de la rivière Mun, quelques grenouilles, des insectes telles les blattes et les sauterelles et, parfois, si on est chanceux, une anguille prise dans nos filets de pêche. C’est pour ça que le riz, j’en ai vraiment mon voyage! Tous les jours, même si on l’apprête différemment, ça reste du riz… » (p. 15-16)
« Le petit singe espiègle s’approche de moi tranquillement, un peu craintif devant tout ce monde assis autour du festin. Je saisis une banane plantain et lui offre : il fait quelques pas, saisit la banane et laisse tomber mon chapeau. Faisant demi-tour, il saute vers les bois et disparaît en criant. » (p. 72-73)
- Séquences dialoguées qui permettent de préciser les relations entre les personnages.
« – Mais, papa, c’était le chapeau de maman! C’était mon seul souvenir d’elle.
– Mô, ce n’est qu’un vieux chapeau! Ça ne vaut pas une vie! Ça ne vaut pas ta vie!
– Comment vais-je me souvenir de maman maintenant?
– Je vais te la conter. Tous les soirs, lorsque tu iras te coucher, je m’assoirai près de toi et je te parlerai de cette femme simple et aimante qu’était ta mère.
– Tu me le promets?
– Si tu me promets de ne plus courir après les voleurs…
– Promis, mon papa chéri.
– Promis, ma petite princesse. » (p. 69-70)