Contenu
- Trois personnages principaux, dont l’écrivain Georges Black, qui se trouve sans matériel ni idée pour un nouveau livre, et le couple formé d’Esthèle et de Robert, confrontés aux épreuves d’une séparation, tous trois s’imprégnant de la philosophie que leur enseigne la vie.
« Je n’avais plus le goût d’écrire et, tout d’un coup, je me trouve devant ces lignes qui me troublent, comme si j’avais à raconter cette histoire qui n’est pas tellement précise, qui laisse supposer des situations que je ne comprends pas. » (p. 53)
« – Vous connaissiez Robert et Esthèle?
Le pêcheur hésite.
– Pas beaucoup. C’était une étrangère. Elle passait et repassait sans jamais s’occuper des gens. Elle était très belle. Un jour, elle n’est plus apparue. Il était seul. » (p. 54)
« Dois-je compléter le message ou le détruire ou l’ignorer ou le garder? Il me parle de l’humain, du rapport qui existe entre les gens, entre lui et cette femme. Il y a un lien ici avec l’idée d’abandon. L’abandon dans le processus amoureux et après une rupture. Celui qui est abandonné. Ce que la vie réserve à un individu abandonné. Quelque chose d’incomplet. D’inachevé. » (p. 58)
« – …Ma rupture m’a appris à me regarder davantage. À regarder les autres, à créer des liens. À apprécier la beauté qui nous entoure. À refuser la tricherie. Pour moi, c’est la seule façon de procéder. Je suis responsable de moi, de mes opinions, de mes regards, de mes amis… » (p. 74)
« – Vous vivez seul?
– Oui. Depuis notre séparation, je n’ai pas eu le courage de m’embarquer dans une autre relation. Je ne me sentais pas la force d’affronter toutes les contradictions de cette fin de siècle. […] Je ne voulais porter que ma propre responsabilité. […] On doit se libérer des accusations réciproques et trouver un débouché à l’absurdité de vivre. Comprendre les stratèges de chacun. » (p. 81)
- Personnages secondaires, les membres de la communauté (p. ex., Denise, Jacqueline, Réjean, Julie) mentionnés dans le texte.
« Chez Denise, ils appelaient le fond du jardin le bout du monde. Tout était émeraude. » (p. 25)
« Chère Jacqueline,
Tu viens de raccrocher. […] J’ai pensé à toi, à ce moment terrible quand Réjean t’a quittée. Nous étions en train de manger des gâteaux. Tu servais le thé. J’essayais par tous les moyens de te laisser entendre que je comprenais. Je me souviens que j’ai raconté n’importe quoi. Je ne pouvais comprendre. J’étais tellement loin de tes silences, de tes regards lents et absents, de tes demi-sourires. Maintenant, je sais. Je crois que je voulais tout simplement te le dire.
Amitiés,
Robert » (p. 30-31)
« – Allô, c’est Julie.
– Julie! T’appelles de Vancouver?
– Non, d’ici, de Saint-Maurice. » (p. 36)
- Roman psychologique utilisant la mise en abyme : un manuscrit sur un conflit conjugal servant de fil conducteur à un romancier désireux d’en faire son roman; thèmes (p. ex., rupture, mensonge, adultère, apparences) ponctués des moments d’accalmie que procurent de courts passages sur la nature, aptes à intéresser le lectorat visé.
- Mise en page aérée; œuvre répartie en quatre chapitres titrés et un épilogue; éléments graphiques (p. ex., guillemets, points de suspension, majuscules, italiques, parenthèses, symboles indiquant un changement de scène ou un laps de temps) facilitant l’interprétation du texte; liste des œuvres de la collection Prose sur le rabat de la première de couverture; avis aux lecteurs au début; table des matières et liste des œuvres de l’auteur dans la même collection à la fin; photo de l’auteur sur le rabat de la quatrième de couverture; renseignements sur l’auteur à la quatrième de couverture du livre.
Langue
- Registre de langue courant dans l’ensemble de l’œuvre mais marqué de rares passages familiers, notamment dans les séquences dialoguées (p. ex., t’appelles, ben oui); mots moins connus (p. ex., pernod, étendard, pernicieuse, bourrique, esseulés) compréhensibles à l’aide du contexte.
- Phrases de base, phrases transformées et phrases à construction particulière; quelques passages descriptifs composés de phrases courtes, souvent elliptiques, rappelant que l’auteur voit aussi avec ses yeux d’artiste-peintre.
« Nous entrons dans une grande pièce. Sur le mur de droite, une cheminée ancienne. À gauche, une cuisine convenable. Devant une table, quatre chaises en bois. Tout au fond, un escalier en colimaçon qui monte à l’étage. Elle s’occupe de ses chats. » (p. 62)
« Le taxi me dépose devant une maison en brique rouge, de style victorien. Au deuxième, un balcon avec des boiseries travaillées. Une maison ancienne. Je sonne. Un homme élégant, cheveux défaits, gris aux tempes, m’ouvre. » (p. 78-79)
- Extraits de poésie dans le manuscrit de Robert, rédigés dans un langage métaphorique pour mieux masquer son désarroi dans la séparation.
« ta rue
une déchirure
un étendard bouge au vent
plus rien ne peut m’arriver
le noir envahit tout… » (p. 15)
« tout se confondait en une même chose
la surface de l’eau les nuances les sons
comme un dessin gommé
comme un passage hors de lui-même
comme un souvenir oublié
une bouillie
j’étais là dans l’instinct des choses
en démesure
hors foyer… » (p. 42)
- Figures de style récurrentes, notamment la personnification, la comparaison, la métaphore et l’énumération, ajoutant de la couleur au texte.
« Nous marchions, je m’en souviens, la lumière jouait avec les feuilles, leur ombre dessinait des stratagèmes sur l’asphalte. » (p. 11)
« Ce passage de la lumière à la noirceur suggère le passage de la vie à la mort, comme dans une noyade. Le souffle qui s’emplit de sable comme une chanson aux teintes de verre. » (p. 54-55)
« Nous nous perdons dans la peinture, dans cette poésie de l’inconnu. Cette nouvelle façon de regarder, cette façon aussi de concevoir un espace, de raconter l’histoire. » (p. 87)
« Il la laisse et dirige son attention sur ses tableaux, prenant soin de tout remarquer, les textures, les formes, les couleurs, la précision du geste, la force. Tout. » (p. 122)
- Séquences narratives et descriptives, entrecoupées de nombreuses séquences dialoguées, qui permettent de se situer dans le temps et le lieu de l’action, précisent les événements et aident à percevoir les sentiments des personnages.
« Elle était entrée dans ma vie d’un seul coup. Depuis, je ne m’appartenais plus. Tout était devenu lumineux. Les arbres, les routes, les gens. Tout avait un sens. Je dansais dans la rue, je portais des sabots, je laissais pousser mes cheveux. » (p. 17)
« La pluie tombe depuis des jours, lente, monotone. J’ai compris depuis toujours qu’il faut attendre que les circuits se mettent en marche. Quelque chose ne va pas. Seul le temps viendra à bout de ces blocages, de ces solutions inutiles, de ces craintes sclérosantes, de ces questions sans réponses. » (p. 97)
« – Robert Comtois?
– Oui.
– Je m’appelle Georges Black. J’habite une maison en Acadie, au bord de la mer, une maison que vous avez déjà habitée. J’y ai trouvé un texte dans un meuble. Je voudrais vous rencontrer pour en discuter. » (p. 78)
« Les amoureux se sont enfin retrouvés, un peu grâce aux recherches de Georges. L’enfant a scellé ce qui était resté en suspens. Il est possible que le roman chemine dans le même sens. » (p. 131)
Référent(s) culturel(s)
- Allusions à des auteurs et à des chanteurs de la francophonie internationale : Victor Hugo, Jules Barbey d’Aurevilly, Christian Bobin, Patrick Carré, Alexandra David-Néel, Léo Ferré, Patricia Kaas.
Pistes d'exploitation
- Demander aux élèves, regroupés en équipes, de se renseigner sur l’auteur Roméo Savoie et de déterminer dans le roman les passages qui reflètent sa vie ou ses connaissances (p. ex., en tant qu’artiste, architecte ou poète), en citant des extraits pertinents de l’œuvre. Animer une mise en commun afin de leur permettre de faire part de leurs trouvailles au groupe-classe.
- Inviter les élèves à prendre part à une table ronde portant sur l’affirmation suivante de Georges Black sur le mensonge : « Je crois que je préfère les gens qui ont le courage de dire la vérité. Je n’aime pas le mensonge, c’est vrai. Mais il m’arrive parfois de me sentir obligé de mentir, pour une raison précise. » (p. 90)
- Dans le cadre d’un débat, proposer aux élèves, regroupés en dyades, de prendre parti pour l’un ou l’autre des personnages, soit Robert ou Esthèle, et de défendre le point de vue du personnage qu’ils privilégient en ce qui concerne sa séparation. Les inviter à débattre la question devant leurs pairs.
- Animer une discussion sur le titre du roman, Le mensonge caméléon. Proposer aux élèves, réunis en dyades, d’imaginer un nouveau titre et de créer une nouvelle page couverture en fonction de ce titre. Les inviter à présenter leurs titres et leurs illustrations au groupe-classe, en prenant soin de les justifier.
Conseils d'utilisation
- Avant la lecture, aviser les élèves que la première partie ne trouvera son sens que lorsqu’ils auront lu les chapitres suivants.
- Après la lecture, inciter les élèves à relire le chapitre Rupture, soit celui sur le manuscrit de Robert, pour mieux saisir l’intrigue du roman.
Ressource(s) additionnelle(s)
- IDÉLLO.org, ressources éducatives en ligne, 9e à 12eannée, Série : Anatomie des fausses nouvelles, Viralité des fausses nouvelles.
- IDÉLLO.org, ressources éducatives en ligne, 11e et 12eannée, L’amour au XXIe siècle.
- IDÉLLO.org, ressources éducatives en ligne, 9e à 12e année, Série : La vie compliquée de Léa Olivier, C’est quoi l’amour?