- Un roman dans un roman (mise en abyme) : manuscrit sur un conflit conjugal servant de fil conducteur à un romancier désireux d’en faire son roman.
« La première partie, Rupture, est un texte trouvé. Il sera présenté tel quel, sans corrections, afin de montrer aux lecteurs que certains textes portent en eux une énergie particulière. Je n’ai pas voulu en transformer l’ordre, ni le contenu. Ces pages trouvées ont servi de prétexte pour écrire ce roman. » (p. 7)
« Je ne m’étais pas attendu à ce qu’elle me dise qu’elle voulait être seule. Qu’elle voulait vivre seule. Tout s’effondrait. Nous devions partir, changer de ville, changer de direction, changer de travail, changer de vie, bref, tout recommencer à zéro. » (p. 12)
« – Mais le texte est de vous?
– Je l’ai dans mon ordinateur, si vous voulez le voir. Vous voulez le publier tel quel?
– Mon idée, c’est d’en faire le premier chapitre de mon roman en le présentant comme un texte trouvé qui me servirait de point de départ. » (p. 80)
- Trois personnages principaux : l’écrivain Georges Black, sans matériel et sans idée pour un nouveau livre, et le couple formé d’Esthèle et de Robert, vivant les moments difficiles d’une séparation, tous trois s’imprégnant de la philosophie que leur enseigne la vie; personnages secondaires pratiquement relégués au rôle de figurants.
« Je n’avais plus le gout d’écrire et, tout d’un coup, je me trouve devant ces lignes qui me troublent, comme si j’avais à raconter cette histoire qui n’est pas tellement précise, qui laisse supposer des situations que je ne comprends pas. » (p. 53)
« – Vous connaissiez Robert et Esthèle?
Le pêcheur hésite.
– Pas beaucoup. C’était une étrangère. Elle passait et repassait sans jamais s’occuper des gens. Elle était très belle. Un jour, elle n’est plus apparue. Il était seul. » (p. 54)
« Dois-je compléter le message ou le détruire ou l’ignorer ou le garder? Il me parle de l’humain, du rapport qui existe entre les gens, entre lui et cette femme. Il y a un lien ici avec l’idée d’abandon. L’abandon dans le processus amoureux et après une rupture. Celui qui est abandonné. Ce que la vie réserve à un individu abandonné. Quelque chose d’incomplet. D’inachevé. » (p. 58)
« – …Ma rupture m’a appris à me regarder davantage. À regarder les autres, à créer des liens. À apprécier la beauté qui nous entoure. À refuser la tricherie. Pour moi, c’est la seule façon de procéder. Je suis responsable de moi, de mes opinions, de mes regards, de mes amis… » (p. 74)
« – Vous vivez seul?
– Oui. Depuis notre séparation, je n’ai pas eu le courage de m’embarquer dans une autre relation. Je ne me sentais pas la force d’affronter toutes les contradictions de cette fin de siècle. […] Je ne voulais porter que ma propre responsabilité. […] On doit se libérer des accusations réciproques et trouver un débouché à l’absurdité de vivre. Comprendre les stratèges de chacun. » (p. 81)
- Point de vue de la narration à la fois complexe et original : narrateur participant (Robert) dans le manuscrit d’environ trente-cinq pages que celui-ci a écrit et laissé dans son ancienne maison; narrateur participant (Georges) racontant ses états d’âme et les actions à prendre devant ce manuscrit qu’il a trouvé; narrateur omniscient révélant, dans les derniers chapitres, ce qu'il advient des trois personnages principaux.
« Cette idée d’être séparé d’elle accentue la séparation d’avec le monde. Je suis séparé d’elle et, par ce fait même, je suis séparé du monde et le monde est séparé de moi. » (p. 43)
« Ce texte pique ma curiosité et me donne envie d’agir au lieu de poireauter comme un adolescent. » (p. 53)
« – Robert Comtois?
– Oui.
– Je m’appelle Georges Black. J’habite une maison en Acadie, au bord de la mer, une maison que vous avez déjà habitée. J’y ai trouvé un texte dans un meuble. Je voudrais vous rencontrer pour en discuter. » (p. 78)
« Les amoureux se sont enfin retrouvés, un peu grâce aux recherches de Georges. L’enfant a scellé ce qui était resté en suspens. Il est possible que le roman chemine dans le même sens. » (p. 131)
« Esthèle ramasse le courrier avant d’entrer. Elle le remet à Robert […]
– Tiens, une lettre du Canada, dit-il. C’est le lancement du livre de Georges, Le mensonge caméléon. » (p. 141)
- Thèmes rebattus de la rupture, du mensonge, de l’adultère ponctués de moments d’accalmie que procurent de courts passages sur la nature.
« – …Je m’étais mis à boire, ce que font les gens lorsqu’ils perdent un certain contrôle sur les événements. Je venais d’essuyer une séparation en même temps que je perdais mon emploi. Je n’y étais pas préparé du tout. » (p. 80)
« Je regarde les champs recouverts de neige. La tempête a soufflé pendant deux jours. Elle a laissé sur son passage un paysage d’une sérénité imposante. Silencieuse. Tout repose dans un calme blanc et brillant et neuf et immaculé. Comme au premier jour de la création. » (p. 83)
« – …J’ai inséré le mot MENTIR dans son ordinateur pour qu’il comprenne que j’étais au courant de sa relation avec l’étudiante. » (p. 105)
« Nous nous perdons peu à peu dans les bois à nous raconter n’importe quoi. […] Le silence est partout comme une bénédiction. Je respire de grandes bouffées d’air. Je remplis mes poumons de ce nectar qui émane de partout. » (p. 106)