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Anatomie de la fiche Anatomie interactive
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2Le mensonge caméléon

Les gens en général, pour être convenables, pour ne pas choquer ou pour protéger les autres, racontent des faussetés. Je me demande si le fait de constamment en dire ne contribue pas à créer un état de confusion dans le monde. Un environnement de méfiance, de détournements, de faussetés qui s’ajustent à l’image que l’on veut projeter. La vérité, on la dit à des étrangers dans des bars. Celle qui n’a pas de lendemain. Dire la vérité serait porter sur soi une mauvaise odeur, comme une gêne. Peut-être que le mensonge est moins lourd ainsi.

(Tiré de la quatrième de couverture du livre.)

3 À propos du livre

Contenu

  • Un roman dans un roman (mise en abyme) : manuscrit sur un conflit conjugal servant de fil conducteur à un romancier désireux d’en faire son roman.

    « La première partie, Rupture, est un texte trouvé. Il sera présenté tel quel, sans corrections, afin de montrer aux lecteurs que certains textes portent en eux une énergie particulière. Je n’ai pas voulu en transformer l’ordre, ni le contenu. Ces pages trouvées ont servi de prétexte pour écrire ce roman. » (p. 7)

    « Je ne m’étais pas attendu à ce qu’elle me dise qu’elle voulait être seule. Qu’elle voulait vivre seule. Tout s’effondrait. Nous devions partir, changer de ville, changer de direction, changer de travail, changer de vie, bref, tout recommencer à zéro. » (p. 12)

    « – Mais le texte est de vous?
    – Je l’ai dans mon ordinateur, si vous voulez le voir. Vous voulez le publier tel quel?
    – Mon idée, c’est d’en faire le premier chapitre de mon roman en le présentant comme un texte trouvé qui me servirait de point de départ. » (p. 80)
     

  • Trois personnages principaux : l’écrivain Georges Black, sans matériel et sans idée pour un nouveau livre, et le couple formé d’Esthèle et de Robert, vivant les moments difficiles d’une séparation, tous trois s’imprégnant de la philosophie que leur enseigne la vie; personnages secondaires pratiquement relégués au rôle de figurants.

    « Je n’avais plus le gout d’écrire et, tout d’un coup, je me trouve devant ces lignes qui me troublent, comme si j’avais à raconter cette histoire qui n’est pas tellement précise, qui laisse supposer des situations que je ne comprends pas. » (p. 53)

    « – Vous connaissiez Robert et Esthèle?
    Le pêcheur hésite.
    – Pas beaucoup. C’était une étrangère. Elle passait et repassait sans jamais s’occuper des gens. Elle était très belle. Un jour, elle n’est plus apparue. Il était seul. » (p. 54)

    « Dois-je compléter le message ou le détruire ou l’ignorer ou le garder? Il me parle de l’humain, du rapport qui existe entre les gens, entre lui et cette femme. Il y a un lien ici avec l’idée d’abandon. L’abandon dans le processus amoureux et après une rupture. Celui qui est abandonné. Ce que la vie réserve à un individu abandonné. Quelque chose d’incomplet. D’inachevé. » (p. 58)

    « – …Ma rupture m’a appris à me regarder davantage. À regarder les autres, à créer des liens. À apprécier la beauté qui nous entoure. À refuser la tricherie. Pour moi, c’est la seule façon de procéder. Je suis responsable de moi, de mes opinions, de mes regards, de mes amis… » (p. 74)

    « – Vous vivez seul?
    – Oui. Depuis notre séparation, je n’ai pas eu le courage de m’embarquer dans une autre relation. Je ne me sentais pas la force d’affronter toutes les contradictions de cette fin de siècle. […] Je ne voulais porter que ma propre responsabilité. […] On doit se libérer des accusations réciproques et trouver un débouché à l’absurdité de vivre. Comprendre les stratèges de chacun. » (p. 81)
     

  • Point de vue de la narration à la fois complexe et original : narrateur participant (Robert) dans le manuscrit d’environ trente-cinq pages que celui-ci a écrit et laissé dans son ancienne maison; narrateur participant (Georges) racontant ses états d’âme et les actions à prendre devant ce manuscrit qu’il a trouvé; narrateur omniscient révélant, dans les derniers chapitres, ce qu'il advient des trois personnages principaux. 

    « Cette idée d’être séparé d’elle accentue la séparation d’avec le monde. Je suis séparé d’elle et, par ce fait même, je suis séparé du monde et le monde est séparé de moi. » (p. 43)

    « Ce texte pique ma curiosité et me donne envie d’agir au lieu de poireauter comme un adolescent. » (p. 53)

    « – Robert Comtois?
    – Oui.
    – Je m’appelle Georges Black. J’habite une maison en Acadie, au bord de la mer, une maison que vous avez déjà habitée. J’y ai trouvé un texte dans un meuble. Je voudrais vous rencontrer pour en discuter. » (p. 78)

    « Les amoureux se sont enfin retrouvés, un peu grâce aux recherches de Georges. L’enfant a scellé ce qui était resté en suspens. Il est possible que le roman chemine dans le même sens. » (p. 131)

    « Esthèle ramasse le courrier avant d’entrer. Elle le remet à Robert […]
    – Tiens, une lettre du Canada, dit-il. C’est le lancement du livre de Georges, Le mensonge caméléon. » (p. 141)
     

  • Thèmes rebattus de la rupture, du mensonge, de l’adultère ponctués de moments d’accalmie que procurent de courts passages sur la nature.

    « – …Je m’étais mis à boire, ce que font les gens lorsqu’ils perdent un certain contrôle sur les événements. Je venais d’essuyer une séparation en même temps que je perdais mon emploi. Je n’y étais pas préparé du tout. » (p. 80)

    « Je regarde les champs recouverts de neige. La tempête a soufflé pendant deux jours. Elle a laissé sur son passage un paysage d’une sérénité imposante. Silencieuse. Tout repose dans un calme blanc et brillant et neuf et immaculé. Comme au premier jour de la création. » (p. 83)

    « – …J’ai inséré le mot MENTIR dans son ordinateur pour qu’il comprenne que j’étais au courant de sa relation avec l’étudiante. » (p. 105)

    « Nous nous perdons peu à peu dans les bois à nous raconter n’importe quoi. […] Le silence est partout comme une bénédiction. Je respire de grandes bouffées d’air. Je remplis mes poumons de ce nectar qui émane de partout. » (p. 106)

Langue

  • Registre de langue courant dans l’ensemble de l’œuvre, marqué de rares passages familiers, notamment dans les séquences dialoguées.

    « Le rêve n’a pas d’âge, il se promène sans barrière, traverse le temps de ma vie, celle de mon père, de mon grand-père. Je me revêts de leurs rêves, de portes ouvertes sur des rues de pierre. Elle s’y promène en robe longue, disparait dans la foule des passants. » (p. 26)

    « – Allo, c’est Julie.
    – Julie! T’appelles de Vancouver?
    – Non, d’ici, de Saint-Maurice.
    – Pardon, je pensais à une autre Julie.
    – Je te réveille?
    – Ben oui. Je n’ai pas l’habitude de me coucher tard ces temps-ci. » (p. 36)
     

  • Quelques passages descriptifs composés de phrases courtes, souvent elliptiques, rappelant que l’auteur voit aussi avec ses yeux d’artiste-peintre.

    « Nous entrons dans une grande pièce. Sur le mur de droite, une cheminée ancienne. À gauche, une cuisine convenable. Devant une table, quatre chaises en bois. Tout au fond, un escalier en colimaçon qui monte à l’étage. Elle s’occupe de ses chats. » (p. 62)

    « Le taxi me dépose devant une maison en brique rouge, de style victorien. Au deuxième, un balcon avec des boiseries travaillées. Une maison ancienne. Je sonne. Un homme élégant, cheveux défaits, gris aux tempes, m’ouvre. » (p. 78-79)
     

  • Extraits de poésie dans le manuscrit de Robert, rédigés dans un langage métaphorique pour mieux masquer son désarroi dans la séparation. 

    « ta rue
    une déchirure
    un étendard bouge au vent
    plus rien ne peut m’arriver
    le noir envahit tout… » (p. 15) 

    « tout se confondait en une même chose
    la surface de l’eau les nuances les sons
    comme un dessin gommé
    comme un passage hors de lui-même
    comme un souvenir oublié
    une bouillie
    j’étais là dans l’instinct des choses
    en démesure
    hors foyer… » (p. 42)
     

  • Figures de style récurrentes, notamment la personnification, la comparaison, la métaphore et l’énumération, ajoutant de la couleur au texte. 

    « Nous marchions, je m’en souviens, la lumière jouait avec les feuilles, leur ombre dessinait des stratagèmes sur l’asphalte. » (p. 11)

    « Ce passage de la lumière à la noirceur suggère le passage de la vie à la mort, comme dans une noyade. Le souffle qui s’emplit de sable comme une chanson aux teintes de verre. » (p. 54-55)

    « Nous nous perdons dans la peinture, dans cette poésie de l’inconnu. Cette nouvelle façon de regarder, cette façon aussi de concevoir un espace, de raconter l’histoire. » (p. 87)

    « Il la laisse et dirige son attention sur ses tableaux, prenant soin de tout remarquer, les textures, les formes, les couleurs, la précision du geste, la force. Tout. » (p. 122)

Référent(s) culturel(s)

  • Quelques allusions à des auteurs et chanteurs de la francophonie internationale : Victor Hugo, Jules Barbey d’Aurevilly, Christian Bobin, Patrick Carré, Alexandra David-Néel, Léo Ferré, Patricia Kaas.

Pistes d'exploitation

  • Demander aux élèves de se renseigner sur l’auteur Roméo Savoie et de déterminer dans le roman les passages qui reflètent sa vie ou, tout au moins, ses connaissances (p. ex., à titre d’artiste, d’architecte, de poète).
  • Dans le cadre d’une table ronde, demander aux élèves de discuter de l’affirmation suivante de Georges Black sur le mensonge :
    « – Je crois que je préfère les gens qui ont le courage de dire la vérité. Je n’aime pas le mensonge, c’est vrai. Mais il m’arrive parfois de me sentir obligé de mentir, pour une raison précise. » (p. 90)
  • Dans le cadre d’un débat, proposer aux élèves de prendre parti pour l’un ou l’autre des personnages (Robert ou Esthèle) et de défendre le point de vue du personnage qu’ils privilégient en ce qui concerne sa séparation.
  • Demander aux élèves d’expliquer le titre du roman Le mensonge caméléon; par la suite, les inviter à imaginer un nouveau titre ainsi qu’une nouvelle page couverture en fonction de ce titre.

Conseils d'utilisation

  • Avant la lecture, aviser les élèves que la première partie ne trouvera son sens que lorsqu’ils auront lu les chapitres suivants.
  • Après la lecture, inciter les élèves à relire le chapitre Rupture, soit celui sur le manuscrit de Robert, pour mieux saisir l’intrigue du roman.

Ressource(s) additionnelle(s)

  • IDÉLLO.org, ressources éducatives en ligne, 9e à 12e année, Série : Presserebelle.com, Une toile de mensonges.
  • IDÉLLO.org, ressources éducatives en ligne, 9e à 12e année, Série : Ecce homo, L’amour.