Contenu
- Deux personnages principaux, Simon Dubreuil, jeune garçon enjoué, atteint de la trisomie 21, pris en charge par son oncle après la mort de ses parents, et sa cousine Julia, qui souffre elle aussi auprès de ses parents d’une vie avilissante et qui transforme ses moqueries en protection envers son cousin maltraité.
« Simon grandit à la ferme. Il était paisible, manifestait à chaque instant une humeur joyeuse qui influençait l’attitude des autres à son égard. Sa grande joie de vivre se révélait jusque dans ses rapports avec les animaux dont il avait la charge. […] Il travaillait dur et était fier d’accomplir les tâches qu’André lui confiait. » (p. 18)
« À la cuisine et au salon régnait un désordre inégalé. L’odeur d’une viande trop grillée dans du beurre noirci avait envahi les pièces et le relent de ce gras animal émanant du poêlon usé agaçait les narines de Simon. Humant cette odeur qui le transportait ailleurs, il savait malheureusement que rien à la table ne lui serait servi ce soir-là. Son ventre criait famine et il se tordait de douleur. » (p. 54-55)
« Elle était dégourdie, la Julia, pour une fille de treize ans! Elle marchait sur la route qui menait au ruisseau des truites en balançant ses hanches d’une manière qui l’aurait fait renvoyer de n’importe quel cloître. » (p. 59)
« Simon n’avait plus pensé aux conditions dans lesquelles il vivait depuis l’accident. Il marchait fièrement avec le seau qui se balançait à son bras, et Julia, derrière lui, regardait cet autre garçon qu’il était devenu à ses yeux et que, sous le pont, elle s’était engagée à aimer autrement. » (p.63)
- Personnages secondaires, tante Louise et oncle Gilbert, deux alcooliques violents qui maltraitent leur jeune neveu, le soldat Lacombe, ivrogne et cruel, qui encourage Gilbert dans sa tyrannie auprès de Simon et de ses chiens, ainsi que le médecin allemand prisonnier Walter Krüger, ami de Simon, dont l’amitié est un véritable baume sur la vie difficile du garçon.
« De son côté, tante Louise rouspétait contre leur situation misérable et faisait la vaisselle en buvant son premier whisky. Puis un deuxième. Et puis encore un autre jusqu’à ne plus pouvoir tenir debout. » (p. 25)
« Gilbert se pointa comme un lâche dans la cuisine, une bière à la main, les yeux remplis de cette furie meurtrière qui fait taire une victime au premier regard. Il ne regrettait pas son geste et avait pris plaisir à humilier l’enfant. » (p. 55)
« Ses lunettes fumées fièrement posées sur sa caboche et son uniforme recouvert par la fine poussière de la route, il baratinait à propos de ses exploits derrière une mitraillette imaginaire, avec un air si sûr de lui, qu’il était impossible de s’y méprendre : le soldat Lacombe était le plus grand mythomane des forces canadiennes. » (p. 65-66)
« À ses côtés se trouvait une armée de personnes, dont le capitaine, le docteur Walter Krüger de Hambourg. Il avait obtenu l’autorisation de venir voir son jeune ami après avoir participé à l’intervention chirurgicale pour lui sauver la vie. » (p. 109)
- Court roman échelonné sur une année, dont l’intrigue s’organise autour du triste quotidien de Simon; quelques retours en arrière sous la forme de souvenirs (p. ex., circonstances entourant la mort des parents de Simon, sa vie heureuse auprès de ses parents); thèmes (p. ex., amitié, alcoolisme, mauvais traitement, violence, guerre, empathie) aptes à intéresser le lectorat visé.
- Mise en page aérée; œuvre répartie en vingt-et-un chapitres numérotés en plus d’un épilogue; éléments graphiques (p. ex., italiques pour distinguer les mots allemands et anglais, tirets, guillemets, deux-points) facilitant l’interprétation de l’œuvre; titre d’une autre œuvre de l’auteur, dédicace et repère historique au début du livre; table des matières et liste d’autres œuvres de la même collection à la fin; renseignements biographiques sur l’auteur à la quatrième de couverture.
Langue
- Registre de langue courant dans l’ensemble de l’œuvre; mots moins connus (p. ex., lénifiantes, faméliques, cambouis, fluxion) compréhensibles grâce au contexte; mots écrits au son (p. ex., Chimonfébouahléchien) reflétant le langage et l’élocution de Simon.
- Phrases transformées et phrases à construction particulière; variété de types et de formes de phrases (p. ex., exclamatives, impératives, interrogatives) traduisant les pensées des personnages, tout en contribuant au rythme de la lecture.
« Le lendemain matin, vers six heures, Gilbert était déjà debout. Une bière à la main, il lui cria de se lever.
– Lève-toi, petit! Le travail n’attend pas!
Ce jour-là, malgré son sourire, il sembla à Simon qu’il s’enfonçait dans une servitude définitive et qu’il n’échapperait plus jamais à ce tortionnaire en puissance qui avait trouvé la solution aux problèmes que lui causait son alcoolisme : son neveu!
[…]
Quand Gilbert lui parla de la traite, Simon avait déjà oublié toutes les autres choses dont il avait la charge. Il se grattait la tête pour essayer de se rappeler ses tâches, que déjà Gilbert en rajoutait. Il se contentait de rire en regardant les bêtes dans l’enclos.
– Enfin! Ce sera toi maintenant l’homme de la cour. Tu comprends?
Simon ne comprenait pas davantage. » (p. 33-34)
- Nombreux procédés stylistiques (p. ex., comparaison, métonymie, énumération, personnification, métaphore) qui enrichissent le texte.
« Elle baissa les yeux, regardant le tapis anthracite à ses pieds, comme si elle ne voulait plus entendre les paroles du médecin, puis elle les releva doucement, prête à prendre de plein fouet le diagnostic foudroyant. » (p.17-18)
« Depuis toujours, Gilbert broyait du noir. Et là, avec son frère qui venait de mourir, c’était une catastrophe qu’il fallait engloutir dans le houblon. » (p. 25)
« La banque, de son côté, par respect pour ses politiques de recouvrement, avait saisi tout le reste : la maison, la ferme, le bétail, les oies, tout! » (p. 26)
« Là, dans la fraîcheur de l’eau qui l’enveloppait d’une allégresse infinie, sans conflits ni tensions, la rumeur de la rivière le berçait comme il ne l’avait pas été depuis longtemps. » (p. 42-43)
« Quand Simon y pénétra, la maison semblait dormir. » (p. 54)
- Séquences narratives et descriptives, entrecoupées de séquences dialoguées, qui précisent les événements et le passage du temps, décrivent les lieux, permettent de comprendre les liens entre les personnages et les pensées qui les habitent.
« Un nouveau sifflement se fit entendre. À la clôture, un soldat allemand leur fit signe d’approcher. Nerveusement, Simon fit quelques pas, mais n’osa pas avancer davantage. Julia demeura derrière lui. Le soldat chuchota :
– Bonjour! Moi, médecin Walter Krüger. Et toi?
Simon était nerveux. Il ne savait pas s’il devait lui parler. Mais il lui répondit.
– Chimon. Chimon Dubreuil.
Le soldat lança aux pieds du garçon un sifflet attaché à une ficelle. Comme tous les autres sifflets qu’il distribuait chaque jour aux enfants curieux qui passaient par là, celui-ci était taillé dans un bout de branche et était gravé au nom du soldat.
[…]
– C’est pour toi, petit!
Ensuite, il jeta un deuxième sifflet vers Julia qui courut le ramasser en souriant. Simon plaça le sien autour de son cou et Julia regarda le sien avec beaucoup d’attention.
– Mèchi!
Rempli de pitié pour le garçon, le soldat le salua chaleureusement, puis lui chuchota :
– Revenez me voir les petits!
Sans parler, Simon lui fit signe de la main; Julia le salua à son tour et tous les deux reprirent le chemin de la maison. » (p. 88-89)
Référent(s) culturel(s)
- Référence au village d’Espanola, village à forte population francophone, dans le nord de l’Ontario.
Pistes d'exploitation
- Proposer aux élèves, réunis en équipes, de mener une recherche sur la trisomie 21 en tenant compte de critères précis (p. ex., causes, types, traits physiques, soins de santé), puis d’en préparer une fiche descriptive. Les inviter à placer leur travail au centre de ressources de l’école.
- Demander aux élèves, regroupés en dyades, d’effectuer une recherche sur l’un des camps d’internement du Canada, puis de le comparer à celui du roman en tenant compte de critères précis (p. ex., conditions de vie, conséquences sur les prisonniers, retombées économiques sur les villages environnants). Les inviter à noter les ressemblances et les différences à l’aide d’un diagramme de Venn. Jumeler les équipes, puis leur demander de comparer leurs diagrammes.
- Suggérer aux élèves, regroupés en dyades, de rédiger une lettre à un service de protection des animaux tel que la Société pour la prévention de la cruauté envers les animaux afin de dénoncer la maltraitance des chiens dans le chenil de Gilbert et Louise Dubreuil, puis à proposer des solutions. Les inviter à lire leur lettre devant le groupe-classe.
Conseils d'utilisation
- Accorder une attention particulière aux sujets délicats dont on traite dans le roman (p. ex., abus, exploitation des enfants), qui sont justifiés par leur contribution au drame de l’intrigue.
- Avertir les élèves de l’emploi de termes péjoratifs par certains personnages pour qualifier Simon, qui est atteint de la trisomie 21, justifiés dans le roman pour caractériser la violence verbale dont il est victime (p. ex., pas normal (p. 17), idiot (p. 18), mongolien (p. 22)).
- Informer les élèves au sujet de la Journée mondiale de la trisomie 21, célébrée chaque année le 21 mars.
- Proposer aux élèves d’explorer le roman Besoin d’air, qui aborde le thème de la trisomie 21 et dont la fiche pédagogique se trouve dans FousDeLire.
- Consulter le cahier pédagogique sur le site de l’éditeur.
Ressource(s) additionnelle(s)
- IDÉLLO.org, ressources éducatives en ligne, 9e à 12e année, Série: Active-toi, Vivre avec une déficience.