- Récit façonné à partir d’un fait vécu; roman dur et dramatique, empreint de réalisme, sur le monde de la drogue et les ravages causés par ce fléau.
« Cette nuit-là, un vent chaud transportait l’odeur du pétrole en feu sur toute la plaine. La ville, qui s’était endormie dans la plus parfaite obscurité, s’était réveillée dans les cris et les hurlements déchirants des enfants et des femmes emprisonnés dans leurs maisons […] et s’était remplie de cette lueur vermeille qui illuminait de tous ses feux la ligne d’horizon de San Martín. » (p. 11)
« Maria Luisa résista. Puis, il la frappa violemment au visage avec la crosse de son arme avant de l’emmener dans la chambre où il continua de la frapper pendant qu’elle criait jusqu’à l’épuisement. » (p. 54)
« L’homme ligoté au poteau rouillé, cet homme qui ne leur avait rien fait du tout, cet homme qui leur avait donné tout ce qu’ils voulaient sans se défendre, sans rouspéter aucunement, s’affala au sol sur ses genoux, inerte. » (p. 102)
- Un personnage principal, Juan Esteban, haineux, misérable, sans pitié.
« Il était hargneux et cette acrimonie qui l’habitait, il la portait fièrement tous les jours de sa vie pour ne pas sombrer. » (p. 22)
« À dix-huit ans, il prenait déjà de la cocaína, parfois plus qu’il en vendait, mais c’était sa vie. » (p. 23)
« Il était devenu un autre homme, l’homme qu’il avait toujours été en fait, un homme terrible qui n’avait peur de rien. Il était capable de tuer pour le pétrole qu’il avait fini par croire sien et seulement sien. » (p. 114)
- Plusieurs personnages secondaires dont certains ne voulant que le bien de Juan Esteban (la dévouée Daniella et le père Fernando, son demi-frère Diego, sa mère Maria Luisa) et d’autres ne déployant que le mal avec lui (ses suiveurs Ernesto et Rodrigo, son père Paco, le souteneur Ramón).
« Daniela […] s’était tant dévouée pour les enfants, ces enfants que Fernando avait recueillis à la casa de niños. » (p. 12)
« Diego lui rendait visite une fois par semaine pour s’assurer que tout allait bien. » (p. 24)
« Maria Luisa lui disait qu’elle les aimait, plus que tout au monde, et qu’elle était bien, malgré la séparation. Il conservait ses lettres dans une boîte à chaussures… » (p. 31)
« Il lui piquait la revue la plus chère, lui jetait une pièce qui ne couvrait pas les frais du vieillard et repartait avec Ernesto et Rodrigo qui riaient de plus belle en se tapant dans le dos. » (p. 34-35)
« C’est avec Paco qu’il avait tout appris du métier, ce monde de la drogue dans lequel il était né. Il avait été un témoin privilégié de la déchéance de son père… » (p. 41)
« À ce moment précis, réalisant qu’il serait toujours soumis aux ordres de Ramón, ce souteneur sans scrupules, Juan Esteban comprit qu’il ne s’en sortirait jamais, que son avenir était tracé dans ce monde de la colère, de la haine et du sang. » (p. 111)
- Narrateur omniscient qui imprègne son récit de leçons de vie ciblant le lectorat estudiantin.
« – …Dis-toi bien que la drogue ne t’apportera que des ennuis et qu’un jour, tout ça n’existera plus. Tes amis qui t’admirent aujourd’hui t’abandonneront comme ils ont abandonné Paco. » (p. 81)
« Pourtant, il avait tellement cru que ces vols répétés allaient le récompenser un jour et lui permettre de s’offrir, rien qu’à lui, cette villa de Puebla dont il avait toujours rêvé. La vérité lui apparaissait maintenant si différente. » (p. 128)
« …le don suprême de la vie, ce don qui se fait sans jamais compter les heures, ni les chagrins qui l’accompagnent si souvent, ce don qui se fait sans jamais attendre la moindre chose en retour parce que la vie se donne entièrement quand l’homme est libre de se donner aux autres. » (p. 131)
« Maintenant, avec l’explosion qui l’avait défiguré à jamais, cette conviction qu’il avait toujours eue de pouvoir tout dominer, y compris les autres, cette conviction s’était évanouie, plus rapidement qu’elle n’était venue. » (p. 133)
- Séquences descriptives plutôt courtes contribuant tout de même à la compréhension de l’œuvre.
« Pour le reste, la maison était dans un état lamentable. Autour, rien d’agréable à regarder; les murs de la hutte étaient peints d’un jaune canari devenu sale au fil des ans, les deux fenêtres de devant étaient cassées, un gravier gris et des rocailles avaient été utilisés pour rechausser la fondation montée sur des blocs de béton fendus et réparés avec du mortier trop sablonneux qui s’effritait. » (p. 88)
« La chair de Juan Esteban était calcinée. Son visage, noirci. Du sang s’échappait des plaies. Ses cheveux étaient brûlés en mottes inégales et son bras droit, couvert de sang. » (p. 126)