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La Trahison

Le dramaturge Laurier Gareau nous présente un entretien passionné et passionnant entre Gabriel Dumont et le curé de sa paroisse, le père Moulin. Nous sommes en 1905 et le vieux Métis cherche la permission d’être enterré avec les siens dans le cimetière de Batoche.

Sa quête est un puissant plaidoyer où le père Moulin est appelé à faire son propre examen de conscience sur le rôle de l’Église catholique dans la rébellion de 1885. L’échange de points de vue entre les deux hommes met en doute les causes prétendues de la défaite des Métis contre le gouvernement canadien.

La Trahison est présentée avec The Betrayal, une adaptation de la même pièce pour le public anglophone, et un essai de Maurice Morin, Les Oubliés de l’histoire francophone. Ces trois textes mettent en question certaines interprétations de l’histoire tout en invitant le lecteur à découvrir un drame humain.

(Tiré de la quatrième de couverture du livre.)

À propos du livre

Contenu

  • Deux personnages masculins, Dumont, le rebelle, et Moulin, le curé du village.

    « Dumont      
    Ce vieux Métchif, ça veut être enterré su’e l’haut d’la butte… tourné vers la Fourche des Gros Ventres… tourné vers c’te terre que l’maudit blanc ça peut pas changer! » (p. 7)

    « Moulin       
    Seuls ceux qui ont fait leurs pâques peuvent être enterrés en terre bénite. » (p. 7)

    « Dumont                   
    Ça nous dit, les curés, que ça parle pour l’Bon Dieu.
    Moulin         
    Oui, c’est vrai.
    Dumont                   
    Pis que l’Bon Dieu, ça l’était avec nous aut’es… parce que les Métchifs, ça l’était des bons catholiques.
    Moulin                       
    Oui.
    Dumont        
    Mais pendant la bataille… les curés, ça l’était du côté d’la police…
    Moulin         
    Non Gabriel! 
    Dumont        
    Éhé!
    Moulin         
    Nous voulions seulement que la bataille prenne fin. » (p. 11)
     

  • Didascalies et indications scéniques permettant de préciser les décors, les accessoires, les costumes, les émotions, les mouvements et les pensées des personnages.

    « Lorsque les spectateurs arrivent, ils aperçoivent quelques chandelles qui brûlent sur l’autel au fond de la scène. En sourdine, ils entendent une musique d’orgue, soit des extraits de chant grégoriens. » (p. 3)

    « Dumont revient s’asseoir dans la chaise près de la tortue. Moulin vient s’asseoir sur le banc près de la table immédiatement en face de Gabriel. Il emprunte une position comme pour débattre la question. » (p. 17)

    « (Moulin se lève et se rend à l’autel au fond de la scène. Il prend l’étole qu’il place autour de son cou. Il revient s’asseoir près de Dumont. Les lumières baissent de moitié.) » (p. 34)

Langue

  • Registre courant et familier dans le cas de Moulin et emploi du dialecte métchif dans le cas de Dumont pour mieux refléter les origines du personnage.

    « Dumont
    Nous aut’es, les Métchifs, ça l’aime pas ça en parler, mais ça sait qu’la porte de c’te place-citte, ça l’est toujours ouvert… surtout pour la police. » (p. 4)

    « Moulin
    Gabriel, Louis Riel a fait sa paix avec son Église avant de mourir. Le père André était avec lui dans la prison à Regina. » (p. 30) 
     

  • Procédés linguistiques et stylistiques (p. ex., comparaison, énumération) permettant d’évoquer les émotions des personnages.

    « Dumont       
    Celles que ça l’a toute enterrées dans l’même trou… ensemble… comme des animaux… avec leues têtes d’l’aut’e côté d’la clôture. » (p. 6)

    « Dumont
    […] L’awasis de trois ans, la vieille veuve, le meilleur chasseur, la mère, tous ça l’est important. » (p. 16)
     

  • Champs lexicaux évocateurs des thèmes abordés dans l’œuvre (p. ex., la mort, la trahison, les croyances religieuses).

    « Dumont       
    (Ricanement.)  Pis, l’Pè’e Moulin, ça l’admet enfin que ça l’onvait trahi les Métchifs en 85. » (p. 19)

    « Dumont       
    […] Les Cris, ça va enterrer les morts sur une butte, face à l’Ouest. (Pause) Gabriel Dumont, ça l’aimerait ça si ça l’était enterré sur la butte dans l’cimetière, la face tournée vers la Fourche des Gros Ventres… vers l’Ouest… De même, si l’vieux curé, ça l’a pas raison pis les Sauvages, ça l’onvait raison… ben… l’vieux chasseur, ça pourrait trouver son dieu. » (p. 30)
     
    « Dumont
    Pis papa… pis Isidore… pis surtout Madeleine… ça l’a-tchi mouru pour rien? Si ça l’onvait  gagné la bataille, ça l’aurait pas mouru pour rien. » (p. 33)

Référent(s) culturel(s)

  • Référent historique : La rébellion des Métis de l’Ouest canadien menée par Louis Riel et Gabriel Dumont.
  • L’essai Les Oubliés de l’histoire francophone de Maurice Morin offre un bref survol de l’historiographie métisse contemporaine.

Pistes d'exploitation

  • Inviter les élèves à faire la lecture de l’essai de Maurice Morin, Les Oubliés de l’histoire francophoneet à relever dans la pièce les éléments qui montrent la réalité des Métchifs à l’époque des rébellions.
  • Demander aux élèves de décrire les effets de l’évangélisation des Amérindiens et des Métis sur leur mode de vie.
  • Inviter les élèves à lire la pièce dans les versions française et anglaise et à commenter leur compréhension de la pièce d’une langue à l’autre.

 

Conseils d'utilisation

  • Présenter aux élèves quelques notions d’histoire (Louis Riel, la Rébellion de 1885, les Métis, le rôle de l’Église…) afin qu’ils puissent davantage saisir les enjeux discutés dans l’œuvre.
  • Avant d’aborder la pièce, faire la lecture des Oubliés de l’histoire francophone (p. 77 à 98) et du Père Julien Moulin o.m.i. (p. 99-100).