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La nuit du subjonctif

Pierre Léon signe ici un recueil de nouvelles tantôt émouvantes, tantôt hilarantes ou même farfelues. La critique canadienne et européenne – du Devoir à Lettres Québécoises, en passant par Liaison, XYZ , Virages, L’Express, la French Review – a loué le sens dramatique, la verve, l’humour, le côté surréaliste et l’écriture impeccable de ses précédentes nouvelles. La nuit du subjonctif est de la même veine.

(Tiré du site de l’éditeur.)

 

À propos du livre

Contenu

  • Personnages principaux et secondaires différents dans chacune des nouvelles, dont des adultes et des enfants qui vivent des situations tantôt tragiques, tantôt ludiques.

« « Aisha! Aisha! » hurlait le petit Mohammed que son père tentait d’empêcher de crier en le serrant contre lui, dans la foule. L’enfant, un petit garçon de dix ans, sanglotait, ne comprenant pas qu’on veuille tuer sa sœur, Aisha, que des gardes étaient en train de ligoter. » (p. 45)

« Laporte et Desportes s’étaient rencontrés à la porte du collège. Ils étaient tous deux de Portes-lès-Valence où l’on trouve de nombreux patronymes avec la racine porte. Ils devinrent vite insupportables au collège et on les mit à la porte. » (p. 121)

  • Nouvelles à la fois touchantes et loufoques dans lesquelles l’auteur présente d’une façon originale des situations plausibles; quelques nouvelles qui deviennent prétextes au traitement de thèmes d’actualité (p. ex., la situation de la femme dans certaines sociétés); thèmes (p. ex., humour, racisme, commérage, famille) aptes à intéresser le lectorat visé.
  • Mise en page aérée; œuvre divisée en quatre parties et réparties en 26 nouvelles titrées; éléments graphiques (p. ex., lettrines marquant le début des chapitres, guillemets, majuscules, parenthèses, italiques) facilitant l’interprétation de l’œuvre; liste des œuvres de l’auteur au début et suite à la fin du livre; notes biographiques et table des matières à la fin; renseignements sur l’auteur à la quatrième de couverture.

Langue

  • Registre de langue courant dans l’ensemble des textes; mots moins connus (p. ex., aguicheurs, fallacieux, tourangelles, hétéroclite, écueils) et expressions du registre populaire dans certaines séquences dialoguées (p. ex., le pauv’ petiot, en aura-ti eu de la misère, ça va êt’ si bon, bentôt) compréhensibles à l’aide du contexte; écriture au son sans égard pour l’orthographe, néologismes, ironie quant aux règles de féminisation dans quelques passages (p. ex., Savakwa? Savapa? Lezirokwa? Noussava. Ifécho. Ouksékvouzalé? Chféskechpeu voupigékwa lezirokwa) injectant des brins d’humour dans les textes.
  • Phrases de base, phrases transformées et phrases à construction particulière; variété de types et de formes de phrases (p. ex., exclamative, déclarative, impérative, interrogative); courtes phrases lourdement ponctuées dans les dialogues, traduisant les émotions des personnages.

« – Une lettre pour vous, grand-mère! disait le facteur d’un ton faussement jovial.
– Oh! que v’là don une bonne nouvelle, s’exclamait Armance.
Et, comme par hasard, Jeanne passait par là, se réjouissant aussi de la nouvelle. Le subterfuge marchait à merveille.
– Entrez vite ma mignonne, vous allez ben me faire la lecture? C’est-ti ben lui qui m’écrit?
– Qui voudriez-vous que ce soit d’autre!
La petite vieille, de plus en plus frêle, de plus en plus courbée, ratatinée, se calait dans son fauteuil et, les mains jointes, attendait religieusement la lecture. C’était toujours la même histoire bien courte et vraisemblable que Jeanne venait répéter toutes les deux semaines. » (p. 68)

  • Figures de style (p. ex., périphrase, comparaison, énumération) qui illustrent le contexte des récits; nombreuses allitérations ajoutant de l’intérêt aux textes.

« Il avait bien tenté, autrefois, avec une barre à mine faisant levier, de faire dévaler la pente à ce monstre de grès. […] Le caillou restait là, planté dans la caillasse, comme un défi titanesque. » (p. 12)

« Ils étaient bons nageurs et restèrent dans l’eau jusqu’au coucher du soleil, quand la Loire devient rouge, comme un immense brasier. » (p. 42)

« Il organisa des promenades avec récitation de prières, projeta des pèlerinages avec pique-niques et des chemins de croix avec chapelet, dans les églises où il y avait eu des miracles récents, comme à l’Île Bouchard. » (p. 74)

« Follement parfumée, fière, farouche, Fanny fuit, fée effervescente. Face fastidieusement fardée fait Fanny figure factice, fleur fanée fantomatique. » (p. 124)

« Petit Poucet perdu, paniquait, pleurait, pestait. Pas possible! Perdu! Perdu pourquoi? Perdu par parents pauvres? » (p. 126)

  • Séquences descriptives précises et imagées, entrecoupées de séquences dialoguées, qui façonnent les personnages, définissent le lieu et le temps et aident à comprendre les relations qui existent entre eux.

« Elle continua à parler, volubile. Elle avait pris une décision de charme avec une intonation montant doucement en ses débuts de phrase et descendant ensuite, par vagues légères, très bas, mimant le geste de la caresse, auquel s’ajoutait un petit souffle amoureux. Elle s’arrêta soudain, se remettant à siroter son whiskey, rieuse, et distillant le silence qui venait de se faire entre eux. Elle le regardait intensément, en secouant ses boucles blondes, l’air de dire : allons, devinez ce que je pense? […]
– Saint-Joseph! Ce serait chouette. C’est tout près de là où j’habite. Je fais transférer mon dossier de l’Université de Cincinnati et je viens terminer mes prérequis de doctorat dans votre Département de linguistique!
– Vous me flattez, Mademoiselle!
– Oh! appelez-moi July, comme tout le monde.
– Je ne suis pas encore habitué à la vie américaine!
– Fred… – je peux? – vous vous y ferez et vous verrez que ça rend la vie plus facile que dans la vieille Europe.
C’était la première fois que le professeur Frederick Karlson s’entendit appeler Fred dans le monde des adultes universitaires. Il en eut un choc mais décida de s’en accommoder. » (p. 82-83)

Référent(s) culturel(s)

  • Quelques référents culturels de la francophonie internationale (p. ex., Chanel, Paris, Balzac, Molière).

Pistes d'exploitation

  • Proposer aux élèves, réunis en dyades, de lire la nouvelle intitulée Les lettres du prisonnier (p. 59 à 71), d’en relever les thèmes, d’expliquer la stratégie imaginée par Claudine pour que Madame Armance ne perde pas espoir de revoir Jacquot, et d’évaluer la pertinence de cette stratégie. Leur demander de trouver le dicton populaire qui s’applique le mieux à cette nouvelle. Animer une mise en commun afin de leur permettre de présenter leur travail au groupe-classe.
  • La nouvelle intitulée La prédiction représente une bonne occasion de mettre en lumière le sort réservé aux Roms, peuple nomade de l’Europe. Demander aux élèves, regroupés en équipes, de mener une recherche sur ce peuple afin d’expliquer sa situation actuelle (p. ex., retracer les origines des Roms, les raisons de leur nomadisme, leurs habitudes de vie), puis de présenter leur travail au groupe-classe sous forme d’infographie.
  • Proposer aux élèves, réunis en dyades, de lire la nouvelle La bande à Flora (p. 116 à 118), d’en relever les passages humoristiques et de s’en inspirer pour rédiger leur propre texte, mettant en scène un personnage dont les activités, le métier ou la profession se prête bien à des situations comiques. Jumeler les équipes, puis leur demander de présenter leur travail aux membres de leur groupe.

Conseils d'utilisation

  • Choisir judicieusement les nouvelles à lire avec les élèves puisque certaines sont destinées à un lectorat averti (p. ex., La surprise du Grand Hôtel de la Gare et des Sports, Pour un parfum, Mais est-ce bien vrai?, Héroïsme féminin, Un modèle génératif et transformationnel). Ces nouvelles renferment des références aux relations hommes-femmes et à la sexualité.
  • Inciter les élèves à lire une autre œuvre du même auteur, soit Les rognons du chat, dont la fiche pédagogique se trouve dans FousDeLire.