- Intrigue rapide aux nombreuses péripéties reliées à l’élimination des gens dont le nom de famille commence par la lettre F et menant à un dénouement inattendu.
« Tout a sans doute commencé quand j’ai rencontré Daniel Fauteux. Et tout serait quand même arrivé si je ne l’avais pas croisé sur mon chemin cet après-midi, vers cinq heures, en rentrant chez moi après ma journée de travail. » (p. 9)
« J’étais coincé. Le décret du ministère recevait partout un accueil chaleureux. Comment pouvait-on critiquer la politique sociale qui avait fait de nous un peuple prospère et sans problèmes? Moi-même, je ne songeais guère à me révolter. Je voulais sauver ma peau, c’est tout. » (p. 59)
« En sortant du restaurant, je me suis mis en quête d’un hôtel. J’ai choisi, par instinct, par habitude, un hôtel miteux qui ne devait pas coûter cher. Le préposé m’observa, soupçonneux. Il y avait deux jeunes accoudés au comptoir. Mais qu’avais-je à craindre? » (p. 145-146)
- Personnages secondaires le plus souvent décrits en fonction de leur rôle dans l’intrigue du roman.
« Fauteux m’avait donc fait une grande impression et je l’ai tout de suite reconnu. Il avait toutefois changé. En classe, il était alerte, attentif, le regard sautillant, parfois espiègle. Là, il affichait une expression concentrée, presque dure, le visage de quelqu’un qui a pris une grande décision, une décision difficile.
– Bonjour, monsieur Fauteux.
– Tu tombes bien, dit-il. J’avais envie de dire au revoir à quelqu’un.
– Vous partez? Un voyage?
Il se contenta de sourire. » (p. 11)
« – C’est nous qui avons raison. Nous pourrons donc dire aux autres ce qu’ils doivent faire et ce qu’ils doivent penser.
Nous avons continué à discuter. Gilles était du genre intellectuel, il aimait qu’on ne soit pas d’accord avec lui, il adorait les débats qui lui fournissaient l’occasion de briller, de s’imposer.
Il devait quand même me trouver décevant, vu que je ne voulais pas jouer son jeu. » (p. 96)
- Narration posthume faite par le personnage principal, Serge Féneau, lui-même assassiné à la fin du roman.
« Effaré, la gorge pleine de sang, râlant, je le regardais. » (p. 146)
- Œuvre fondée sur des sujets et des thèmes délicats (p. ex., les préjugés, la discrimination, l’intolérance, les meurtres) dans laquelle la fiction côtoie la réalité.
« Il était tellement évident, aux yeux du ministère, que la cohabitation fait plus de tort que de bien! Les gens avaient d’abord été découragés de vivre ensemble, en famille ou entre amis, puis en avaient perdu l’habitude. » (p. 31)
« – Un nom, c’est quelque chose d’artificiel, affirma-t-il. En éliminant les F, mon cher ami, on ne fait aucune distinction d’âge, de sexe, de mœurs, de couleur, de croyance, de culture. Je suis sûr, positivement sûr, que la société n’y perdra rien. Bien entendu, on tuera quelques savants, des poètes, des amis, des techniciens. Ce qu’il ne faut pas oublier, c’est que l’ordinateur du ministère est programmé de façon à voir toutes les possibilités. » (p. 56-57)
- Œuvre dérangeante par son contenu et ses scènes de violence.
« Comme il restait de moins en moins de F, on se mettait souvent à plusieurs pour les tuer. La méthode la plus usuelle était l’étranglement, généralement avec une bonne ficelle, mais j’ai vu des vidéos saisissantes : ici, on voyait des gens retenir un homme à terre pendant qu’un camion lui écrasait la tête; là, on précipitait une femme du haut d’un édifice; ailleurs, on électrocutait, on broyait, on plongeait les victimes dans des bassins d’acide. Ces scènes se déroulaient bien des fois sous le regard bienveillant d’un agent de police. » (p. 74-75)
« Elle se badigeonna le doigt avec le peu de sang qui jaillissait de la blessure et marqua un grand F sur le front de la victime.
On crachait sur le corps. Certains lui donnaient des coups de pied. On me félicitait. » (p. 86)