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Anatomie de la fiche Anatomie interactive
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2La lettre f

« Ce n’était pas la première fois que je voyais quelqu’un mourir. Cette fois, c’était très spécial, parce que je connaissais bien Daniel Fauteux.

…À certains moments, c’était le grand ménage et on menait de grandes opérations d’assainissement.

Les coupables n’étaient jamais punis.

Jamais.

Alors, soudain, j’ai compris. Mes mains tremblaient. Je fis un effort pour me calmer, car ma nervosité pouvait me rendre suspect. C’était vraiment le moment où il fallait passer inaperçu. J’ai réussi à me contrôler et je me suis enfui. »

(Tiré de la quatrième de couverture du livre.)

3 À propos du livre

Contenu

  • Intrigue rapide aux nombreuses péripéties reliées à l’élimination des gens dont le nom de famille commence par la lettre F et menant à un dénouement inattendu.

    « Tout a sans doute commencé quand j’ai rencontré Daniel Fauteux. Et tout serait quand même arrivé si je ne l’avais pas croisé sur mon chemin cet après-midi, vers cinq heures, en rentrant chez moi après ma journée de travail. » (p. 9)

    « J’étais coincé. Le décret du ministère recevait partout un accueil chaleureux. Comment pouvait-on critiquer la politique sociale qui avait fait de nous un peuple prospère et sans problèmes? Moi-même, je ne songeais guère à me révolter. Je voulais sauver ma peau, c’est tout. » (p. 59)

    « En sortant du restaurant, je me suis mis en quête d’un hôtel. J’ai choisi, par instinct, par habitude, un hôtel miteux qui ne devait pas coûter cher. Le préposé m’observa, soupçonneux. Il y avait deux jeunes accoudés au comptoir. Mais qu’avais-je à craindre? » (p. 145-146)
     

  • Personnages secondaires le plus souvent décrits en fonction de leur rôle dans l’intrigue du roman.

    « Fauteux m’avait donc fait une grande impression et je l’ai tout de suite reconnu. Il avait toutefois changé. En classe, il était alerte, attentif, le regard sautillant, parfois espiègle. Là, il affichait une expression concentrée, presque dure, le visage de quelqu’un qui a pris une grande décision, une décision difficile.
    – Bonjour, monsieur Fauteux.
    – Tu tombes bien, dit-il. J’avais envie de dire au revoir à quelqu’un.
    – Vous partez? Un voyage?
    Il se contenta de sourire. » (p. 11)

    « – C’est nous qui avons raison. Nous pourrons donc dire aux autres ce qu’ils doivent faire et ce qu’ils doivent penser.
    Nous avons continué à discuter. Gilles était du genre intellectuel, il aimait qu’on ne soit pas d’accord avec lui, il adorait les débats qui lui fournissaient l’occasion de briller, de s’imposer.
    Il devait quand même me trouver décevant, vu que je ne voulais pas jouer son jeu. » (p. 96)
     

  • Narration posthume faite par le personnage principal, Serge Féneau, lui-même assassiné à la fin du roman.

    « Effaré, la gorge pleine de sang, râlant, je le regardais. » (p. 146)
     

  • Œuvre fondée sur des sujets et des thèmes délicats (p. ex., les préjugés, la discrimination, l’intolérance, les meurtres) dans laquelle la fiction côtoie la réalité.

    « Il était tellement évident, aux yeux du ministère, que la cohabitation fait plus de tort que de bien! Les gens avaient d’abord été découragés de vivre ensemble, en famille ou entre amis, puis en avaient perdu l’habitude. » (p. 31)

    « – Un nom, c’est quelque chose d’artificiel, affirma-t-il. En éliminant les F, mon cher ami, on ne fait aucune distinction d’âge, de sexe, de mœurs, de couleur, de croyance, de culture. Je suis sûr, positivement sûr, que la société n’y perdra rien. Bien entendu, on tuera quelques savants, des poètes, des amis, des techniciens. Ce qu’il ne faut pas oublier, c’est que l’ordinateur du ministère est programmé de façon à voir toutes les possibilités. » (p. 56-57)
     

  • Œuvre dérangeante par son contenu et ses scènes de violence.

    « Comme il restait de moins en moins de F, on se mettait souvent à plusieurs pour les tuer. La méthode la plus usuelle était l’étranglement, généralement avec une bonne ficelle, mais j’ai vu des vidéos saisissantes : ici, on voyait des gens retenir un homme à terre pendant qu’un camion lui écrasait la tête; là, on précipitait une femme du haut d’un édifice; ailleurs, on électrocutait, on broyait, on plongeait les victimes dans des bassins d’acide. Ces scènes se déroulaient bien des fois sous le regard bienveillant d’un agent de police. » (p. 74-75)

    « Elle se badigeonna le doigt avec le peu de sang qui jaillissait de la blessure et marqua un grand F sur le front de la victime.
    On crachait sur le corps. Certains lui donnaient des coups de pied. On me félicitait. » (p. 86)

Langue

  • Registre courant dans l’ensemble de l’œuvre.

    « Donc, si je n’approuvais pas le décret, c’était par égoïsme, parce que j’en étais la cible. Certains F, plus dévoués, l’acceptaient sans doute avec abnégation. » (p. 59)

    « Notre système était plus rationnel que les tâtonnements du passé. Jadis, ces deux êtres esseulés seraient demeurés chacun de son côté. Le système de rencontres administré par le ministère constituait quand même un progrès. » (p. 76)
     

  • Descriptions nombreuses permettant de mieux comprendre les émotions du personnage principal (p. ex., la peur, le désespoir, la solitude) durant sa lutte pour la survie.

    « J’ai applaudi, comme les autres. Frénétiquement. Car, malgré mon envie de fuir, je comprenais maintenant qu’une place publique était le dernier endroit où me cacher. Si par hasard un passant me reconnaissait, je me trouvais à la merci de la foule.
    La peur me prit. Une peur angoissante, terrible. Qu’un seul être me vît, qui me connaissait, et c’en était fini. » (p. 48)

    « Personne n’avait pris la peine de vérifier l’identité de ma victime. On s’était fié à ma parole. J’étais devenu semblable aux autres, tous convaincus de la nécessité d’éliminer les F. J’étais au bout de mes ressources, rongé par le désespoir. Alors, qu’est-ce que cela pouvait bien me faire que les gens vivent ou meurent? » (p. 91-92)

    « J’avais l’air d’un vagabond, comme la majorité des gens que je croisais. Tant mieux, je passais inaperçu, je n’attirais pas l’attention, je n’étais pas une cible.
    Un soir, je me suis mis à rôder autour des quais. Je voulais rencontrer quelqu’un, parler à un être humain, établir un contact. » (p. 127)
     

  • Usage abondant de mots et de noms commençant par la lettre F illustrant l’absurdité de la situation décrite dans le roman.

    « Serions-nous ce que nous sommes, aurions-nous atteint notre niveau de civilisation, sans les machines de Fulton, sans le paratonnerre de Franklin, sans la politique éclairée de François 1er, sans l’action civilisatrice du grand Frédéric, sans les brillantes théories de Charles Fourier, sans les véhicules de Henry Ford, sans la physique des particules de Fermi? » (p. 100)

    « – Car qu’arrivera-t-il si on n’intervient pas? lança un autre. Le ministère décrétera la destruction de Florence, de Francfort, de la Finlande, de la France! Mais oui!
    – Et on nous interdira de manger des fraises, du flétan, du foie, des framboises, du fromage! ajouta une fille, l’air bouleversé. » (p. 101)

Pistes d'exploitation

  • À la suite de la lecture du mot de l’auteur (p. 149), discuter de ce qui semble être l’intention de l’auteur dans l’écriture de cette œuvre et juger s’il a réussi à atteindre son but ou non.
  • Tant par le contenu (p. ex., les sujets, les personnages) que par la forme (p. ex., la structure du roman, le rythme de la narration), l’auteur crée une ambiance dérangeante. Trouver et discuter des moyens littéraires qu’utilise l’auteur pour créer cette atmosphère.
  • Relever dans cette apologie des exemples de citoyens qui acceptent les décisions de leur gouvernement, de ceux qui s’y résignent et de ceux qui s’y opposent. Discuter ensuite de la fragilité de la liberté d’un individu et de la démocratie.
  • Dans un cours de science sociale, discuter du rôle de l’ordinateur tel que perçu par les personnages du roman.

 

Conseils d'utilisation

  • Tenir compte du fait que l’œuvre comporte des scènes de violence et des sujets délicats qu’il faut comprendre dans le contexte d’un récit fictif à portée morale.
  • Établir des liens entre cette œuvre et La ferme des animaux de George Orwell, œuvre que certains élèves auront déjà lue.