- Sur fond de famille reconstituée, intrigue simple, mais porteuse de grandes questions philosophiques sur la vie, la mort, la difficulté de l’existence humaine et même du mal du siècle dont semblent être affligés plusieurs des personnages.
« Yann dit […] "Ma mère, c’est Camille. Celle de Xavier, c’est Frédérique. Et la tienne, Ariane, comment elle s’appelle?"
"Claire", leur dit Ariane. » (p. 16)
« "À quoi ça sert de se moquer tout le temps? Ça nous avance comment, de nous faire dire que la vie est dure, que le bonheur, c’est une illusion, et que le Bon Dieu, il fait pas sa job?" » (p. 109)
« Aujourd’hui, s’était dit Ariane, on descend dans la rue pour l’homme, pour la vie, pour le fol espoir : le remède rêvé contre le mal du siècle. » (p. 165)
- Un personnage principal, Ariane, autour de laquelle gravitent toute l’action et la psychologie du roman; une protagoniste au caractère contradictoire, à la fois conscientisée et délaissée par la vie.
« Elle avait voulu […] reconnaître le père, son père, dans l’étranger. Et elle avait pris la mesure, alors, du vide qu’il avait laissé dans sa vie… » (p. 71)
« "Oui, bien sûr, Ariane. On sait bien ce que tu veux maintenant. […] Tu veux mettre fin à la guerre. Tu veux creuser des puits et semer le grain et nourrir les pauvres. Tu veux guérir les malades, protéger les enfants, sauver l’humanité." » (p. 111)
« Mais comment se retrouver dans toutes ces contradictions? Elle n’a jamais été si heureuse, elle est au bord du désespoir. […] Elle se mariera, elle ne se mariera pas, elle sera la maîtresse de quatre hommes différents. Elle sera nonne, elle sera vamp… » (p. 144)
« "Je sais que la mort de Jean-Loup l’a changée. Je sais que depuis qu’il est parti, il n’y a plus rien qui compte pour Ariane. L’école, elle s’en moque, de nous, de ses amis, de ses plans d’avenir… Elle s’est détachée de tout, Ariane…" » (p. 190)
- Plusieurs personnages secondaires, la plupart membres de la famille reconstituée d’Ariane : son père, Cédric LeGoff, sa mère, Claire, son ami de cœur, Jean-Loup et ses demi-frères, Xavier et Yann.
« Oui, je pense vraiment qu’elle est comme vous, Monsieur LeGoff. Parce qu’en général, elle est facile à vivre, ma mère, mais il y a des jours, aussi, où elle broie du noir. » (p. 43)
« Mais dans la figure de Jean-Loup, aucune peur, aucun recul. Qu’un profond respect, dans son regard. Qu’une patience infinie. » (p. 116)
« …Xavier avait besoin de raconter, tout de suite, à cette femme qui l’écoutait, la cruauté nonchalante de sa mère. […] Claire n’avait pas quitté des yeux le visage du garçon. Bercé par son regard, soutenu, consolé, il avait trouvé les mots pour dire sa solitude. » (p. 184)
- Huit dessins style vignettes, avec légende, du bédéiste Cédric, dispersés dans l’œuvre et montrant deux personnages, Daru et Balducci, qui se font mutuellement la morale, comme Cédric et Ariane.
« Yann, qui lit au coude d’Ariane, ne peut pas s’empêcher de rire. […] "C’est pas pour tout le monde, ce genre d’humour. […] J’avoue que c’est un peu spécial… Un mélange, si tu veux, de Samuel Beckett et d’Émile Ajar." » (p. 21)
« On a toujours besoin des autres, Balducci. On ne peut pas passer sa vie à se détester soi-même. » (p. 113)
« L’amour, c’est une tentative de fuite qui ne sert à rien, Daru, parce que la vie court toujours plus vite que vous. » (p. 162)
- Narratrice omnisciente, qui suit Ariane dans son quotidien, devenant narratrice participante, jouée par Claire une première fois dans le but de se raconter, et, par la suite, partagée entre Ariane et Claire dans leur correspondance épistolaire, ajoutant au sentimentalisme de l’œuvre.
« Ariane s’arrête un moment à la clôture pour écouter son cœur inquiet. » (p. 11)
« Depuis qu'elle a décidé de partir à la recherche de l'homme avec qui je l'ai faite, je retourne souvent, en pensée, à cet été, à ces nuits, à ces semaines après qu'il m'eût quittée. » (p. 24)
« Ah oui. J'ai décidé que je déteste la ville. Il y a trop de bruit, trop d'autos, trop de mauvaises odeurs. Puis je m'habitue pas, non plus, à avoir des voisins. » (p. 93)
« … je ne cherchais qu'à contrôler Ariane, à la manipuler, je voulais la dominer, l'étouffer, l'empêcher de vivre. J'étais, en fin de compte, trop mère… » (p. 148)