Anatomie de la fiche Anatomie interactive
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Épinal

Un bar d’hôtel sombre, désert, en plein cœur de l’après-midi. Un waiter désœuvré, assoiffé de contact. Et voilà qu’un rare client se présente, refoulé dans ce lieu clos par un contretemps.

La partie qu’engage alors le waiter bavard, avide de percer le mystère de cet interlocuteur discret, effacé, se transforme, l’espace d’un verre, en un duel sans merci.

(Tiré de la quatrième de couverture du livre.)

À propos du livre

Contenu

  • Deux personnages, le waiter et l’homme, décrits par des didascalies, des indications scéniques et un dialogue qui devient de plus en plus agressif.

    « Un homme entre, une mallette à la main. Il porte un habit, chemise blanche, cravate, l’uniforme d’un cadre, quoi. Il n’est pas nécessairement bel homme. Il passerait inaperçu dans une foule, un de ces bons petits bourgeois comme on en voit partout. Le genre qui a fait son chemin dans la vie en étant un bon lieutenant. Il inspire la stabilité plutôt que le leadership et l’innovation. » (p. 11)

    « WAITER
    Faut pas trop s’en faire pour ça… Tu sais, moi des fois, quand je commence à parler… Je passe trop de temps tout seul, j’ai rien d’autre à faire que de suivre mes idées : l’ange de Dieu, Sodome et Gomorrhe, Caïn et Abel. Ça veut pas dire que j’y crois. Je pense tout haut, c’est tout. Je dis n’importe quoi. Je parle pour parler. Je pense tout haut pis ça sort tout croche. » (p. 25-26)

    « Il faut laisser l’auditoire glaner l’information d’après les indices trouvés dans les paroles et gestes des personnages. » (p. 83)
     

  • Thèmes se rapportant au monde intérieur des personnages, aux troubles profonds, normalement refoulés (p. ex., la peur, le désir de vengeance, le dégoût).

    « HOMME
    Je ne suis pas un homme avec de grands moyens, mais je suis convaincu qu’on peut s’entendre sur un… quelque chose… qui pourrait te convaincre que ma solution est la plus avantageuse.
    WAITER
    Tu vois, c’est exactement ce que je disais : t’as la peur écrite partout dans le visage. » (p. 62)

    « WAITER
    Je vais te dire ce que ça me fait : il vient un temps où tu t’écœures de voir des gars comme toi pis d’être obligé de te fermer la gueule parce qu’on dit que ça te regarde pas. Ben moi, j’ai décidé que c’était le temps que ça me regarde. » (p. 67) 

    « HOMME
    Pour qui te prends-tu? Hein? Pour qui te prends-tu de jouer avec les gens comme ça? Quelle [sic] manque de respect… Quelle… quelle arrogance… Quelle insouciance de ton prochain. » (p. 77)
     

  • Sujets délicats et préjugés prenant de l’ampleur et devenant, ensemble, le pivot de la pièce (p. ex., préjugés envers les femmes, violence, infidélité).

    « WAITER
    […] pis là moi, je te fais un clin d’œil en voulant dire que je t’admire d’avoir le culot d’en prendre plus que ta part, pis d’avoir les « guts » de suivre ton impératif biologique pis de « semer à tout vent »… Pis là on se regarde pis on sourit comme pour dire : « on va les avoir les maudites femmes, on va leur montrer. » T’sais j’veux dire, des choses entre gars. » (p.34)

    « WAITER
    Ça, c’est une grande leçon que j’ai apprise « over and over » dans ma vie : celui qui est capable de se défaire de l’endoctrinement de la société pis qui est prêt à se servir de la violence, sans hésitation, sans se soucier du mal qu’il pourrait faire aux autres, celui-là, c’est toujours lui qui a l’avantage. » (p. 43)
     

  • Pièce de théâtre en un acte, rédigée en temps réel.

    « La pièce commence quand l’homme arrive dans le bar et se termine lorsque l’homme quitte le bar. Ça, ça permet aux personnages de réagir l’un à l’autre sur le coup, émotivement, à partir des tripes. Comme ça, même si les enjeux ne sont pas très élevés, les personnages peuvent réagir de façon assez surprenante puisqu’ils n’ont aucun recul sur la situation. » (p. 82-83)

Langue

  • Selon le contexte et l’interlocuteur, registre de langue courant, populaire ou familier.

    « HOMME
    Tu ne voulais peut-être rien au début, mais maintenant que l’occasion se présente, tu dois sûrement te rendre compte que ton silence est de loin le plus profitable. » (p. 62)

    « WAITER
    …ça ressemble pas à l’amour pantoute. » (p. 64)

    « WAITER
    Parce que mon intuition me dit que je suis sur le bord de te mettre dans la grosse marde. » (p. 66)

Pistes d'exploitation

  • Imaginer qu’à la suite de cette rencontre, chacun des deux personnages, séparément, raconte à un ami, ou à une amie, ce qu’il a vécu durant cette heure de confrontation avec un étranger. Écrire le texte à la première personne du singulier.
  • Inviter les élèves à discuter de la question suivante : « Y a-t-il, dans Épinal, un gagnant et un perdant? ».
  • Inviter les élèves à créer une mise en scène à partir de leur interprétation de la pièce. Comparer celle-ci à celle que l’on voit sur les photographies aux pages 47 à 50. 

Conseils d'utilisation

  • Avant d’entreprendre la lecture de la pièce avec les élèves, aborder les sujets délicats (p. ex., l’infidélité, les préjugés) selon le contexte dans lequel sont présentés les deux personnages.
  • Avec les élèves, lire la préface et la postface pour mieux comprendre les idées et la création de l’œuvre.
  • À partir de ce qu’on lit dans la postface, expliquer et illustrer ce qu’est l’écriture en temps réel.