- Registre de langue courant dans l’ensemble de l’œuvre; présence de mots et d’expressions appartenant davantage au français européen (p. ex., trouillards, clodos, clébards, fastoche); mots difficiles pouvant être définis dans leur contexte.
« Ils se sont passé la photo en baragouinant des trucs que j’ai pas compris pendant que les sales clébards me tournaient autour. "Devlesa", il a dit, le dernier, en me la rendant. Toute gondolée, du coup. J’ai foutu le camp, surtout qu’un gros chien grognait à cause de Suétone.
Pas super, hein! Franchement, ça rime à rien, cette histoire. Je sais plus à quoi m’en tenir.
A+
A.B.
P.S : Ne crois pas que ça m’amuse de t’écrire des tartines (surtout que je suis pas certain que ton petit cerveau a tout compris). » (p. 43)
« Quatre jours plus tard, j’ai ramené un 10 sur 10. Maman m’a serrée dans ses bras. J’ai cru que j’allais étouffer. Elle a pris mon courrier dans son sac. Encore un petit clin d’œil et elle a filé. C’était sa soirée. Mais j’avais envie qu’elle reste. J’ai foncé pour la rattraper. Je suis arrivée juste à temps. Et je l’ai vue entrer dans le break de papa. Ça alors! Petites canailles! (p. 57)
- Texte contenant une variété de types et de formes de phrases qui contribuent à la lisibilité de l’oeuvre; omission fréquente de l’adverbe de négation ne, ce qui relève du registre de langue familier.
« J’ai cherché pendant deux jours cette satanée solution. J’ai retourné la phrase dans tous les sens et beaucoup tourné en rond. Pas d’idée. Je suis pourtant une spécialiste des charades et énigmes en tout genre. Grrrr. Qu’est-ce qu’il croyait, ce morveux? Que je me laisserais avoir aussi facilement? Il me fallait juste un peu de temps. Papa disait toujours : on ne remarque pas les choses qui se voient comme le nez au milieu de la figure. Ça devait être ça. » (p. 18-19)
« Pour faire court, il a été séparé de sa famille quand il avait plus ou moins mon âge. Des gens gentils (mes grands-parents) se sont occupés de lui et il est un peu devenu leur fils. Il a eu beaucoup de chance, il a insisté. Puis, il a rencontré ma mère. Elle a pas eu de bol non plus, elle. Orpheline. Elle est venue habiter chez mes grands-parents pour apprendre le français. Ils ont été amoureux (beurk) et, quand je suis né, elle est retournée (en voyage soi-disant) en Angleterre. Elle est jamais revenue. En fait, elle nous a abandonnés (même si mon père pense que non). Bref. Je lui en veux pas. On peut pas en vouloir aux gens qu’on connaît pas, non? » (p. 63-64)
- Quelques figures de style (p. ex., métaphores, énumérations, comparaisons) qui agrémentent la lecture.
« Je me suis blottie sous les couvertures. Il n’était que 19 heures et mon cœur frappait ses gros poings contre ma poitrine. J’ai mis le dictaphone en marche mais je n’avais pas envie d’écouter le rire de maman. » (p. 28)
« Mes fonctions :
1. Faire des hypothèses.
2. Te prévenir quand les tiennes sont illogiques.
3. Me renseigner dans la mesure de mes possibilités (je te rappelle que j’habite au fin fond de la campagne!).
Tes fonctions :
1. Suivre mes directives sans rouspéter.
2. Vérifier mes hypothèses, même si cela demande du temps. » (p. 31)
« Certains jours ont un faux air de fête. Mes vacances de Noël n’étaient pas terribles – il n’avait pas encore neigé et ma série avait été remplacée par des Walt Disney débiles. Le réveillon les a définitivement classés parmi les journées les plus déprimantes de ma courte vie. Et je n’avais même plus l’occasion de m’épancher auprès de Martin, qui roucoulait comme un pigeon au printemps avec sa nouvelle copine. » (p. 39-40)
- Séquences descriptives qui révèlent les émotions ressenties par les personnages et permettent de se situer dans le temps et le lieu de l’action.
« Je n’ai plus envoyé de lettre à Arthur. Et ce morveux n’a pas pris la peine de se manifester. Il est comme les autres. Je le déteste. Il s’en fiche, de mes états d’âme. Je suis sûre que papa, lui, comprendrait. Il me manque. Même si je ne connais pas sa nouvelle adresse, je lui ai écrit un petit mot. Pour faire comme si. » (p. 54)
« Il n’est pas facile de s’habituer au bonheur. J’avais l’impression que plus rien de palpitant ne m’attendait. Tout était rentré dans l’ordre. Même si ce n’était pas vraiment comme avant. J’avais obtenu un beau bulletin et je profitais du printemps naissant pour pédaler à en perdre la raison. Papa avait assisté au spectacle de mon école. Il avait pris beaucoup de photos. J’étais persuadée qu’il reviendrait bientôt à la maison. Je guettais le moindre bruit de serrure : je comptais bien immortaliser son retour en l’enregistrant sur mon MP3. » (p. 61-62)
- Séquences dialoguées qui témoignent des relations entre les personnages.
« Mon frère est légèrement agressif quand il est triste. J’en ai profité pour sortir mes fausses larmes. […]
– Qu’est-ce que tu as?
– J’ai un devoir pour demain et je n’y arrive pas. Je vais avoir zéro. Maman sera fâchée. Et je ne veux pas qu’elle soit fâchée. Et les filles de ma classe, elles…
– C’est bon, j’ai compris.
J’ai souri et je suis allée m’installer sur ses genoux. Il n’aime pas trop ça, mais moi, oui,
– C’est sur les anciens moyens de transport. J’ai choisi les roulottes. Et il n’y a rien d’intéressant dans le dictionnaire. » (p. 34)
« – Bonsoir, Poulette. Pas encore au lit?
– Non…
Au moins, elle oubliait les horaires grâce à son amourette. Je pouvais, bien plus encore, aller et venir à ma guise. Ça devenait presque ennuyeux.
– Allez, moi, je file sous mes plumes! Fais de beaux rêves.
Elle a déposé son sac à main sur la table.
– Tiens, j’avais complètement oublié. Il y a encore du courrier pour toi. Dis donc, vous n’arrêtez pas de vous écrire, il me semble. C’est l’amour fou! » (p. 49)