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En toutes lettres

Voilà Agathe et Arthur contraints, dans le cadre d’un exercice scolaire, de s’écrire. Pas des courriels, non, de belles lettres, comme dans l’ancien temps, qui détaillent les centres d’intérêt de chacun… Ringard, quoi! Si Agathe fait, au départ, quelques efforts pour se plier aux consignes, Arthur, lui, déploie toute la mauvaise volonté possible, et reste très distant. Leurs échanges épistolaires deviennent rapidement une succession de moqueries et de sarcasmes, chacun voulant épater l’autre et prendre l’ascendant. 

Mais lorsque, un jour, Arthur met au défi Agathe d’élucider le mystère d’une photo qu’il a trouvée, sur laquelle figure une femme qui pourrait être sa mère, leur relation va progressivement changer de nature…

(Tiré de la quatrième de couverture du livre.)

À propos du livre

Contenu

  • Deux personnages principaux, Agathe, narratrice qui vit avec sa mère et son frère en campagne et qui aime les enquêtes, et Arthur, qui vit seul avec son père et sa chatte et qui devient bien malgré lui le correspondant d’Agathe; quelques personnages secondaires, les parents d’Agathe et son frère Martin, Madame Yvonne, l’enseignante d’Arthur, et Suétone, la chatte.

    « Ce matin, sur la table de la cuisine, il n’y avait qu’une mauvaise nouvelle. Une très mauvaise nouvelle. Papa est parti. Pour toujours. Il a emporté sa guitare, c’est la preuve. Même s’il a écrit qu’il nous aimait vraiment fort, Martin et moi, ça n’y change rien. Il ne doit pas nous aimer autant qu’il le dit. Et maman ressemble à un zombie. Elle essaie de sourire alors que de grosses larmes roulent sans arrêt sur ses joues. » (p. 11-12)

    « Je m’appelle Arthur. J’ai dix ans, évidemment. Je suis né le 13 mai. Je vis à Bruxelles, dans un appartement pas trop moche. Ici, il y a du bruit, des gaz d’échappement, des poubelles qui débordent et des clodos. Tu vois, les petits oiseaux et les champs de blé, c’est pas mon truc. J’ai pas de frère ni de sœur (et j’ai pas envie d’en avoir). Mon père est historien. J’ai une chatte, Suétone. Je la trimballe partout. » (p. 14)

    « Décidément, quand ce n’est pas l’un, c’est l’autre. C’est à présent au tour de Martin de pleurnicher. Il s’est fait larguer par sa douce. Le pauvre. Il ne veut pas l’avouer mais sa mine cadavérique en dit long. Et je dois encore enfiler mon nez rouge. Ils pourraient au moins me remercier de garder ma bonne humeur alors qu’il n’y a que l’inspecteur Derrick pour s’occuper de moi. » (p. 33)
     

  • Récit comportant à la fois les caractéristiques d’un journal et d’une intrigue policière; œuvre pouvant intéresser le lectorat visé de par les thèmes exploités (p. ex., amitié, adolescence, questionnement, famille, correspondance, séparation, mystère).
  • Texte aéré, séparé en neuf courts chapitres numérotés et titrés; table des matières au début de l’œuvre; biographie de l’auteure sur la jaquette du livre et à la fin de l’oeuvre; illustration simple en noir et blanc, placée au début de chaque chapitre, en lien avec le texte; présence d’éléments graphiques facilitant l’interprétation de l’œuvre (p. ex., caractères italiques, parenthèses, lettres majuscules, symboles de courriel (A+) et du post-scriptum).

    « Bref. Figure-toi que, la dernière fois, j’ai mis la main sur un album planqué derrière la rangée de livres. Des vieilles photos de paysages et de routes sans rien. Mais, au milieu, y avait aussi celle-là (voir la photocopie). Je crois que la dame dessus, c’est ma mère. Enfin, c’est juste une supposition parce que je sais pas à quoi elle ressemble. Je l’ai jamais vue (et je m’en fiche). Mais c’est quand même louche de cacher des photos, non?
    Alors, des idées?
     » (p. 22) 

    « Il y a deux semaines, comme tous les ans, j’avais rédigé ma liste : je n’aime pas trop que les autres prennent des initiatives en matière de cadeau.
    Comme chaque année aussi, ma liste était kilométrique :
    1.       UN MP3 AVEC ABSOLUMENT UN DICTAPHONE INTÉGRÉ
    2.       UN LAPIN AVEC LES OREILLES QUI TOMBENT
    3.       L’INTÉGRALE DES DVD DE "COLUMBO" […]
    MERCI DE RESPECTER L’ORDRE DE PRÉFÉRENCE. » (p. 40)

    « Bref. Ton travail est terminé, cher inspecteur. Tu l’auras bien mérité, ton voyage à Londres (ça m’énerve, mais je suis forcé de le reconnaître). Je t’enverrai ton billet bientôt et on sera quitte. Si ça t’intéresse de connaître le fin mot de l’histoire, t’as qu’à le dire et je ferai l’effort de t’écrire une dernière fois.
    A+
    A.B.
    P.S. : J’ai retrouvé ma montre. Elle a dû me tomber du poignet parce que le bracelet est cassé. C’est les gitans qui l’avaient. Comme quoi, c’est pas des sales voleurs!
    P.P.S. : Suétone a la forme. J’espère que toi aussi. » (p. 59)

Langue

  • Registre de langue courant dans l’ensemble de l’œuvre; présence de mots et d’expressions appartenant davantage au français européen (p. ex., trouillards, clodos, clébards, fastoche); mots difficiles pouvant être définis dans leur contexte.

    « Ils se sont passé la photo en baragouinant des trucs que j’ai pas compris pendant que les sales clébards me tournaient autour. "Devlesa", il a dit, le dernier, en me la rendant. Toute gondolée, du coup. J’ai foutu le camp, surtout qu’un gros chien grognait à cause de Suétone.
    Pas super, hein! Franchement, ça rime à rien, cette histoire. Je sais plus à quoi m’en tenir.

    A+
    A.B.
    P.S : Ne crois pas que ça m’amuse de t’écrire des tartines (surtout que je suis pas certain que ton petit cerveau a tout compris). » (p. 43)

    « Quatre jours plus tard, j’ai ramené un 10 sur 10. Maman m’a serrée dans ses bras. J’ai cru que j’allais étouffer. Elle a pris mon courrier dans son sac. Encore un petit clin d’œil et elle a filé. C’était sa soirée. Mais j’avais envie qu’elle reste. J’ai foncé pour la rattraper. Je suis arrivée juste à temps. Et je l’ai vue entrer dans le break de papa. Ça alors! Petites canailles! (p. 57)
     

  • Texte contenant une variété de types et de formes de phrases qui contribuent à la lisibilité de l’oeuvre; omission fréquente de l’adverbe de négation ne, ce qui relève du registre de langue familier.

    « J’ai cherché pendant deux jours cette satanée solution. J’ai retourné la phrase dans tous les sens et beaucoup tourné en rond. Pas d’idée. Je suis pourtant une spécialiste des charades et énigmes en tout genre. Grrrr. Qu’est-ce qu’il croyait, ce morveux? Que je me laisserais avoir aussi facilement? Il me fallait juste un peu de temps. Papa disait toujours : on ne remarque pas les choses qui se voient comme le nez au milieu de la figure. Ça devait être ça. » (p. 18-19)

    « Pour faire court, il a été séparé de sa famille quand il avait plus ou moins mon âge. Des gens gentils (mes grands-parents) se sont occupés de lui et il est un peu devenu leur fils. Il a eu beaucoup de chance, il a insisté. Puis, il a rencontré ma mère. Elle a pas eu de bol non plus, elle. Orpheline. Elle est venue habiter chez mes grands-parents pour apprendre le français. Ils ont été amoureux (beurk) et, quand je suis né, elle est retournée (en voyage soi-disant) en Angleterre. Elle est jamais revenue. En fait, elle nous a abandonnés (même si mon père pense que non). Bref. Je lui en veux pas. On peut pas en vouloir aux gens qu’on connaît pas, non? » (p. 63-64)
     

  • Quelques figures de style (p. ex., métaphores, énumérations, comparaisons) qui agrémentent la lecture.

    « Je me suis blottie sous les couvertures. Il n’était que 19 heures et mon cœur frappait ses gros poings contre ma poitrine. J’ai mis le dictaphone en marche mais je n’avais pas envie d’écouter le rire de maman. » (p. 28)

    « Mes fonctions :
    1.       Faire des hypothèses.
    2.       Te prévenir quand les tiennes sont illogiques.
    3.       Me renseigner dans la mesure de mes possibilités (je te rappelle que j’habite au fin fond de la campagne!).

    Tes fonctions :
    1.       Suivre mes directives sans rouspéter.
    2.       Vérifier mes hypothèses, même si cela demande du temps. » (p. 31)

    « Certains jours ont un faux air de fête. Mes vacances de Noël n’étaient pas terribles – il n’avait pas encore neigé et ma série avait été remplacée par des Walt Disney débiles. Le réveillon les a définitivement classés parmi les journées les plus déprimantes de ma courte vie. Et je n’avais même plus l’occasion de m’épancher auprès de Martin, qui roucoulait comme un pigeon au printemps avec sa nouvelle copine. » (p. 39-40)
     

  • Séquences descriptives qui révèlent les émotions ressenties par les personnages et permettent de se situer dans le temps et le lieu de l’action.

    « Je n’ai plus envoyé de lettre à Arthur. Et ce morveux n’a pas pris la peine de se manifester. Il est comme les autres. Je le déteste. Il s’en fiche, de mes états d’âme. Je suis sûre que papa, lui, comprendrait. Il me manque. Même si je ne connais pas sa nouvelle adresse, je lui ai écrit un petit mot. Pour faire comme si. » (p. 54)

    « Il n’est pas facile de s’habituer au bonheur. J’avais l’impression que plus rien de palpitant ne m’attendait. Tout était rentré dans l’ordre. Même si ce n’était pas vraiment comme avant. J’avais obtenu un beau bulletin et je profitais du printemps naissant pour pédaler à en perdre la raison. Papa avait assisté au spectacle de mon école. Il avait pris beaucoup de photos. J’étais persuadée qu’il reviendrait bientôt à la maison. Je guettais le moindre bruit de serrure : je comptais bien immortaliser son retour en l’enregistrant sur mon MP3. » (p. 61-62)
     

  • Séquences dialoguées qui témoignent des relations entre les personnages.

    « Mon frère est légèrement agressif quand il est triste. J’en ai profité pour sortir mes fausses larmes. […]
    – Qu’est-ce que tu as?
    – J’ai un devoir pour demain et je n’y arrive pas. Je vais avoir zéro. Maman sera fâchée. Et je ne veux pas qu’elle soit fâchée. Et les filles de ma classe, elles…
    – C’est bon, j’ai compris.
    J’ai souri et je suis allée m’installer sur ses genoux. Il n’aime pas trop ça, mais moi, oui,
    – C’est sur les anciens moyens de transport. J’ai choisi les roulottes. Et il n’y a rien d’intéressant dans le dictionnaire. » (p. 34)

    « – Bonsoir, Poulette. Pas encore au lit?
    – Non…
    Au moins, elle oubliait les horaires grâce à son amourette. Je pouvais, bien plus encore, aller et venir à ma guise. Ça devenait presque ennuyeux.
    – Allez, moi, je file sous mes plumes! Fais de beaux rêves.
    Elle a déposé son sac à main sur la table.
    – Tiens, j’avais complètement oublié. Il y a encore du courrier pour toi. Dis donc, vous n’arrêtez pas de vous écrire, il me semble. C’est l’amour fou! » (p. 49)

Référent(s) culturel(s)

  • Référence à la ville de Bruxelles, capitale de la Belgique, qui est un pays membre de l’organisation internationale de la francophonie.

Pistes d'exploitation

  • Inviter les élèves à former des équipes de deux et à faire la liste des mots et des expressions français rencontrés dans le texte (p. ex., dégoté, clodos, ringards, crétin, foutoir). En groupe-classe, relire les phrases en contexte et inviter les élèves à en choisir quelques-unes puis à les réécrire en utilisant un vocabulaire qui leur est familier. Ajouter le nouveau vocabulaire au mur de mots afin d’inciter les élèves à l’utiliser dans de futures tâches d’écriture ou de communication orale.
  • En groupe-classe, demander aux élèves d’énumérer les bienfaits d’entretenir une correspondance avec une ou un inconnu de leur âge. Leur proposer d’inviter des élèves d’une école de la province ou à l'extérieur de la province à participer à un tel projet. La réponse à l’invitation s’avérant favorable, revoir avec les élèves les caractéristiques de la lettre d’amitié et les inviter à rédiger une lettre d’amitié à leur correspondante ou correspondant.
  • L’œuvre s’apparente parfois à un récit d’intrigue policière à cause des dix rapports rédigés par Agathe. À un cercle d’idées, demander aux élèves de faire l’analyse de ces rapports en posant des questions telles : Ses directives sont-elles claires? Ses hypothèses sont-elles bien fondées? Tire-t-elle ses conclusions trop rapidement? Ses propositions sont-elles logiques? Qu’aurais-tu fait de différent si tu avais vécu la même situation?

 

Conseils d'utilisation

  • Revoir les caractéristiques d’un récit d’intrigue policière pour en faciliter la compréhension.
  • Si le besoin s'en fait sentir, aborder avec les élèves les sujets délicats tels la séparation des parents, les conséquences sur la famille à court et à long terme et les sentiments éprouvés dans une telle situation.