Contenu
- Un personnage principal, Jonathan Dupuis, journaliste de profession, qui tente de retrouver sa vie normale après un séjour perturbateur en Afghanistan.
« Je sais fort bien que ma jeunesse, mon insouciance et ma joie de vivre n’ont pas pris, avec moi, le vol du retour au pays. En cette nuit d’enfer, je les ai larguées par-dessus bord, au milieu de nulle part, dans les hauteurs de ce lieu sinistre où je n’aurais jamais dû mettre les pieds. » (p. 15-16)
« Soulagé, Jonathan Dupuis respira un grand coup.
Comme un avion planant par-delà les nuages, il s’envolerait dans d’autres sphères chaque fois que quelques pans égarés de sa mémoire lui causeraient un peu trop de turbulence. » (p. 19)
« À l’aube, Jonathan se sentit un homme nouveau, bien résolu à reprendre la maîtrise de sa vie. Il allait établir clairement ses priorités, prendrait des décisions importantes quant à son avenir et passerait à l’action dans les plus brefs délais. » (p. 186)
- Nombreux personnages secondaires interagissant avec Jonathan, dont Thomas Dupuis, son père, manipulateur et insatisfait de lui, Anne et Charlotte, ses sœurs, dotées d’une fibre entrepreneuriale qu’il n’a pas, Maryse, sa conjointe, qui se lasse de la distance physique dans leur couple, Louise Dupuis, sa mère, qui exerce une présence apaisante, Rachida, jeune femme afghane qui le soigne et dont il ne peut oublier les yeux, James Fisher, un photographe de la BBC, qui connaît les détails de son histoire, ainsi que Célestin, son grand-père, préoccupé par son bien-être.
« La figure rubiconde du riche industriel Thomas Dupuis faisait tache parmi la foule, tel un coquelicot pavoisant au milieu d’un bouquet de pissenlits. À lui seul, l’homme semblait occuper toute la place.
Avec son assurance démesurée.
Avec son air condescendant et autoritaire.
Avec ses épaules imposantes qui cachaient à son fils la vue des autres. Depuis qu’il était enfant. Depuis toujours. » (p. 17)
« Anne, l’aînée, portait un vif intérêt à l’entreprise familiale, allant jusqu’à en épouser l’administrateur principal, pourtant de vingt ans son aîné. Charlotte, la cadette, démontrait un talent à l’état pur pour la gestion des affaires. Charlie — comme la surnommait son père —, pour qui le monde de la finance n’avait plus de secret. » (p. 21-22)
« – Tu sens! Tu sens! Veux-tu savoir ce que, moi, je sens? C’est très simple. Je sens que Jonathan Dupuis n’est pas encore revenu d’Afghanistan! Et moi, j’ai bien hâte de retrouver mon chum! On dirait que c’est un autre homme qui m’est revenu. […] Tu ne me parles jamais de la véritable expérience que tu as vécue en Afghanistan. Et puis…, toi qui me faisais si bien l’amour, on dirait que tu n’es plus que l’ombre de toi-même. […] Tu te limites à me serrer très fort dans tes bras jusqu’à m’étouffer; tu me répètes sans cesse que tu m’aimes plus que tout au monde… Par contre, pas une seule fois depuis ton retour, nous avons fait l’amour. » (p. 38-39)
« – Jonathan, poursuivit sa mère, je sens qu’un secret t’embrouille l’esprit. Je crois deviner que tu as vu là-bas des horreurs… des atrocités… à oublier. Ai-je raison? La guerre est laide, mon fils. Mieux vaut la couvrir de roses au plus vite. Ne laisse pas ce que tu ne peux maîtriser diriger ta vie. Ne laisse surtout rien ni personne s’interposer entre le soleil et toi. Oublie Kandahar, Jonathan! Oublie-la vite. Ou si tu ne peux pas, fais en sorte que poussent des fleurs entre le sang et les horreurs que tu y as vus. Crois-moi, à bien s’y pratiquer, on y arrive. » (p. 58)
« Elle referma les doigts de Jonathan sur la pierre d’une pression de la paume. Un frisson traversa le corps de Jonathan qui saisit la jeune femme par les épaules et plongea son regard dans les yeux infinis de cette femme qu’il ne voulait pas quitter. Rachida fixa encore un instant le journaliste de ses pupilles noires, puis, agile comme une grande chèvre angora, elle disparut en sautillant sur les cailloux . » (p. 109-110)
« Jonathan avait contacté Londres. Dès qu’il mentionna avoir travaillé à ses côtés à Kandahar, il n’eut aucune difficulté à obtenir de la BBC les coordonnées de James Fisher à Beijing. Il s’organisa donc pour descendre au même hôtel que le sien, dans un quartier populaire du centre-ville. » (p. 118)
« – Cette maison sera à toi, Jonathan, poursuivit Célestin. Tu pourras venir t’y installer de temps en temps, lorsqu’il fera tempête dans ta vie et que le vent soufflera trop fort. Ici, il y aura toujours une girouette pour t’aider à t’orienter dans la bonne direction!
– Je viendrai. Je te jure que je viendrai… à chaque fois qu’un douze, sur l’échelle de Beaufort, se pointera à l’horizon de ma vie. » (p. 194)
- Roman à saveur psychologique; trame narrative s’organisant simultanément autour de deux plans : celui de Jonathan, qui tente de s’adapter à son retour d’Afghanistan, et celui des souvenirs de l’expérience traumatisante qu’il a vécue et qui refont surface; nombreux retours en arrière sous forme de souvenirs du personnage principal; thèmes variés (p. ex., liberté, famille, guerre, vent pour représenter l’adversité, pouvoir) qui incitent le lectorat à porter un regard sur ses priorités.
- Mise en page simple; œuvre divisée en un préambule et six chapitres titrés; utilisation très fréquente de l’italique (p. ex., indication des souvenirs, représentation d’une lettre, adage, citation de Camus) et de points de suspension, indiquant une hésitation; description des vents, placée sous le titre des chapitres; liste des autres œuvres de l’auteure, dédicace et citation au début; table des matières et mention d’œuvres publiées dans la collection Voix narratives à la fin; biographie de l’auteure sur la quatrième de couverture.
Langue
- Registre de langue courant dans l’ensemble de l’œuvre; mots moins connus (p. ex., taraude, caprin, belliqueux, éphémère, goujat, alizé, marasme, bourlingueur) et mots arabes (p.ex., khaledji, burkha, chador, tchaikhanas, tochak, tchâyaka) généralement compréhensibles grâce au contexte et aux explications fournies.
- Phrases transformées, phrases à construction particulière et nombreuses phrases de base; abondance de phrases interrogatives soulignant les événements oubliés que le personnage principal tente de ramener à la surface de sa mémoire.
« Le flash d’une caméra crépita dans ses pupilles.
Son dilemme s’en trouva du coup résolu.
Il ne leur dirait rien!
Le temps d’une seconde, l’hésitation refit son apparition dans l’esprit de Jonathan. ²Pourquoi ne suis-je pas resté au Pakistan, du moins pour quelques semaines encore, histoire de me recomposer un peu? Le temps de soigner mon corps et mon âme. Et qui sait, le temps d’oublier complètement… ²
Il était revenu pour elle.
Pour Maryse.
Rien que pour elle. » (p. 17)
« – Vous voulez m’en parler? Me raconter ce que vous avez vécu là-bas, me parler d’un événement particulier qui vous aurait bouleversé?
– Je ne m’en souviens pas clairement.
– Vous ne vous en souvenez pas tout à fait?
– Oui… Non… Enfin, je me souviens d’y être allé, je me souviens qu’il y a eu un attentat. Une explosion, plus précisément. J’ai… perdu conscience ou je ne sais trop quoi. Je me souviens de m’être réveillé dans un lit… quelque part dans les montagnes afghanes… » (p. 64)
- Figures de style nombreuses (p. ex., comparaison, personnification, anaphore, énumération, métaphores du vent) qui enrichissent le texte.
« Un liquide visqueux comme celui des entrailles d’un poisson qu’on évide se répand aussitôt sur ses poignets. » (p. 12)
« Le vent d’été chante; celui d’hiver siffle et hurle. » (p. 20)
« Jamais Jonathan n’avait exprimé autant de colère.
Jamais il n’avait osé s’adresser ainsi à son père.
Jamais sa famille n’avait été témoin de pareille riposte. » (p. 93)
« Des larmes de désarroi, d’impuissance, de détresse, se mêlèrent aux gouttes de pluie ruisselant sur le visage de l’homme. » (p. 113)
« … Je me plais à penser que je tourbillonnerai quelques instants dans le ciel, jetterai un dernier regard sur tout ce que j’ai aimé, puis, porté par la brise du large, je m’envolerai par-delà les eaux accueillantes de la mer, ma compagne de toujours. » (p. 193)
- Expressions idiomatiques fréquentes reflétant la façon de s’exprimer au Canada.
« Parmi le personnel de son bureau figuraient quantité de jeunes loups prêts à vendre leur âme pour faire partie de la course à la direction alors que Jonathan, pourtant grand favori, ne se pointait même pas à la ligne de départ. » (p. 21)
« L’homme qui venait de rentrer de Kandahar était complètement épuisé, physiquement vidé de toute énergie et, en plus, il ramenait avec lui un bagage non désiré : un crabe bien installé au creux de sa tête. » (p. 25)
« Or, Thomas Dupuis n’aimait pas jouer les têtes de Turc. […]
Un jour prochain, il ramènerait la brebis égarée dans la bergerie. » (p. 28)
« … Je venais d’avoir une conversation avec Jacques qui avait eu le don de me faire sortir de mes gonds. » (p. 61)
« Il était difficile de deviner si la grande Faucheuse l’avait déjà happé dans ses filets ou si un soupçon de vie coulait encore dans ses veines. » (p. 145)
- Séquences descriptives et narratives entrecoupées de séquences dialoguées qui servent à comprendre la relation entre les personnages, les souvenirs du personnage principal, ainsi que la quête pour la vérité.
« – Qui t’a dit que j’avais envie de tenir une conférence de presse?
– C’est ce qu’il faut faire, et c’est ce que tu feras.
– Ah oui? Et si je refusais…
– Tu es un Dupuis, Jonathan. Ne l’oublie jamais. Un faux pas, une hésitation, une faille dans le maillon… et la chaîne casse. » (p. 24)
« […] Rachida jouissait, pour un instant seulement, de ce fruit défendu qu’était la chaleur du soleil matinal sur son visage éternellement prisonnier de son voile.
De biais, la tête légèrement tournée vers la clarté, sa longue chevelure noire comme du jais ondulant sur ses épaules, Rachida était resplendissante. Elle était d’une beauté rare, mi-domptée mi-sauvage, comme un diamant à l’état brut étincelant de toutes ses facettes dans la lumière matinale. » (p. 44-45)
« – Tu n’as pas répondu à ma question, James. Je veux savoir pourquoi tu m’as fait parvenir cette photo. Et si j’ai fait le tour du monde pour te trouver, c’est que je veux une réponse. » (p. 118)
Référent(s) culturel(s)
- Référence au Petit Prince d’Antoine de Saint-Exupéry.
- Mention de la Gaspésie.
Pistes d'exploitation
- Inviter les élèves à créer une œuvre alliant au moins deux disciplines artistiques (p. ex., écriture, photographie, danse, musique, art visuel) en s’inspirant d’une des citations suivantes : « – Ma roseraie? Mais elle est toujours là, Jonathan. Qu’est-ce que tu racontes? Tu sais bien que ²l’essentiel est invisible². Mon jardin de roses est toujours bien présent dans mon cœur. » (p. 57); « On parle toujours trop, de toute façon. Et pour ne rien dire d’important, dans bien des cas. Et puis tout ce bavardage inutile nous empêche d’être à l’écoute. » (p. 202). Organiser un vernissage afin de présenter la création des élèves.
- Demander aux élèves, réunis en équipes, de brosser le portrait psychologique d’un des personnages tenant compte de critères précis (p. ex., qualités, défauts, goûts, aptitudes, opinions) et en les appuyant d’exemples tirés du roman. Regrouper les équipes selon le personnage choisi, puis les inviter à faire part de leurs trouvailles aux membres de leur groupe.
- Proposer aux élèves, regroupés en équipes, de relever et commenter la symbolique du vent présente dans le roman, puis de consigner les passages et les réflexions dans un document collaboratif.
- Inviter les élèves à prendre part à une table ronde portant sur l’énoncé suivant :
« « De toute manière, ce ne sera pas la première, ni la dernière fois, que l’information sera teintée, déformée, amplifiée… » » (p. 27)
Conseils d'utilisation
- Revoir les règles de la table ronde.
- Accorder une attention particulière aux sujets délicats dont on traite dans le roman, soit la guerre, le port du voile et de la burkha, la place de la femme dans le monde, le stress post-traumatique, le suicide, la castration, la décapitation et la masculinité toxique.
- Consulter les sites des Nations Unies et de l’UNESCO afin d’entamer des conversations en groupe-classe au sujet des dangers que courent les journalistes couvrant les événements qui se passent en pays de guerre, puis discuter de l’importance de ce travail.
- Inviter les élèves à lire une autre œuvre de l’auteure, soit Le silence de la Restigouche, dont la fiche pédagogique se trouve dans FousDeLire.
Ressource(s) additionnelle(s)
- IDÉLLO.org, ressources éducatives en ligne, 9e à 12e année, Série : Vérifié!, Tes émotions te jouent des tours!
- IDÉLLO.org, ressources éducatives en ligne, 9e à 12e année, Série : Les dessous des cartes, Un monde de femmes.