- 77 courts récits tantôt descriptifs, tantôt explicatifs; préface, avant-propos, portrait et cartes, expliquant la valeur du témoignage d’Auguste Vermette, présentant les éléments importants de sa vie et situant ses propos dans le contexte géographique de l'Ouest canadien.
- Un narrateur tantôt participant, tantôt témoin retraçant les mœurs de sa communauté et exprimant, à l'occasion, ses réactions et ses opinions personnelles face à certains faits et à certains personnages historiques (p. ex., Louis Riel, Mgr Taché, Thomas Scott, John A. Macdonald) dont l’évocation soutient l’authenticité des faits rapportés.
« Je me rappelle, après qu’ils avaient tué le bœuf, là, ils jetaient la peau de bœuf sur la clôture pour qu’elle s’égoutte de sang. Puis après ça, ils la paquetaient. » (p. 57)
« Une grande partie des fautes qui ont été commises, c’est à lui, le vieux Sir John A. Macdonald! […]
Il a pâti, il a souffert le martyre, le vieux verrat! Ben oui! Ben oui!
Il a pas assez souffert encore, le vieux véreux!
Les conservateurs, c’était le parti des pendards! » (p. 203-204)
« Ils ont été fidèles à la Couronne. En 1870 surtout. Ils onvaient toujours le Union Jack au Fort. Riel s’est pas révolté contre le Union Jack en 69-70. » (p. 211)
- Nombreux thèmes, dont la vie quotidienne des Métis, leur culture, leur histoire et leur engagement politique; sujet délicat, soit la discrimination vécue par ce peuple, surtout exploité dans la deuxième moitié du livre, présenté en contexte et avec doigté.
« Ma mère faisait pas de pain. On allait à l’école nous autres, à Saint-Pierre-Nord, là, et puis les gamins, les Canadiens français, eux autres, ils faisaient du pain. Les Métis, eux autres, tu les reconnaissais, les Métis : on mangeait de la bannock, nous autres! » (p. 62)
« Les Métis, c'étaient pas mal tous des "pipettes" – des fumeux. Il y avait des femmes qui fumaient la pipe. Ma mère a fumé la pipe une secousse. Elle avait une petite pipe; ils appelaient ça des "petites chiennes". C'étaient des petites pipes en pierre. » (p. 72)
« Mgr Ritchot leur a dit : "La Baie d'Hudson a vendu ses droits, la Baie d'Hudson existe plus, McTavish est malade, le gouvernement d'Ottawa a pas encore nommé de gouverneur légitime, c'est à vous autres, les colons, de gouverner le pays en attendant qu'il y ait un gouvernement légitime, en attendant que les affaires se settlent." » (p. 162)
« Pourquoi les Métis avaient honte de se dire Métis? On était tout le temps bafoué!
J’allais à l’école, moi, puis les autres, les Canadiens français, là, c’est comme si on avait été rien, parce qu’on était des Métis. Ils parlaient de nous autres par dédain. C'est comme si on avait été du fumier, quoi! » (p. 214)
- Séquences descriptives, riches en détails, faisant découvrir de façon imagée les us et coutumes des Métis au Canada français (p. ex., cérémonies, chasse, gastronomie, langue, religion) et situant leur vécu dans le contexte sociohistorique de l'époque.
« La mariée allait toujours, juste avant de partir pour le mariage, se mettre à genoux devant son père, puis elle lui demandait sa bénédiction. […]
Ça, c'était une coutume qu'il y avait chez les Métis. J'ai vu ma sœur, Rosalie, s'agenouiller sur le perron de la maison en sortant. » (p. 95)
« Il y en avait qui emmenaient du pemmican en attendant qu'ils soient sur le terrain de la chasse. C'était de la viande qui se conservait bien. Ils faisaient de la petite chasse de route : il y avait du canard en masse, il y avait du lapin, de la poule de prairie, de l'outarde. Ils apportaient du sel, du saindoux pour leur galette. » (p. 113)
« Les Métis sacraient pas. Il y avait pas de mots dans la langue cri qui s'attaquent à la puissance de Dieu. Pas de mots qui blasphémaient. Pas de sacres. Pas de mots méchants. Ça, j'ai entendu ça par mon père, ma mère souvent. » (p. 138-139)
« La Liste des droits, c'est quand les Métis se sont rassemblés pour leurs droits qu'ils voulaient avoir avant d'entrer dans la Confédération : le droit de pratiquer leur religion, le français, l'anglais, le titre de leurs terres. C'était pour préparer leur vie, leur gouvernement! Mgr Ritchot était là-dedans sans doute. » (p. 170)
- Séquences dialoguées dans lesquelles le narrateur rapporte, tels qu’il se souvient les avoir entendus, les propos de certains personnages, notamment ceux de son père.
« J'ai demandé à mon père une fois : "De comment loin vous preniez le buffalo?
– Ben, il dit, on les prenait d'un mille. On les voyait, puis on partait en courant. Mais le bison est un peu myope, tu sais ben. Il s'en apercevait de fait quand on arrivait sur lui." » (p. 123)
« …McTavish lui-même a dit aux Métis qui ont été le voir : "Moi je suis malade, puis il y a plus de gouvernement. Pour l'amour du ciel, formez un gouvernement en attendant que le Canada se settle." » (p. 162)
« Tout d’un coup, Macdonald a dit : "Vous avez pas été envoyé ici pour discuter?"
Il dit : "Oui!"
Mgr Ritchot a demandé : "Qui êtes-vous?
– Je suis Sir John A. Macdonald.
– Nous autres, on représente le Gouvernement provisoire. Voici nos lettres de créance." » (p. 184)
- Nombreuses notes de bas de page précisant, entre autres, le sens de certains régionalismes et expliquant des réalités culturelles afin de faciliter la compréhension du texte (p. ex., définitions ou renseignements supplémentaires).
« 4 Suisse barré : petit rongeur élancé vivant dans des trous. (En anglais : gopher.) » (p. 80)
« 1 Grouiller : bouger. » (p. 123)
« 1 Cris de joie : Idiotisme ayant un sens particulièrement coloré dans la culture métisse. On lançait ces "cris de joie" secs et aigus pour célébrer des victoires, aux fêtes, et aujourd'hui encore, durant la danse à huit, par exemple. » (p. 160)