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Anatomie de la fiche Anatomie interactive
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2Au temps de la Prairie

Ce texte du Métis Auguste Vermette, neveu de Louis Riel, établi et annoté par l'ethnologue Marcien Ferland, raconte la vie des Métis au temps de la Prairie, lorsqu'ils vivaient à même la prairie du produit de leurs chasses. Il constitue un document à valeur historique et ethnologique indéniable. Le texte s'appuie non seulement sur les propres connaissances d'Auguste Vermette en tant que Métis né à la fin du 19e siècle et qui a grandi avec les coutumes et le parler de son peuple, mais également sur les propos de son père, authentique fils de la Prairie et témoin oculaire des événements de la Rivière-Rouge.

À l'encontre des livres d'histoire de tout acabit, les héros métis retrouvent, sur les lèvres d'Auguste Vermette, leur dimension humaine par le truchement de son style tout empreint de réalisme. 

(Tiré de la quatrième de couverture du livre.)

3 À propos du livre

Contenu

  • 77 courts récits tantôt descriptifs, tantôt explicatifs; préface, avant-propos, portrait et cartes, expliquant la valeur du témoignage d’Auguste Vermette, présentant les éléments importants de sa vie et situant ses propos dans le contexte géographique de l'Ouest canadien.
  • Un narrateur tantôt participant, tantôt témoin retraçant les mœurs de sa communauté et exprimant, à l'occasion, ses réactions et ses opinions personnelles face à certains faits et à certains personnages historiques (p. ex., Louis Riel, Mgr Taché, Thomas Scott, John A. Macdonald) dont l’évocation soutient l’authenticité des faits rapportés.

    « Je me rappelle, après qu’ils avaient tué le bœuf, là, ils jetaient la peau de bœuf sur la clôture pour qu’elle s’égoutte de sang. Puis après ça, ils la paquetaient. » (p. 57)

    « Une grande partie des fautes qui ont été commises, c’est à lui, le vieux Sir John A. Macdonald! […]
    Il a pâti, il a souffert le martyre, le vieux verrat! Ben oui! Ben oui!
    Il a pas assez souffert encore, le vieux véreux!
    Les conservateurs, c’était le parti des pendards! » (p. 203-204)

    « Ils ont été fidèles à la Couronne. En 1870 surtout. Ils onvaient toujours le Union Jack au Fort. Riel s’est pas révolté contre le Union Jack en 69-70. » (p. 211)
     

  • Nombreux thèmes, dont la vie quotidienne des Métis, leur culture, leur histoire et leur engagement politique; sujet délicat, soit la discrimination vécue par ce peuple, surtout exploité dans la deuxième moitié du livre, présenté en contexte et avec doigté.

    « Ma mère faisait pas de pain. On allait à l’école nous autres, à Saint-Pierre-Nord, là, et puis les gamins, les Canadiens français, eux autres, ils faisaient du pain. Les Métis, eux autres, tu les reconnaissais, les Métis : on mangeait de la bannock, nous autres! » (p. 62)

    « Les Métis, c'étaient pas mal tous des "pipettes" – des fumeux. Il y avait des femmes qui fumaient la pipe. Ma mère a fumé la pipe une secousse. Elle avait une petite pipe; ils appelaient ça des "petites chiennes". C'étaient des petites pipes en pierre. » (p. 72)

    « Mgr Ritchot leur a dit : "La Baie d'Hudson a vendu ses droits, la Baie d'Hudson existe plus, McTavish est malade, le gouvernement d'Ottawa a pas encore nommé de gouverneur légitime, c'est à vous autres, les colons, de gouverner le pays en attendant qu'il y ait un gouvernement légitime, en attendant que les affaires se settlent." » (p. 162)

    « Pourquoi les Métis avaient honte de se dire Métis? On était tout le temps bafoué!
    J’allais à l’école, moi, puis les autres, les Canadiens français, là, c’est comme si on avait été rien, parce qu’on était des Métis. Ils parlaient de nous autres par dédain. C'est comme si on avait été du fumier, quoi! » (p. 214)
     

  • Séquences descriptives, riches en détails, faisant découvrir de façon imagée les us et coutumes des Métis au Canada français (p. ex., cérémonies, chasse, gastronomie, langue, religion) et situant leur vécu dans le contexte sociohistorique de l'époque.

    « La mariée allait toujours, juste avant de partir pour le mariage, se mettre à genoux devant son père, puis elle lui demandait sa bénédiction. […]
    Ça, c'était une coutume qu'il y avait chez les Métis. J'ai vu ma sœur, Rosalie, s'agenouiller sur le perron de la maison en sortant. » (p. 95)

    « Il y en avait qui emmenaient du pemmican en attendant qu'ils soient sur le terrain de la chasse. C'était de la viande qui se conservait bien. Ils faisaient de la petite chasse de route : il y avait du canard en masse, il y avait du lapin, de la poule de prairie, de l'outarde. Ils apportaient du sel, du saindoux pour leur galette. » (p. 113)

    « Les Métis sacraient pas. Il y avait pas de mots dans la langue cri qui s'attaquent à la puissance de Dieu. Pas de mots qui blasphémaient. Pas de sacres. Pas de mots méchants. Ça, j'ai entendu ça par mon père, ma mère souvent. » (p. 138-139)

    « La Liste des droits, c'est quand les Métis se sont rassemblés pour leurs droits qu'ils voulaient avoir avant d'entrer dans la Confédération : le droit de pratiquer leur religion, le français, l'anglais, le titre de leurs terres. C'était pour préparer leur vie, leur gouvernement! Mgr Ritchot était là-dedans sans doute. » (p. 170)
     

  • Séquences dialoguées dans lesquelles le narrateur rapporte, tels qu’il se souvient les avoir entendus, les propos de certains personnages, notamment ceux de son père.

    « J'ai demandé à mon père une fois : "De comment loin vous preniez le buffalo?
    – Ben, il dit, on les prenait d'un mille. On les voyait, puis on partait en courant. Mais le bison est un peu myope, tu sais ben. Il s'en apercevait de fait quand on arrivait sur lui." » (p. 123)

    « …McTavish lui-même a dit aux Métis qui ont été le voir : "Moi je suis malade, puis il y a plus de gouvernement. Pour l'amour du ciel, formez un gouvernement en attendant que le Canada se settle." » (p. 162)

    « Tout d’un coup, Macdonald a dit : "Vous avez pas été envoyé ici pour discuter?"
    Il dit : "Oui!"
    Mgr Ritchot a demandé : "Qui êtes-vous?
    – Je suis Sir John A. Macdonald.
    – Nous autres, on représente le Gouvernement provisoire. Voici nos lettres de créance." » (p. 184)
     

  • Nombreuses notes de bas de page précisant, entre autres, le sens de certains régionalismes et expliquant des réalités culturelles afin de faciliter la compréhension du texte (p. ex., définitions ou renseignements supplémentaires).

    « 4 Suisse barré : petit rongeur élancé vivant dans des trous. (En anglais : gopher.) » (p. 80)

    « 1 Grouiller : bouger. » (p. 123)

    « 1 Cris de joie : Idiotisme ayant un sens particulièrement coloré dans la culture métisse. On lançait ces "cris de joie" secs et aigus pour célébrer des victoires, aux fêtes, et aujourd'hui encore, durant la danse à huit, par exemple. » (p. 160)

Langue

  • Registre familier s'entremêlant souvent au registre courant dans les récits (p. ex., expressions familières, mots anglais et particularités de prononciation) et reflétant le caractère oral des propos recueillis.

    « Des "paysans", c’étaient des écureux de prairie, un gros écureux gris. […] Quand ils pouvaient en pogner un gros, ils le plumaient, ils le mettaient rôtir, puis ils le mangeaient. » (p. 63)

    « Mon père lui dit : "Si tu es si cochon que ça, à boire jusqu'à temps que tu sois saoul, tant pis pour toi! Quand tu te réveilleras, tu t'en iras avec ton black eye1!" Mon père a sacré son camp2. » (p. 85-86)

    « Il a été absent pas bien longtemps, tedben une couple de mois. Ils l'onvaient arrêté toujours par rapport à l'exécution de Scott. » (p. 184)
     

  • Vocabulaire cri intégré ici et là dans les propos du narrateur; lexique témoignant de la réalité quotidienne et historique des peuples autochtones et métis à cette époque.

    « Mon père leur tirait une chaise : "Ki ta pi ou téo." Ça voulait dire : "Assoyez-vous." Ils bavardaient un peu. » (p. 56)

    « Les Métis se bâtissaient pas ben loin de la rivière, pour charroyer l'eau; sur le haut de la côte pour se protéger des eaux hautes. La femme était obligée d'aller en chercher à la chaudière, tu sais ben. En même temps, ils pêchaient aussi. » (p. 77)

    « Son plan, Macdonald, c'était d'annexer le Manitoba à l'Ontario. Le clergé du temps redoutait ça : ça aurait fait une province trop puissante pour le reste du Canada. S'ils onvaient annexé le Manitoba à l'Ontario, ça aurait fait une puissance plus forte que le Québec encore. […] C'est ça que les Orangistes de l’Ontario voulaient : une province puissante. » (p. 136-137)
     

  • Texte fortement ponctué (p. ex., points d'exclamation, d'interrogation et de suspension) traduisant les émotions, les réactions ainsi que les hésitations, par des phrases inachevées, du narrateur.

    « Puis c'était ben vrai. Il y en avait deux mille! […] Deux mille, tout alentour du rond, cachés dans le foin! » (p. 118)

    « Armés? OF COURSE! Il fallait qu'ils aient des armes parce qu'ils savaient pas comment McDougall s'en venait, tedben à la tête d'une armée. Ils étaient pour se servir de leurs mousquets s'il avait fallu. Ah, oui! » (p. 153-154)

    « Je l’ai connu comme il faut, moi. Ah oui, ah oui! C’était un grand puis gros homme, 200 livres au-dessus, et puis fort! Oh, ho-ho! » (p. 161)

    « Les vieux tenaient pas Didyme Lépine en odeur de sainteté. Ils l’aimaient toujours, mais… » (p. 161)

Référent(s) culturel(s)

  • Références à des modes de vie et à des croyances également propres aux Canadiens français (p. ex., particularités de la langue, religion catholique).

Pistes d'exploitation

  • Inviter les élèves à effectuer une recherche sur Louis Riel et à noter les faits témoignant de son influence sur les Métis du Canada.
  • Demander aux élèves d’interviewer une personne aînée de leur famille pour lui permettre de parler de sa culture d'origine; leur proposer ensuite de transcrire leur entrevue à la façon de Marcien Ferland.
  • Proposer aux élèves de commenter, dans un journal de bord, les mauvais traitements infligés aux Autochtones du Canada au fil des années; les amener à établir des liens entre certains aspects de cette réalité et certains aspects de la réalité des Francophones en situation minoritaire.

 

Conseils d'utilisation

  • Utiliser les cartes des pages 41 à 47 pour aider les élèves à replacer les faits racontés dans leur contexte géographique.
  • Se référer aux notes de bas de page et fournir des explications supplémentaires afin de faciliter la compréhension de certains mots et de certains référents culturels.
  • Avertir les élèves que le chapitre La castration aux pages 69-70 décrit diverses façons d'exécuter cette intervention sur des animaux de la ferme et que ces descriptions sont appropriées dans leur contexte.

Ressource(s) additionnelle(s)

  • IDÉLLO.org, ressources éducatives en ligne, 10e à 12e année, Série : Francophonies d'Amérique, Le Monde qui parlait aux arbres.