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Xman est back en Huronie

« C’est l’air de fin d’été qui me donne les blues. La plupart des jeunes venus travailler en Huronie pour la saison estivale sont repartis et la région prend un coup de vieux. Je prends un coup de vieux. Moi, je reste, car c’est fini le temps des jobs d’été. J’ai une vraie job. C’est plus qu’un boulot, c’est une mission! Responsable du Musée de la francophonie qui va ouvrir à l’hiver. Une première dans la région. Holy Smoke! Ça devrait plutôt être un vieux de la quarantaine qui prend une telle charge et non un jeune taon de vingt-sept ans qui entame sa première vraie job. Le pire, c’est que par moments, je suis convaincu que mes patrons ne se rendent absolument pas compte de la gravité de mettre une culture en boîte. Si c’est pas fait avec doigté, l’hommage risque d’être vu comme un enterrement. En plus, le musée fait partie d’une chaîne de six musées lancée à travers la province. C’est pas rien! C’est un moment historique dans l’histoire franco-ontarienne. »

(Tiré de la quatrième de couverture du livre.)

À propos du livre

Contenu

  • Un personnage principal, Xavier, surnommé Xman, que l’on suit dans diverses démarches menant à l’ouverture d’un musée pour les francophones; quelques personnages secondaires importants avec qui il se lie d’amitié et d’amour, dont le vieux Willie, qui souffre d’un cancer, et Sarah, une serveuse au Tim Hortons.

    « Quatre mois déjà depuis mon retour dans la Huronie. Je n’ai pas vu le temps passer tellement cette période a filé à cent milles à l’heure comme une tempête de vent. Tant à apprendre, à assimiler en si peu de temps. Et maintenant que je me sors la tête de l’eau et que je commence enfin à être capable d’entrevoir deux jours à l’avance, j’étouffe. » (p. 23)

    « Après un tapage inquiétant et deux, trois râlements, Willie la terreur apparaît. En fait, c'est une terreur inversée qui franchit le seuil de la chambre à coucher. Il fait peur à voir. Le teint vert, le pas lent et branlant, les cheveux indécis. » (p. 112)

    « Sarah possède cette façon d'être tellement dans le présent qu'on oublie la suite des événements. Avec elle, on ne se questionne pas à l'infini sur la provenance ni les répercussions. Et surtout, l'approche de Sarah provoque des éclats de rires jusqu'aux larmes. » (p. 135-136)
     

  • Intrigue secondaire touchante entourant la relation qui se noue entre Xavier et Willie et aidant à connaître ces personnages sous un œil différent.

    « Ce n’est qu’au moment où Xavier questionne le médecin qu’on lui demande qui il est. Un regard jusqu’au fond des yeux entre les deux amis, jusqu’au fond de l’âme, évoque une compréhension profonde mais de là à savoir l’exprimer dans des mots habituels ou attendus… C’est le taon qui fait la première tentative :
    – I’m a good friend… of the family…
    – He’s just like a son. 'Cause he's just as smart as me, you know. » (p. 183)

    «Puis, je passe chez Willie vérifier si tout est correct. J'ai pris l'habitude de passer là matin et soir et parfois je préfère son divan à mon chalet-glaçon. Tant qu'à dormir chez mon vieil ami, je décide que désormais je prendrai la chambre d'ami. » (p. 230)

    « Et s'il mourait à soir, cette nuit, pendant que je suis tout seul avec lui? Déniaise, tata. Demain, on va se promener, on va pas mourir. On va au musée, Willie puis moi. Déniaise, puis capote pas. » (p. 234)
     

  • Séquences descriptives abondantes permettant de saisir les pensées et réactions du personnage principal dans son travail et de mieux suivre ses relations avec les autres personnages; nombreuses séquences dialoguées représentant de manière vraisemblable l’environnement de dualité linguistique (anglais et français) des personnages ainsi que l'ensemble des défis de la communauté franco-ontarienne.

    « J'essaie de rationaliser, en bon chercheur, les résultats de cette première visite. Pour ce qui est de la cueillette d'information concernant la Patente, zip, zéro. À peine mentionné, le sujet a pourtant été la toile de fond de cet entretien. Je sens que j'ai étrangement touché au cœur de la matière. » (p. 116)

    « – Va-tu falloir que j'aille te chercher dans le ditch avant que tu chausses c'te char-là pour l'hiver? Me semble que je t'ai élevé mieux que ça. God damn, Xavier; wake up and smell the coffee. Sinon, c'est le banc de neige que tu vas sentir, petit mautadit.
    Dad, Dad, j'ai pas eu le temps. Give me a break! J'ai promis des belles pantoufles à Rhonda aussitôt que je pourrai. » (p. 118)

    « – T'es ratoureux, le jeune. Tu vas avoir du trouble dans la vie; pis du fun aussi. J'aimerais ça voir le musée une journée que je feel ben.
    – Certain. C'est pas de trouble. » (p. 216)
     

  • Narrateur parfois omniscient et souvent participant, dévoilant le for intérieur du personnage de Xavier tout en facilitant l'identification de la communauté au contexte de l'intrigue, soit la situation des francophones en milieu minoritaire et leur désir de revendication.

    « Xavier se racle la gorge et attaque aussitôt avec une passion nerveuse et sincère. Le moment est d'une importance capitale. Il va sentir et savoir si sa vision du projet est compatible avec celle de ses patrons. » (p. 44)

    « Un de mes profs disait qu’un des traits communs aux citoyens issus de communautés minoritaires, c’est l’incapacité d’envisager le succès, c’est-à-dire de savoir que faire après avoir gagné la guerre. Le dada des minoritaires, c’est de faire la guerre, de se défendre, de revendiquer, de se plaindre. Tant qu’il faudra. Jusqu’à ce qu’ils gagnent. Après? Euh… Le bonheur, c’est de se battre plus que de gagner. » (p. 147)

Langue

  • Registre courant dans la plupart des séquences descriptives; registres familier et parfois populaire dans les séquences dialoguées.

    « Le ciel est gris et bas. On dirait qu’il pend, suspendu par quelques fils invisibles. Il voudrait tomber et s’écraser sur la grève, se glisser sous le sable. Le ciel se désole de son infâme destin. Lourd de la promesse d’un hiver incontournable, il se referme sur lui-même et se cache dans la grisaille céleste. » (p. 69)

    « Comme un petit garçon groundé, je regarde l'heure et je me résigne à brasser deux trois papiers. Le cœur n'y est plus; ma baloune est pétée et ce n'est certainement pas la lecture d'épreuve d'un compte-rendu de réunion du conseil qui ramènera mon entrain. » (p. 88)
     

    « – Y est-tu frette?
    – Excuse. J’oubliais. Oui, c’est frette, je l’ai pris dans le frigidaire. Coke ou Ginger Ale? » (p. 236)
     

  • Langage caractérisé par des expressions et mots anglais abondants placés en italique dans l'œuvre et contribuant à illustrer la vraisemblance des personnages et de leur réalité.

    « – Parfait. On décolle à 5 heures et deux. T'es prête pour prendre un coup comme un homme? C'est pas de la petite bière, là.
    You bet! Bring it on, bro! Eille, ta soeur est passée y a pas très longtemps. » (p. 129)

    « God! Ils ont tellement peur d'inventer. Ça pourrait être funky, mails ils s'obstinent à faire un Royal Ontario Museum des pauvres. Plus ils essaient d'avoir de la friggin' classe, moins ils en ont. J'aurais jamais dû ouvrir ces ébauches-là. Je vas faire des cauchemars. » (p. 205)
     

  • Figures de style (p. ex., énumération, personnification, comparaison) rendant imagées les pensées et réactions du personnage principal.
     

    « Malgré le poids conséquent de la colère, de la déception et du chantage maternels, c’est surtout à son père qu’il pense. » (p. 19)

    « La Dame blanche s’est glissée pendant la nuit et s’étend de tout son long sur le sol étrangement réchauffé par cette couverture hivernale. » (p. 84)

    « Sans éclat, sans bruits, les larmes coulent sur mes joues comme une rivière qui doit parcourir son chemin. » (p. 188)

    « Déjà la neige ne virevolte plus comme une jeune mariée. » (p. 247)

Référent(s) culturel(s)

  • Multiples références à l’histoire franco-ontarienne, à des associations ou à des spectacles franco-ontariens, aux défis importants que les francophones en milieu minoritaire doivent relever, le tout permettant aux élèves de découvrir les racines de cette communauté et de s'y identifier.

    « Elle rencontre ce beau grand jack qui fait partie de la gang montée à Sudbury pour La Nuit sur l'Étang. LE party agrémenté de bonne musique et de retrouvailles, car les gens venaient des quatre coins de la province pour cette fête annuelle. » (p. 30)

    « Les conseils scolaires manquaient fréquemment de personnel et il fallait aller offrir des bonbons aux jeunes enseignants de la province voisine pour les convaincre de s'exiler au cœur de l'Ontario. Plusieurs ne survivaient pas au choc culturel d'une culture anglaise aussi dominante et repartaient à la course aussitôt que leur contrat de deux ans était échu. » (p. 41-42)

    « Les Patenteux avaient décidé de donner une bonne leçon aux baveux de CKFY, qui faisaient ramper les francophones qui avaient eu l'audace de revendiquer UNE heure d'antenne à toutes les semaines. » (p. 167-168)

Pistes d'exploitation

  • Proposer aux élèves d'effectuer une recherche plus poussée sur l'affaire de la Patente.
  • Inviter les élèves à faire une recherche sur les francophones de leur région particulière en Ontario; leur demander de préparer une ébauche d'un projet d'ouverture de musée qui refléterait les défis passés et présents de cette communauté dans leur région.
  • Demander aux élèves d'écouter la chanson The Gambler de Kenny Rogers, dont parle souvent le personnage principal du roman; les inviter à en lire les paroles, à discuter des thèmes de la chanson et à tisser des liens entre les paroles, la vie et les expériences de Xavier.
  • Demander aux élèves de faire une recherche sur les organismes et associations francophones qui existent au sein de leur communauté (p. ex., le club Richelieu); leur demander de trouver la mission de chacun de ces groupes et de les présenter à leurs camarades de classe.

Conseils d'utilisation

  • Avertir les élèves quant au registre familier employé dans plusieurs extraits de l’œuvre (notamment les quelques vulgarités ou gros mots qui y figurent); accompagner étroitement les élèves qui n’ont pas grandi dans un milieu minoritaire francophone et qui éprouveront peut-être de la difficulté à comprendre certains extraits.
  • Présenter aux élèves une brève introduction sur la région de la Huronie et en dresser un court profil de la francophonie; par la suite, visionner quelques films (voir les ressources additionnelles) sur l’histoire de la Huronie pour leur donner un aperçu de la région et de ses débuts francophones (p. ex., Étienne Brûlé).
  • Revoir les types de narration et accompagner les élèves dans la lecture, dans le but de leur faire repérer les variations narratives dans l’œuvre.
  • Faire un lien avec le spectacle L’Écho d’un peuple en Huronie réalisé en 2009 dans la région du Grand Toronto.

Ressource(s) additionnelle(s)

  • IDÉLLO.org, ressources éducatives en ligne, 7e à 12e année, Série : Huronie, Huronie.