- Narrateur participant, lui-même écrivain et personnage principal, racontant son aventure et étalant ses sentiments et commentaires; un personnage secondaire, le chef de police, plus important en raison de son rôle dans cette histoire de triple meurtre; plusieurs figurants (membres de la famille et gens du village) mêlés de près ou de loin à l’enquête policière.
« Je suis écrivain, non? […] Alors, admettons : j’exagère. C’est mon métier. Louis Ferdine, exagérateur professionnel. Et ce n’est pas tout. Je râle, aussi. J’ai ça dans le sang, je suis un râleur-né. » (p. 5)
« Mais j’avoue avoir été déconcerté par l’attitude et la violence de Julien Brivault. Déstabilisé, même. Il m’a traité d’assassin, ni plus ni moins! Ça ne fait pas plaisir! Je ne vais toutefois pas courir après lui. À quoi bon? J’en ai assez, de toute cette histoire. Ce n’est pas la mienne. Je ne suis plus d’ici! Dois-je le répéter? » (p. 35)
« Jean-Philippe! Jean-Philippe Comeau! Mon meilleur ami d’autrefois. Nous avons été dans la même classe – avec Julien Brivault – pendant toute notre jeunesse. Toujours amateur de romans policiers? Eh bien, il allait être servi! » (p. 85)
« Marie, elle aussi, venait d’arriver. On s’écartait devant elle en murmurant et en détournant les yeux. Elle s’est jetée sur le corps de sa fille, en larmes, et Bernard, à genoux à côté d’elle, tentait sans conviction de la relever.
Massés tout autour, dans l’herbe humide, les curieux observaient la scène d’un air sombre. Certains – se mêlant de quoi? – avaient déjà commencé à fouiller les environs. » (p. 88)
- Intrigue nouée autour du climat irrespirable de représailles entre deux familles, de menaces de mort, de violence, de meurtres et de fausses pistes.
« De nouveau dans la rue, je m’éloigne rapidement. Pourtant, je n’ai pas envie de revenir à la maison tout de suite, de retomber dans cette ambiance à couper au couteau. Pas davantage de me retrouver face à face avec Julien, ou avec un membre de sa famille […] J’ai besoin de me calmer, de penser à autre chose. » (p. 37)
« Et puis, au vu de quelles preuves les deux familles se lancent-elles de pareilles accusations à la figure? Qui sont les témoins? J’en viens à soupçonner que cette crise n’est que la partie visible d’un drame autrement plus grave, plus profond. » (p. 47)
« Il n’en faut pas plus pour que mon frère, devinant le pire, se précipite comme un fou. Je suis sur ses talons.
Ce que nous découvrons alors, presque en même temps, nous glace d’horreur : Michèle est là, allongée dans l’herbe, sur le dos, immobile. Sa poitrine est en sang. » (p. 79)
- Thèmes d’intérêt différent, mais étroitement tissés : innocence du fou du village, amitié détruite par la jalousie et meurtres commis par une jeune fille dite timide.
« L’enfant est né avec quelques cases en moins dans le cerveau, et il a hérité de sa mère la fonction d’idiot de village. Éternel souffre-douleur des garnements, bouc émissaire… Le malheureux incurable dont la seule existence aide les autres à mieux supporter leur propre misère… Les joies de la campagne… » (p. 43)
« Le plus brillant, dans cet abominable complot, aura été de convaincre chacune des victimes que son amie était la véritable instigatrice. La manipulation était remarquablement montée!
Une chose est certaine : la thèse de la jalousie n’a plus sa raison d’être. » (p. 122-123)
« Michèle s’était jetée sur elle et, dans le corps à corps, le coup était parti, lui faisant éclater la poitrine. […]
Faisant un moulinet avec le fusil déchargé, Pascale avait atteint son adversaire en plein front. Françoise s’était effondrée, sans vie. […]
Dès le lendemain matin, pourvue d’une bonne ration de mort-aux-rats qu’elle avait introduite dans des friandises, elle avait retrouvé le pauvre garçon et lui avait fait ingurgiter le poison mortel. » (p. 151-152)