- Registre de langue courant; vocabulaire riche, lié à la thématique de l’œuvre (p. ex., pontife, courroux, usurpateur, flagornerie, anathèmes, eunuque, arcanes), pouvant être compris à l’aide du lexique, risquant tout de même de poser un défi au lectorat visé.
« Je me suis approchée, et j’ai vu qu’il s’agissait d’un jeune homme nu, évanoui, qui avait une flèche fichée dans une épaule. Je me penchais sur lui pour l’aider, quand mon père est arrivé en courant, la figure toute pâle, et il m’a poussée violemment vers la maison en criant : "Que les femmes s’enferment dans leurs chambres!" Peu de temps après, le jardin bruissait de chuchotements et de pas agités. » (p. 10-11)
« La flagornerie des dignitaires atteint des sommets vertigineux, la haine et l’envie se développent entre eux comme des moisissures. » (p.34)
« J’étais déchirée entre des pensées contradictoires. Fallait-il que j’obéisse au pontife, en mettant en péril toute ma mission, ou bien que je suive ma voie jusqu’au bout, en risquant le courroux des dieux? » (p. 93)
- Nombreuses phrases transformées et phrases à construction particulière, parfois complexes; variété de types et de formes de phrases, contribuant à la lisibilité du texte.
« Arita s’est précipitée dans ma chambre en criant de peur.
– Tais-toi! lui ai-je chuchoté en plaquant ma main sur sa bouche. Laisse-moi écouter! » (p. 15)
« J’ai changé de conversation, en affichant une mine indifférente : inutile d’éveiller des soupçons. Le mot "espionne", jeté par Samara, siffle encore à mes oreilles.
– Quand nous fera-t-on essayer nos nouvelles robes?
– Pour la fête de Seth? Comment?! On ne t’a pas encore donné la tienne? La mienne est une merveille! » (p. 44)
« Le seul point de lumière, tout au fond, est la tunique d’or de la déesse, dont la tête de chatte noire, aux oreilles dressées, surplombe la foule d’une vingtaine de coudées. » (p. 60)
- Utilisation de procédés stylistiques (p. ex., personnification, comparaison, énumération, expressions imagées), qui enrichissent le texte et permettent d’apprécier le style de l’auteure.
« Une tempête de sable secouait la maison, les palmiers gémissaient dans le jardin. » (p. 15)
« – Dans notre pays, le sommet des montagnes se couvre de glace blanche comme une pièce de lin, m’a expliqué Hola. » (p. 26)
« Tous se sont mis à se défaire de leurs bijoux, bagues, bracelets, colliers, pectoraux, qu’ils lançaient aux pitres, aux danseuses, aux esclaves, et même aux filles de la reine : mais Sa Majesté nous a fait comprendre d’un regard qu’aucune de nous ne devait se baisser pour ramasser cet or. » (p. 49)
- Prédominance de séquences descriptives, permettant au lectorat de s’imaginer la scène et de se situer dans le temps et le lieu de l’action; séquences dialoguées qui permettent de mieux comprendre la relation entre les personnages.
« Je naviguais avec la reine et ses filles, sur la deuxième barque. Mon cœur était joyeux : que les rives du divin Hapi sont douces! Que notre pays est beau et riche! L’eau brille au soleil, les palmiers s’élancent vers le ciel, les champs fertiles s’étendent à perte de vue. Ça et là, une petite colline rompt le paysage plat : les maisons en pisé des paysans s’y accrochent, brunes ou blanches selon la richesse de leur propriétaire. Des escadres d’oies voguent à coté de nous, aussi majestueuses que des cygnes. » (p. 57-58)
« Tabala est venue me prendre par le bras et m’a traînée devant la chaise longue de la reine. Celle-ci m’a regardée longuement, les yeux mi-clos.
– Qui t’as appris les vers que tu viens de chanter?
J’ai donné à mon visage l’expression du plus grand désespoir.
– Je ne sais pas, divine. Je ne me souviens pas d’avoir chanté. Je n’ai pas de voix, divine. À peine ce qu’il faut pour parler. » (p. 73)
« Le temple est entouré d’une véritable cité, avec ses greniers, ses ateliers, ses dépôts, ses chantiers. La ville sacrée est ceinte à son tour d’une haute muraille, qui la sépare du monde extérieur. Cependant le portail s’ouvre souvent pour laisser passer des cohortes de portefaix charriant des caisses et des coffres, des processions de serviteurs surchargés de marchandises, des cortèges d’esclaves qui transportent des meubles de valeur, des troupeaux de bœufs. » (p. 135)