Contenu
- Personnage principal et narrateur, l’auteur, un octogénaire à la recherche de soi et du vrai Dieu dans la société franco-ontarienne de son époque.
« …la genèse de mon questionnement sur mon identité et sur le sens de la vie était liée à la peur de vivre et la culpabilité engendrées par le dogme et l’idéologie religieuse catholique romaine […] Leur emprise sur moi, dont j’ai réussi à me déprendre sur le tard, fut également la résultante de mon hypersensibilité et des autres facteurs déjà mentionnés, savoir mon appartenance à la classe ouvrière et mon état de minoritaire franco-ontarien… » (p. 17)
« À mon grand désarroi, en matière de Dieu et du sens de la vie sinon d’appartenance à l’Église, on m’avait réduit au rang de l’homme esclave de ses habitudes : j’étais né pour manger, avoir mes mouvements réguliers, travailler, jouer une partie de golf occasionnelle et gagner le Ciel fermé par Dieu au moment de la pomme dans l’arbre et rouvert par un Messie crucifié. » (p. 32)
« Le Franco-ontarien ne pouvait se définir sans qu’on précise d’abord, sinon remette en question, ses liens avec son Église. La langue, la culture et la Foi formaient un tout aux éléments inséparables. Or ceux-ci avaient considérablement évolué, leur influence respective aussi. D’une part on s’anglicisait et d’autre part les fidèles avaient récupéré leur droit de se questionner sur les dogmes de leur Église. Le temps était donc venu de me situer à mon tour. » (p. 59)
- Plusieurs personnages secondaires mentionnés dans l’œuvre et surtout décrits par leurs contributions à la quête d’identité de l’auteur, dont son parrain et sa marraine, Claude, un confrère avec qui il entretient des liens d’amitié, ses amis, ses parents, son épouse, ses enfants, ainsi que Ghislaine, l’épouse de Claude.
« Plus précisément encore, par mon baptême on avait fait de moi un chrétien d’obédience catholique romaine. Mon parrain et ma marraine, que je n’avais pas choisis, avaient promis que je le resterais toute ma vie. » (p. 18)
« Au fond, je ne trouvais personne vers qui me tourner pour partager mes états d’âme – la foi en Dieu étant un sujet qu’on hésitait à aborder autour de moi – sauf un vieux confrère, d’une sagacité peu ordinaire, que je nommerai Claude pour n’avoir pas à l’identifier. » (p. 29)
« Quand j’étais petit, les amis à la tonne fourmillant dans les parages étaient tous francophones : les Gosselin, Giroux, Levesque, Lamarche, Goudreault, Bisson, Cloutier, Savard, Carbonneau, Hamelin, Martin, Chartrand, Rochefort, Michaud et j’en passe; » (p. 36)
« Mes parents ignoraient qu’en matière d’amour, je n’étais pas seulement orphelin de Dieu, mais un peu d’eux aussi. C’était comme s’ils m’avaient sacrifié à la plus grande gloire de Dieu et de l’Église. » (p. 96)
« En ce qui a trait à ma conjointe, que j’aime tendrement et qui m’accompagne toujours dans mon périple de vie, je l’ai épousée parce qu’elle était une femme de ²bonne famille², bien mise et jolie, avec les rondeurs anatomiques convenablement distribuées, et d’un commerce facile. Je m’étais toujours comporté correctement avec elle, lui disant à plusieurs reprises au cours des premières années de notre vie conjugale et à intervalles moins réguliers après que la vie d’habitude se fut installée, que je l’aimais. C’était ainsi que les livres de mon adolescence et les scènes d’amour à l’écran m’avaient appris à penser l’amour et à l’exprimer, surtout quand elle était bien fardée et coquette ou qu’elle me cuisinait un bon repas. » (p. 97)
« J’élevais bien mes enfants et je leur inculquais une fierté qui éliminait les anneaux dans le nez, les cheveux longs et les jeans troués. Mais en dehors de l’exercice de mon autorité paternelle, je ne savais pas comment leur exprimer mon affection. » (p. 97-98)
« Ghislaine était la ménagère de Claude. Elle occupait des quartiers séparés que j’avais d’ailleurs une fois visités. Je l’imaginais quittant sa chambre le soir pour aller conforter Claude de l’autre côté de la cuisine. Une idée qui plaisait. Cette femme le rendait plus humain et laissait présager à court terme l’apaisement du tumulte intérieur que j’avais longtemps deviné chez lui. » (p. 115)
- Essai historiographique dans lequel l’auteur témoigne de son expérience en tant que Franco-Ontarien; discours alternant entre faits et réflexions philosophiques, entre affirmations et questions, entre constatations et doutes; thèmes (p. ex., enfance, langue, politique, histoire, religion) aptes à mousser des conversations au sein du lectorat.
- Mise en page aérée; œuvre répartie en 9 chapitres et un épilogue; éléments graphiques (p. ex., italiques, parenthèses, majuscules, symboles pour marquer un changement de scène, points de suspension) facilitant l’interprétation du texte; titre d’une autre œuvre du même auteur, dédicace et avant-propos au début; table des matières à la fin; courtes notes biographiques sur l’auteur à la quatrième de couverture du livre.
Langue
- Registre de langue soutenu, voire littéraire et didactique, dans l’ensemble de l’œuvre; quelques mots et expressions archaïques (p. ex., religiosité, géronte, peu te chaut) auxquels s’opposent quelques régionalismes (p. ex., bines du Lac-Saint-Jean, mangeur de balustre, finir en queue de poisson); citations latines appuyant les grands arguments philosophiques.
- Phrases transformées et phrases à construction particulière; prédominance de phrases déclaratives, généralement longues.
« PPENDANT QUE NOUS REMPLISSIONS ASSISÛMENT NOTRE RÔLE dans la société ontarienne en bons Franco-Ontariens toujours politiquement corrects, ne parlant français que très rarement en présence d’un unilingue anglophone – ce n’était pas poli –, les démocraties continuaient leur course effrénée vers la libre concurrence illimitée à l’échelle mondiale selon la loi du plus fort, mettant à mal la concurrence elle-même, détruisant la planète sans vergogne et entraînant dans la foulée de leurs funestes activités la montée fulgurante des inégalités sociales et la disparition de la notion du bien commun. » (p 45)
- Figures de style variées (p. ex., comparaison, énumération, inversion, métaphore); nombreuses périphrases et tournures fignolées où pointe parfois un ton persifleur.
« …je ruminais un refus bien senti de me plier de bonne grâce à ma condition de minoritaire et de fils de journalier, plus ou moins inculte au départ, ressentie comme une chape de plomb dont je tardais à me défaire. » (p. 11)
« Notre lot c’était le péché, la honte, l’examen de conscience, la confession puis la peine. Saint Augustin tout pur avec ses Confessions et sa mère Monique en pleurs! » (p. 19)
« Étaient fédéralistes aussi tous les Québécois venus habiter chez nous. » (p. 42)
« Si j’avais à cœur de réussir ma recherche de Dieu et du sens de ma vie, il fallait que je descende du train qui roulait à toute vapeur, beaucoup trop vite pour moi. J’approchais de l’âge de la retraite… » (p. 47)
« …j’avais les airs d’un quidam un peu cinglé qui ne donnait à personne l’impression qu’il rendait service à l’humanité, même pas aux veuves et aux orphelins si chers aux hommes de robe. » (p. 49)
« Les deux mois que j’avais prévus pour mon expérience dans le berceau de l’humanité dite civilisée s’étaient écoulés à la rapidité de l’éclair. » (p. 82)
- Séquences narratives permettant de suivre les pensées et les préoccupations de l’auteur, qui traite de sujets qui tantôt le rassurent, tantôt l’aiguillonnent.
« Mon enfance s’écoula de façon heureuse dans une petite ville du Nord ontarien. Nous parlions français tout le temps grâce à l’Église et à la petite école. Je vivais avec beaucoup d’intensité, assuré d’être chéri de Dieu. Insouciant, ricaneur et espiègle, muni d’une prodigieuse mémoire, j’accueillais la vie à bras ouverts, ne me doutant même pas qu’il puisse y avoir une vérité envisageable hors de mon Église et de mon milieu culturel. » (p. 19)
« Nous des régions plus au nord de la province, étions davantage à la merci de l’Anglais qui nous procurait nos chances d’avancement, donc plus prompts à lui lécher les bottes afin d’être élus au conseil municipal. Il en résultait que les Franco-Ontariens d’Ottawa, dans l’ensemble plus sûrs d’eux-mêmes, nous regardaient de haut et étaient plus tranchés dans leur discours à l’encontre du Québécois qui voulait son pays. » (p. 40)
« Prélude de ce néolibéralisme à la Thatcher, devenu la coqueluche des gens d’affaires et d’un nombre grandissant de politiciens de toutes couleurs, la common law, annonciatrice des théories dites lucides des Conrad Black de ce monde, avait développé les règles qui assuraient la protection des institutions en place, lesquelles favorisaient d’abord les nantis. » (p. 50)
« La social-démocratie était une gangrène à combattre par tous les moyens et on collait, comme un vice à honnir, l’épithète de libéral à ses adversaires pour gagner la faveur du peuple qu’on avait déjà embrigadé dans la guerre sainte contre les libéraux, les démocrates, les socialistes et les communistes, bref les méchants, les ennemis de l’État ou plutôt du peuple, et par conséquent, ennemis de Dieu. » (p. 55)
« Les chicanes de clocher et de pouvoir avaient éclaté dès l’ascension de son fondateur, opposant d’abord Pierre et Jacques de Jérusalem à Paul l’apôtre des gentils, puis les théologiens et évêques des 2e, 3e et 4e siècles du christianisme d’Église, tantôt ceux d’Antioche qui s’en prenaient à ceux de Carthage ou d’Alexandrie, et tantôt ceux de Jérusalem ou de Rome qui combattaient leurs frères d’Antioche. » (p. 61)
Référent(s) culturel(s)
- Mention de nombreux auteurs francophones (p. ex., Groulx, Crémazie, Belcourt, Hémon, Guèvremont, Lemieux, Boileau, Bossuet, Racine, Corneille, Racine, La Fontaine, Voltaire, Montesquieu, Diderot, Musset, Verlaine, Hugo, Lamartine, Rabelais, Ronsard, Villon, Camus) et de certaines œuvres littéraires (p. ex., L’Étranger, L’appel de la race, Au pied de la pente douce, Le Survenant).
- Mention de L’ami du peuple, un journal politique français de la période révolutionnaire.
- Mention de politiciens et de figures religieuses (p. ex., Bourrassa, Lévesque, Trudeau, le cardinal de Québec).
- Référence à des villes et à des régions à forte population francophone (p. ex., Kirkland Lake, Timmins, Chapleau, L’Orignal, Lefaivre, Hawkesbury, Saint-Isidore, Curran, Plantagenet, Alfred, Casselman, Bourget, Témiscamingue, Abitibi, Gatineau, Buckingham, Saint-André-Avellin, les Laurentides).
- Allusion au Règlement XVII, à la Nouvelle-France et au Bas-Canada.
Pistes d'exploitation
- Avant la lecture, animer une discussion sur la signification du titre du roman, Un Franco-Ontarien parmi tant d’autres – Métissage culturel, souveraineté, Église et foi en Dieu, et de l’illustration sur la page couverture. À la suite de la lecture, demander aux élèves de concevoir une nouvelle illustration et de choisir le titre d’une œuvre qui représente leur vision d’un Franco-Ontarien. Animer une mise en commun afin de leur permettre de présenter leur travail au groupe-classe.
- Proposer aux élèves, regroupés en équipes, de mener une recherche pour explorer les conséquences du Règlement 17 sur les droits linguistiques des francophones partout au Canada. Les inviter à présenter leurs trouvailles au groupe-classe sous la forme d’un dépliant informatif.
- Suggérer aux élèves, réunis en dyades, de présenter au groupe-classe la biographie d’une personnalité franco-ontarienne ayant contribué à la vitalité de la langue française.
Conseils d'utilisation
- Avant la lecture, animer une discussion au sujet de la croyance et de la non-croyance en Dieu pour préparer les élèves aux idées parfois radicales de l’auteur.
- Avant la lecture, vérifier les connaissances des élèves sur le Règlement 17, la Révolution tranquille, la souveraineté du Québec et la philosophie des Lumières.
- Situer, sur une carte de l’Ontario et du Québec, les endroits mentionnés dans le roman, afin de faciliter la compréhension du texte.
- Encourager les élèves à lire d’autres œuvres qui traitent de l’identité franco-ontarienne, telles que Gisèle Lalonde – Grande dame de l’Ontario français, Gaétan Gervais – Le ²gardien du dépôt² et Le Dernier des Franco-Ontariens, dont les fiches pédagogiques se trouvent dans FousDeLire.
Ressource(s) additionnelle(s)
- IDÉLLO.org, ressources éducatives en ligne, 10e à 12e année, Série : TFO 24.7, Créer du théâtre franco-ontarien.
- IDÉLLO.org, ressources éducatives en ligne, 10e à 12e année, Série : On démystifie le français, On démystifie le français… d’une Franco-Ontarienne.
- IDÉLLO.org, ressources éducatives en ligne, 9e à 12e année, Série : ONFR – Francophonie, divers épisodes.
- IDÉLLO.org, ressources éducatives en ligne, 9e à 12e année, Série : Balade à Toronto, divers épisodes.
- IDÉLLO.org, ressources éducatives en ligne, 9e à 12e année, Série : Amalgame, divers épisodes.
- IDÉLLO.org, ressources éducatives en ligne, 9e à 12e année, Série : Le bilinguisme, un atout pour l’avenir, Croquis littéraire : L’homme invisible.