- Registre de langue courant dans l’ensemble de l’œuvre; certains mots complexes pouvant être définis à l’aide du contexte (p. ex., commodément, gallinacé, invectives, en catimini, épilogua).
« Vivian ne dormait pas. Il guettait le départ de son frère. Cyrille s’était allongé sur son lit tout habillé, ce qui signifiait qu’il quitterait la maison en cachette dès que leurs parents seraient profondément endormis. » (p. 5)
« Les premiers temps, il avait été vexé d’être assimilé à ce gallinacé, incontestablement le plus stupide de la basse-cour, mais il s’était habitué, et cela ne lui faisait plus rien du tout, pas plus qu’à Vivian d’être surnommé le Lièvre à cause de ses oreilles décollées. » (p. 20)
« Comme ils l’avaient deviné, l’attelage parvint à l’ancienne motte médiévale, une sorte de colline artificielle que les seigneurs du Moyen Âge faisaient édifier par les paysans pour y construire leur château. Ainsi, la forteresse dominait le pays, ce qui permettait de voir arriver l’ennemi. "C’était, pensa Vivian, cette même raison qui avait incité les maquisards à choisir le site, et non les restes de la construction, trop en ruine pour être utilisée." » (p. 44)
- Nombreuses phrases transformées et phrases à construction particulière, de formes et de types variés, qui ajoutent du dynamisme à la lecture et contribuent à la lisibilité du texte.
« – Tu es complètement folle! s’énerva Vivian. Après une nuit pareille, on n’arrivera pas à se lever pour l’école. En plus, si nos frères nous voient, qu’est-ce qu’on va prendre! » (p. 41)
« Vivian réfléchit un instant. Avait-il peur de son père? Peur comme José du sien? Non. Il le craignait, bien sûr : son père l’avait déjà puni pour des bêtises qu’il avait faites, et il préférait éviter de lui désobéir, mais son père ne le frappait pas. » (p. 75)
- Emploi de procédés stylistiques (p. ex., comparaisons, énumérations, métaphores) qui ajoutent de l’agrément à la lecture, permettant d’apprécier le style de l’auteure.
« Même s’il devait rester debout sur les pédales, parce qu’il n’était pas assez grand pour atteindre la selle, il était heureux comme un roi depuis qu’à Pâques il en était devenu le légitime propriétaire. » (p. 34)
« Tout bruissait, tout craquait, tout bougeait. » (p. 37)
« La tête rentrée dans les épaules, les yeux baissés, ils attendaient l’orage, qui ne tarda pas à se déchaîner. Le premier moment de stupeur passé, Bertrand, sans se rendre compte que sa sœur était blessée, les saisit par le col et déversa sur eux un flot d’invectives et de jurons. » (p. 49)
« Lorsque Vivian fut dans la cour, il eut envie de prendre ses jambes à son cou, mais cela aurait attiré l’attention, et il se força à marcher calmement. » (p. 89)
- Séquences descriptives qui permettent de visualiser les lieux et les événements et de s’immiscer dans l’esprit des personnages.
« Quant à la base allemande, elle se situait à une cinquantaine de kilomètres. Au pire, ils seraient là dans une heure ou deux, le temps de réunir les hommes et de faire la route. Tout ce qu’il pouvait espérer, c’était que Daran n’aille trouver la milice qu’après avoir fait ses affaires au marché. D’ailleurs, il n’y avait pas de raison que cela se déroule autrement : le maquignon ignorait que son fils l’avait entendu et avait vendu la mèche. Il ne savait pas non plus que Vivian était en mesure d’avertir les résistants. » (p. 91)
« Même si les maquisards n’étaient qu’une vingtaine, les lieux prirent soudain l’allure d’une fourmilière. Sous les yeux fascinés de Vivian, les tentes furent démontées et pliées en un tournemain. Les hommes, chargés de leur matériel, disparaissaient dans les ruines avant de revenir accomplir une nouvelle tâche. Quand il n’y eut plus rien à ranger, ils s’affairèrent à effacer les traces d’occupation, recouvrant les restes d’un feu avec des feuilles mortes et dispersant un tas de bois d’allumage ainsi que de plus grosses bûches. » (p. 95)
- Séquences dialoguées permettant de mieux comprendre les relations entre les personnages.
« – Alors, tu viens ou tu as trop peur? insista Juliette.
– Je viens, bien sûr.
– Bon. Comme j’ai dit, on se retrouve au coin de la grange.
– À quelle heure?
– Quand on pourra. Il faut qu’il fasse bien noir et que tout le monde soit couché pour qu’on ne nous voie pas partir.
– D’accord. » (p. 29-30)
« Quand il eut fini de lire, il fit entrer Vivian dans le corridor et ferma la porte. Il considéra le jeune garçon avec gravité.
– Je suis fier de toi, Vivian, tu viens de sauver des hommes qui se battent pour libérer notre pays. Ce que tu as fait est très courageux et ce serait normal que tu aies envie d’être félicité pour ça. Mais tu dois comprendre qu’il est nécessaire de garder le secret, sinon ils seraient de nouveau en danger. Un jour, quand on aura gagné, on pourra le dire, mais pour le moment, cela doit rester entre nous. Tu es capable?
– Oui.
– Très bien. J’ai confiance en toi. Va jouer au ballon, maintenant. » (p. 106-107)