- Registre de langue courant dans l’ensemble de l’œuvre; plusieurs mots complexes et expressions nouvelles qui peuvent être définis à partir du contexte et du lexique en bas de page (p. ex., guingois, tantinet, moribond, inepties, mine de rien), certains mots risquant tout de même de poser un défi au lectorat visé; emploi fréquent de calembours, exigeant du lectorat une certaine habileté et connaissance de la langue pour en apprécier la pleine richesse.
« – Impossible, Majesté. Ce serait de la censure.
– Ce serait l’ascenseur?
– Pas "ascenseur", Sire, "censure".
– La cire sent sûr?
– Vous ne pouvez obliger un journaliste à écrire uniquement ce qui vous plaît. Cela ne se fait pas.
– Très bien. Dans ce cas, contentez-vous de ne plus rapporter mes paroles.
– C’est promis, Majesté. » (p. 26-27)
« Le roi était à l’agonie, racontait l’article. Par sa faute, les animaux avaient tous attrapé l’écœurantite aiguë de Médiah. L’auteur décrivait la terrible maladie sans omettre un détail. Ensuite, il expliquait comment la vaincre : en se déshabillant pour se laisser arroser par la pluie. » (p. 41-42)
- Utilisation de phrases de base, de phrases transformées et de phrases à construction particulière, de types et de formes variés, contribuant à la lisibilité de l’œuvre et permettant une lecture dynamique.
« Le roi ne décolérait pas.
– Quel est le misérable qui a fait ça?
– J’ai mené ma petite enquête, Sire, répondit le Grand Chambellan. Le journal est imprimé ici même. Dans les caves du palais.
– Dites-moi où. J’y vais immédiatement. » (p. 11)
« Le roi sourit. Enfin quelqu’un de raisonnable!
– Bien sûr, mon brave Alé, répondit-il. Que voulez-vous savoir?
– Eh bien voilà. J’ai quelques difficultés avec ma guenon ces temps-ci. Alors, vous qui connaissez bien les félines…
– Je-Ne-Les-Con-Nais-Pas! tempêta le roi en tapant du poing sur la table. » (p. 31-32)
- Emploi de nombreux procédés stylistiques (p. ex., calembour, onomatopée, comparaison, expression imagée, énumération) qui enrichissent le texte, permettant au lectorat d’apprécier le style humoristique de l’auteur.
« – Cet article! Qui vous a autorisé à le publier?
– La liberté de presse, Sire.
– Lally Berthé Depraisse? Qui est cette dame? Je veux lui parler sur-le-champ. » (p. 13-14)
« La main de la Grande Institutrice fit résonner le mot "clac!" sur la figure du roi Léon. » (p. 22)
« Les habitants du palais étaient parfaitement ridicules : nus comme des vers et trempés comme des soupes1. » (p. 43)
« Sa crinière était tout ébouriffée, sa cape était sale et chiffonnée, et sa couronne avait besoin d’être astiquée. » (p. 49)
- Séquences descriptives, qui prennent souvent la forme de tribunes dans le journal Feuille de chou, permettant au lectorat de se situer dans le temps et le lieu de l’action; nombreuses séquences dialoguées, permettant de s’imaginer la scène et les personnages.
« Le numéro suivant paraîtrait le soir même. Le roi avait hâte de le lire. Quand il le déroula, la première chose qu’il vit fut sa photo. C’était une très belle photo. Il souriait de tous ses crocs et sa couronne était bien droite. Puis le roi lut le titre de l’article : "DÉCLARATION D’AMOUR DU ROI LÉON". Et, en plus petits caractères, le sous-titre : "J’aime la Grande Institutrice, proclame notre monarque." » (p. 17 et 19)
« Quand la Feuille de chou suivante arriva, le roi Léon était un tantinet nerveux. Il la déroula en tremblant.
Cette fois, il n’y avait pas de photo de lui. Seulement une de Dame Papircoûle et une autre de la belle Lurette. Sous la première, on lisait : "Le roi est libre d’aimer qui il veut." Et sous la seconde : "Il n’a jamais aimé que moi." En guise de titre, l’article posait une question : "LE ROI LÉON, UN LION À FÉLINES ?" » (p. 29)
« Du jour au lendemain, le tirage1 de la Feuille de chou tomba de plusieurs milliers d’exemplaires à quelques-uns seulement. Plus personne ne voulait en lires les articles. Il n’y avait rien de vrai là-dedans. Rien que des racontars et des exagérations. Privé de lecteurs, le journal ferma ses portes au bout d’une semaine. » (p. 47)