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Revenir de loin

Après dix-huit jours passés dans le coma, une femme se réveille. Son esprit, sa capacité de penser en formules percutantes semblent intacts, mais elle n'émet aucun son et refuse d'ouvrir les yeux. Les médecins, le personnel lui répètent qu'elle est tirée d'affaire, mais sa mémoire n'est plus qu'une page blanche. Une jeune femme à son chevet se prétend sa fille, un homme vient lui parler comme si elle était son épouse alors que toutes les forces vives en elle lui hurlent que c'est impossible. Il n'y a que ce jeune voyou qui soliloque près d'elle à longueur de nuit avec qui elle ressent une inquiétante complicité.

(Tiré de la quatrième de couverture du livre.)

À propos du livre

Contenu

  • Roman psychologique divisé en sept chapitres (Ouvrir les yeux, Se mouvoir, S'émouvoir, Savoir, Voir, Dire, Vivre) dont les titres illustrent fidèlement le cheminement du personnage principal, Yolande Mailloux, atteinte d'amnésie suite à un accident de voiture.

    « Elle vit. Elle respire. Elle est là, étendue dans un lit anonyme, sans mémoire, sans espoir, sans douleur. Comme une roche.
    Elle vit, et tout ce qu’elle sait, c’est qu’elle aimerait mieux pas. » (p. 16)

    « Depuis que l’amnésie a laissé échapper une mince parcelle de son passé, Yolande se sent prise dans un tourbillon d’émotions. Pas de répit. » (p. 317)

    « Elle a divorcé, s’est éloignée d’Annie, mais elle ne sait toujours pas pourquoi elle s’était approchée de ces deux-là au départ.
    Quand elle regarde le résultat de ses efforts, il lui semble avoir rebâti un édifice de bric et de broc, avec des bouts dont les ficelles s’échappent et d’autres au fondement instable qui vont céder dès la première tempête. » (p. 487)
     

  • Personnages secondaires bien étoffés, apparaissant dans la vie du personnage principal après son accident ou surgissant les uns après les autres de son passé. 

    « Alors, le docteur Cantin, un neuropsychologue renommé, va venir vous voir et il va essayer de vous aider. Pour l’évaluation, la récupération de la mémoire, pour la parole, tout! » (p. 38)

    « "Madame Mailloux… Je sais que Steve va venir vous voir tantôt. C’est un amputé qui a beaucoup de problèmes, mais on s’est aperçus que ça le calmait pas mal de vous fréquenter. Il ne parle pas. Il reste là à vous regarder et on surveille quand même de loin pour ne pas qu’il ait des gestes déplacés.". » (p. 45)

    « Quelle femme étrange! Mélange d’hésitation et de détermination, de peur et de courage. Elle avance à tâtons dans son discours, en se reprenant sans cesse pour être plus précise. Précise, mais pas concise. À côté de la rafale de mitraillette qu’est le discours de Steve, sa fille a des allures d’escargot. Elle parle, et rien ne fait image, comme si elle feuilletait le livre de souvenirs de quelqu’un d’autre. » (p. 98)
     

  • Narrateur omniscient entrant dans la tête des personnages, dévoilant leurs sentiments et leur recherche de la vérité; nombreuses séquences dialoguées ponctuant les moments forts du récit et donnant vie à ces personnages.

    « Elle s’attendait à ce que sa mère soit changée, altérée par le coma et la longue convalescence, mais rien ne la préparait à cette transformation radicale où tout ce qui subsiste de la femme qu’elle a connue est l’enveloppe charnelle. Et encore… Yolande a fait couper ses cheveux qu’elle ne teint plus, et la gymnastique quotidienne a redressé son corps. » (p. 139)

    « Pourquoi est-ce que se regarder après des années donne presque toujours l’impression de s’être mal estimé? Ce n’est pas l’absence de mémoire qui en est responsable – elle se doute que ce corps et ce visage, leur fraîcheur, elle ne les a jamais aimés. » (p. 198) 
     

  • Thèmes susceptibles de plaire à un lectorat ayant une certaine érudition et une grande maturité (p. ex., rôle de l’art, relation mère-fille, apprentissage de la vie).

    « Quand vous serez bien vieille, au soir à la chandelle… Ronsard, voilà Ronsard qui me revient. Je ne remercierai jamais assez la poésie d'être venue s'installer dans ma vie. J’ai vu trente-six chandelles et c’est celle de Ronsard qui me revient. Un sonnet – avec des rimes embrassées – une perfection de sonnet. » (p. 87-88)

    « Qu’Annie dépende d’elle à ce point, alors qu’elle est mariée et mère d’une enfant, confirme aux yeux de Yolande un énorme échec. Comment cette Annie peut-elle être aussi peu solide? » (p. 171)

    « – Je ne crois pas aux vies tranquilles. Je crois que, même sans drames, sans déchirements excessifs, la vie est un long processus d'appropriation… de soi. C'est long, apprendre à vivre bien. Même à vivre bien tranquille. Rien qu'apprendre à s'aimer, c'est long, vous le savez. À combien de gens on demande de nous aimer avant de se le demander? » (p. 589)
     

  • Intrigue se déroulant selon l’ordre chronologique, sur une période d'environ 16 mois, mais entrecoupée de nombreux retours en arrière illustrant le recouvrement de la mémoire du personnage principal.

    « "…Vous êtes à l'hôpital et nous sommes le 18 janvier 2008. À plus tard!" » (p. 16)

    « Le 27 octobre, ils sont tous deux tellement malades qu'ils ne peuvent même pas manger. » (p. 324)

    « 1963. Trop tôt, sans doute, le mal n’était pas encore assez connu. Ce n’était pas du lithium qu’on donnait à sa mère. Yolande ferme les yeux. Les Valium de sa mère dans de petites boîtes roses en carton qu’elle cachait de peur que Lilianne mette ses menaces à exécution et les avale toutes. Quand elle se déchaînait, sa mère la terrorisait. Yolande se souvient de lui avoir tenu tête, sans avoir éprouvé l’assurance qu’elle affichait. Dieu que ces années lui avaient paru longues! L’école, le retour à la maison, et cette solitude effroyable dans laquelle elle se débattait. » (p. 452)

Langue

  • Registre de langue courant dans les séquences narratives et la plupart des séquences dialoguées; registre familier, voire populaire, dans certains dialogues illustrant le manque de scolarisation et l'origine sociale du locuteur; langage poétique dans les nombreuses citations parsemées dans l'œuvre.

    « Le rire prend son élan au fond de son ventre, il monte à mesure que le rouge gagne la tête dégarnie de Gaston qui pousse maintenant furieusement, ahanant, crispé, humilié. » (p. 133)

    « – Écoute, le pape aurait écrit une bulle sans qu’on s’en préoccupe et ça n’aurait pas été moins grave.
    – Elle ne va pas bien.
    – Le moins qu’on puisse dire!… Je suppose que le bel homme n’a pas encore rappelé? Excuse-moi si je suis trop curieuse… » (p. 326)

    « Quand elle relève les yeux, Steve attend, curieux : "Dis-moi pas que c'est Annie! Ou ben ton gros crisse!
    – Non, c'est ma date.
    Whoo! Cool!… "» (p. 344)

    « Songe, songe, Céphise, à cette nuit cruelle
    Qui fut pour tout un peuple une nuit éternelle » (p. 504)
     

  • Style dense; atmosphère intense; nombreux procédés stylistiques (p. ex., phrase courte, exclamation, interrogation, comparaison, métaphore, énumération, allusion) illustrant notamment les sentiments des personnages.

    « Oh! Mon Dieu! C'est pas vrai! Quel mot terrible! » (p. 17)

    « "Tu pleures? Maman… tu pleures? T'es là? Tu entends, c'est ça? Ça te fait pleurer? On aurait dit que t'étouffais. Mais c'est des larmes, han, maman? C'est des larmes?" » (p. 43)

    « Mais quand ce paquet de muscles avachis va bouger, craquer et se plaindre, il restera la médiocrité pour te tenir compagnie. » (p. 71)

    « Elle fixe le visage de Steve endormi. De quel amour blessé… » (p. 314)
     

  • Vocabulaire précis, champs lexicaux et sémantiques liés, entre autres, aux thèmes de l'amour, de la poésie et de la liberté.

    « "O.K., Steve, moi je t’aime. Je t’aime et même si je me mets à aimer Jean-Louis un jour, je vais continuer de t’aimer. Et je sais que tu m’aimes. On va se promettre quelque chose : on est là l’un pour l’autre. On peut aimer d’autres personnes, mais on est là l’un pour l’autre, point final." » (p. 370)

    « Elle relève la tête soudain : Rilke! Le poète de la vérité, le poète de la solitude infinie. Comme elle l'a aimé, celui-là. […]
    Elle se lève, cherche le volume de la Pléiade dont certaines pages sont tellement froissées. Le signet se trouve déjà sur Vergers, ces poèmes écrits en français. Ce soir quelque chose dans l'air a passé… » (p. 479)

    « Yolande constate qu’elle met en procès maintenant ce qu’elle ne mettait même pas en question avant l’accident. Elle y voit une amélioration de sa liberté : si être libre, c’est choisir en toute conscience, elle veut avant tout être libre pour choisir vers qui elle ira et avec qui elle partagera sa vie. » (p. 488-489)

Référent(s) culturel(s)

  • Nombreuses citations de poètes de la francophonie canadienne et internationale (p. ex., Gaston Miron, Alain Grandbois, Émile Nelligan, Jacques Brel, Pierre de Ronsard, Louis Aragon, Charles Beaudelaire, Guillaume Apollinaire, Victor Hugo, Anne Hébert, Hector de Saint-Denys Garneau, Marceline Desbordes).

Pistes d'exploitation

  • Demander aux élèves de tracer les grandes lignes du cheminement de Yolande en se basant sur les titres des chapitres (p. 617).
  • Inviter les élèves à lire quelques-uns des poèmes cités dont la liste est présentée aux pages 615 et 616.
  • Inviter les élèves à participer à une discussion sur les relations mère-fille décrites dans le roman.
  • Inviter les élèves à décrire la philosophie de vie (p. ex., quête du bonheur, recherche de la vérité) traitée dans ce roman.

Conseils d'utilisation

  • Présenter Marie Laberge et l'ensemble de son œuvre.
  • Avant la lecture, discuter de certains sujets délicats abordés dans l'œuvre (p. ex., folie, mort, adultère).
  • Présenter certaines maladies mentales (p. ex., schizophrénie, dépression, bipolarité) afin de mieux faire comprendre les réactions des personnages.
  • Après la lecture, expliquer le rôle de la poésie dans l'œuvre.

Ressource(s) additionnelle(s)

  • IDÉLLO.org, ressources éducatives en ligne, 11e et 12e année, Série : L'art d'être parent, La dépression.