- Pièce de théâtre, en deux parties dont l'intrigue se situe dans un temps et dans un lieu indéfinis; huit personnages aux réactions très humaines, parmi lesquels Yoram (le patriarche de la famille Kurma), Goury (son fils cadet), Salkar (le capitaine d'un caboteur) et Ousmia (la femme de Goury), entourés d'un chœur de commères commentant la vie du village.
« COMMÈRE OPTIMISTE
Oh! Regardez là-bas… Dans le chenal.
COMMÈRE VAILLANTE
C'est Goury! Mais qu'est-ce qu'il fait…?
COMMÈRE BÈGUE
Il fonce droit sur le bateau de Salkar.
COMMÈRE PET-SEC
C'est son père qui est aux commandes.
COMMÈRES OPTIMISTE, VAILLANTE ET BÈGUE
Yoram? » (p. 11)
« OUSMIA
Goury! Te voilà enfin. Je commençais à m'inquiéter. » (p. 16)
- Représentation d'une culture aux traditions inventées ou transposées, mais vraisemblables; fresque se déroulant sur quatre générations, suivant l'ordre chronologique, mais comptant des ellipses, des retours en arrière, des anticipations et un prologue dont l'action est postérieure à celle de l'épilogue.
« PROLOGUE
Norouz tient un bébé dans ses bras.
NOROUZ
Un jour, nous irons dans un pays couvert d'herbe grasse, un pays où les arbres se couvrent de fleurs roses en plein hiver. » (p. 9)
« IRINA
Attendez!
Irina prend le petit Menkho et le pose sur différentes parties du poisson.
IRINA
La tête pour les rêves… Le dos pour la force… L'aileron pour l'adresse…
COMMÈRE JOUISSEUSE
Le souhait est puissant. L'enfant sera tenace. » (p. 24-25)
« 17 ANS PLUS TARD » (p. 65)
« MENKHO
Une ancienne remise à glace. Ma grand-tante Irina y habitait autrefois.
NOROUZ
Elle est partie, elle aussi?
MENKHO
Non, elle est morte dans l'incendie. Une nuit d'hiver, des oiseaux se sont coincés dans la cheminée. Ma grand-tante est morte étouffée par la fumée et un villageois est mort en essayant de la sortir de là.
NOROUZ
C'est terrible…
MENKHO
Ça fait longtemps. J'étais tout petit. » (p. 85)
« ÉPILOGUE
Face à la mer disparue, Norouz parle à l'enfant qu'elle porte.
NOROUZ
Tu verras, ma fille. Un jour, nous trouverons des sources pures et glacées pour étancher la soif de tout ce qui vit. Tu verras, tu verras… » (p. 120)
- Thèmes pouvant intéresser aussi bien les filles que les garçons (p. ex., révolte, transformation sociale, identité et résilience).
« COMMÈRE PET-SEC
Tu as fini par te soumettre, comme tout le monde…
COMMÈRE JOUISSEUSE
Pourquoi tu ne nous as pas dit que c'était fait?
COMMÈRE MÉCHANTE
Qui t'a domptée : ton époux ou ton beau-père?
OUSMIA
Personne ne m'a domptée, je les ai coupés moi-même!
Elle s'éloigne à grands pas.
Je l'ai fait pour Goury. Pas pour vous, bande de corneilles miteuses. » (p. 48)
« MENKHO
Je veux partir, Norouz! Il n'y a plus rien, ici. Plus de vie, plus d'espoir. Je devrais être fier, je devrais sauter de joie, mais… Je vais devenir fou, comme mon père. Aujourd'hui, il m'a légué le bateau. Je n'en veux pas. Je ne veux plus pêcher, Norouz. Il n'y a plus de batsadas, plus de poissons, plus d'œufs, plus rien. Plus rien… Rien!…Rien…
Norouz réconforte Menkho.
NOROUZ
Personne ne peut t'obliger à choisir un destin dont tu ne veux pas. Personne…
MENKHO
Je vais briser la lignée des Kurma. Je vais briser tous les rêves et les espoirs de mon père…
NOROUZ
Ce sont ses rêves, ses espoirs, pas les tiens. » (p. 101)
« NOROUZ
Tu ne sais rien des moutons.
MENKHO
J'apprendrai. » (p. 102)
- Didascalies précisant le temps, le lieu et les actions des personnages; chansons parsemées dans le récit et marquant notamment la transition entre les deux parties de la pièce.
« C'est le Nouvel An. Sur la place du village, on allume un feu, on installe des plats et des victuailles tandis que commère méchante et commère jouisseuse complotent. » (p. 57)
« Transition
Chanson du temps qui passe…
Quand tu étais jeunesse, le temps semblait si long
Tu apprenais le monde et toutes ses ivresses,
Rêveries et chimères cachées au creux des mains
Tu chantais dans le vent en courant vers demain (bis) » (p. 64)