- Personnages principaux, Gabriel Veilleux, jeune de 16 ans, et Marie-Lune Dumoulin-Marchand, sa mère biologique, vivant des intrigues parallèles se retouchant à la fin; personnages secondaires très nombreux, recréant avec vraisemblance l’entourage et le quotidien familial, scolaire ou professionnel des personnages principaux.
« Elle avait abandonné un enfant. Au plus profond d’elle-même, c’est ainsi qu’elle avait toujours formulé cet épisode de sa vie. Et le poids de ce geste l’avait écrasée pendant tellement d’années qu’elle jugeait maintenant avoir suffisamment expié. Surtout qu’après, la vie l’avait encore bien assez éprouvée. » (p. 68)
« Peu à peu, Gabriel s'était métamorphosé. Le petit garçon intelligent et intense, délicieusement hypersensible, s'était transformé en jeune homme ombrageux, mal dans sa peau, renfermé. Elle avait tenté de le faire sortir de son antre, de provoquer les confidences, de réinstaller leur joyeuse complicité. Gabriel restait poli mais inatteignable. » (p. 76-77)
« Alors, pour la première fois depuis ces deux terribles semaines où Marie-Lune leur avait confisqué Gabriel, Claire s’était sentie affreusement impuissante. Et elle avait eu peur, très peur. Peur que son fils dérape. Peur qu’il bousille son avenir, peur qu’il choisisse un autre chemin que celui qu’elle avait tracé pour lui. » (p. 77)
- Thèmes principaux et parfois délicats de l’amour, de la rédaction littéraire et de l’adoption, représentés par des personnages en quête d’amour et de leur identité respective.
« Elle devait s’accrocher à la croyance qu’elle parviendrait un jour à apprivoiser son deuil de maternité et d’enfance, qu’elle ne serait plus hantée par l’idée qu’un de ces jeunes adolescents qui écrivaient à Stephen King, Hergé ou Nelligan était peut-être son fils. » (p. 35)
« Il avait suffi d’un regard de Jean ce jour-là pour qu’un désir puissant lui creuse les reins. C’était elle qui avait donné le signal en dégrafant lentement son chemisier. Jean avait pris la relève. Délicatement, sans dire un mot, il lui avait retiré ses vêtements. Puis il avait embrassé et caressé chaque centimètre de son corps avec une tendresse empreinte de dévotion. » (p. 39)
« Ce qu’il cherchait, ce vers quoi il tendait en s’évertuant à retrouver sa mère biologique, c’était un peu ça. Une détente bienheureuse comme celle qu’il éprouvait sur les berges de l’étang tout au bout de la piste cyclable. Une libération. Il était persuadé que cette femme qu’il devait retrouver l’aiderait à comprendre qui il était et quelle était sa place dans ce monde. » (p. 46)
« Aujourd’hui, elle leur parlerait peut-être aussi de son travail de directrice littéraire à L’achillée millefeuille. Et si la confiance régnait, si le climat était bon, elle les entretiendrait de ses nouveaux projets d’écriture. » (p. 211)
- Œuvre offrant une suite aux romans précédents de la même série de Dominique Demers par la présence d’un personnage auteur (Marie-Lune) responsable de l’intrigue menant au récit en question.
« Emmanuelle poussa un soupir en refermant le roman de Marie-Lune Dumoulin-Marchand. Elle venait d'en terminer la lecture pour la troisième fois. Et comme à chaque occasion, elle avait envie d'écrire à l'auteure pour lui dire qu'elle avait l'impression que ce roman avait été écrit pour elle, qu'elle se reconnaissait parfaitement dans les tremblements d'âme, le sombre désespoir et les élans euphoriques de Marie-Soleil. » (p. 20)
« Je pensais à ce qui est écrit dans votre roman : les grands arbres ne meurent pas… ils restent droit… ils tiennent bon… ils se moquent du vent… ils dansent dans la tempête. » (p. 25)
« Marie-Lune s'arrêta à mi-chemin entre la berge et l'île pour se gorger d'arbres et de ciel. Ces confidences d'écrivains lui rappelaient que tout était possible. Qu'avec des mots, on pouvait réinventer la réalité et parfois même prendre une revanche sur le passé. Le témoignage particulier de cet écrivain durement écorché par le décès de son bébé semblait vouloir lui indiquer une voie. » (p. 149)
- Narration omnisciente présentant tour à tour les pensées profondes, les objectifs de vie et les préoccupations des personnages dans leur réalité respective, notamment de Gabriel et de Marie-Lune.
« Quelle idiote! songea Gabriel, pourtant bien content de ne pas partager son compagnon ailé avec cette chipie. » (p. 12)
« Marie-Lune devinait que son compagnon développait une affection très particulière pour cet enfant. Des images avaient surgi dans sa tête pendant que Jean parlait. Elle l'imaginait très paternel avec le petit garçon, ce qui éveillait en elle des sentiments confus d'attendrissement et de mélancolie. » (p. 31)
« Et si sa mère biologique l'accueillait comme celle de Pierre Joffe? Si elle refusait de le rencontrer? Peut-être découvrirait-il qu'ils n'avaient aucune ressemblance, aucune affinité? qu'il s'était leurré et qu'elle n'avait rien à voir avec les questions qui le tourmentaient? Gabriel repoussa ces pensées. Il avait besoin de s'accrocher à la certitude que la femme qui l'avait porté dans son ventre avait envie de le rencontrer et pouvait l'aider. » (p. 183)