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Anatomie de la fiche Anatomie interactive
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2Petites pierres blanches

Doué d’un sens d’observation aigu, l’auteur offre des « instantanés », des « photographies », des « médaillons » qui dépeignent la vie quotidienne avec ses banalités, ses joies, ses insignifiances, ses douleurs et ses moments les plus risibles.

Dans ce genre bref qu’il cultive depuis longtemps, Maurice Henrie aborde avec amusement ses thèmes de prédilection : folie du monde moderne, nostalgie du passé, observation de la nature, goût du voyage, absurdité de la vie… poursuivant dans ce seizième ouvrage une œuvre qui prend racine dans le vrai monde.

(Tiré de la quatrième de couverture du livre.)

3 À propos du livre

Contenu

  • Quarantaine de nouvelles très courtes, divisées en sept sections thématiques titrées (p. ex., Voyages, Quotidien, Culture); intrigues faisant le portrait de personnages ou de situations particulières, sans toujours suivre un schéma narratif (p. ex., absence d'événement déclencheur ou de point culminant).
  • Personnages peu nombreux, anonymes ou unidimensionnels, aux traits de personnalité souvent peu ordinaires (p. ex., obsession, allergie, tristesse inexplicable), bien que faisant face à des situations du quotidien.

    « …la voix de mon GPS est charmante, séduisante même. Tellement que, à la prochaine avenue, je tourne délibérément à droite plutôt qu'à gauche […] Afin qu'elle intervienne pour corriger mon erreur volontaire et que je puisse entendre de nouveau son timbre moelleux et magnétique. Est-ce possible? Je deviens amoureux de la femme de mon GPS! » (p. 58)

    « Bernie ne travaillait pas. Une disposition étrange et héréditaire faisait qu'il était allergique à tout effort physique, comme l'avait été son père avant lui. Ce n'était pas, à proprement parler, de la paresse, ni une quelconque inaptitude. C'était plutôt un refus silencieux et catégorique de participer à toute activité rémunérée. » (p. 63) 

    « De nouveau, le médecin se pencha sur Jean. Il lui prit même la tête entre ses deux mains et plongea son regard médical dans ses deux grands yeux. Et dans ces yeux, tout au fond de ces yeux, il vit une très grande tristesse. Elle gisait inerte dans les pupilles et semblait avoir toujours été là. » (p. 188)
     

  • Thèmes du quotidien, des préoccupations s'y rattachant et de son caractère parfois absurde, du voyage et des relations interpersonnelles, exploités avec simplicité.

    « – Savez-vous que, à elle seule, notre bibliothèque municipale dispose de 175 places de stationnement, alors que notre aréna n’en a que cinq, dont deux sont réservées aux handicapés? J’ai vérifié le tout moi-même et je peux vous assurer que c’est la vérité. Ce n’est pas normal, ça! Il faut donner un coup de barre et rendre aux sports et aux athlètes le poids et l’importance qu’ils méritent. » (p. 56)

    « Micheline reste sceptique. Elle connaît déjà la Floride […] Bien sûr qu'elle aime le soleil, l'été, la chaleur, le ciel bleu à perte de vue. […] Mais avec le temps, elle a atteint une sorte de satiété. La tentation est maintenant moins forte de faire ses bagages… » (p. 93)

    « Décima devait trouver un autre moyen d'entrer en communication avec les gens d'ici. Pour y arriver, il devrait contourner le double problème que présentaient sa propre transparence et leur opacité à eux. La solution qui lui parut la meilleure fut non pas de rechercher un contact physique avec eux, comme il venait de le faire, mais plutôt de comprendre le fonctionnement de leur esprit. » (p. 167)
     

  • Narrateur parfois omniscient, mais le plus souvent participant, qui permet au lectorat de connaître les préoccupations, les réactions et les pensées intimes habitant les personnages.

    « Elle sentait augmenter un peu plus chaque jour l'angoisse qu'elle avait d'abord éprouvée, après sa dernière visite. Il lui semblait même qu'une main invisible lui serrait la gorge et gênait sa respiration. Mais elle savait fort bien que l'angoisse, quand elle est assez forte, peut faire naître des hallucinations. » (p. 86)

    « Quand j'ai vu la Mona Lisa la première fois, au Louvre, derrière sa cage de vitre blindée, j'ai été terriblement déçu. Quoi? Ce n'était que cela, la Mona Lisa! Je m'attendais à beaucoup mieux. » (p. 117)

    « Tout de suite après lui avoir dit que je l'aimais, je me suis senti mal à l'aise. J'avais l'impression d'avoir menti en parlant trop vite. Si je m'étais donné la peine de réfléchir, j'aurais peut-être répondu autrement. […] Mais qu'aurais-je pu répondre d'autre? Que je ne l'aimais pas? Bien sûr que non! Impossible de dire à une femme qu'on ne l'aime pas! » (p. 131)
     

  • Séquences dialoguées dévoilant les principales caractéristiques des personnages et leur rapport avec le monde qui les entoure.

    « – C'est la première fois que vous voyez un psychiatre?
    – Mon Dieu, oui! J'en ai d'ailleurs un peu honte. Parce que dans ma famille, vous savez, personne n'a jamais déraillé. On a tous la tête solide et les deux pieds à terre. » (p. 46)

    « Le médecin se tourna alors vers Jean.
    – À quoi penses-tu quand tu penses?
    – À tout et à rien. À tout ce qui m'entoure. Je pense à ce que je vois et à ce que j'entends. Je réfléchis à ce que je pense. Je me demande pourquoi je réfléchis. Je ne sais pas pourquoi je pense. Je réfléchis à ce que je ne comprends pas. Je… » (p. 188)

Langue

  • Registre courant employé dans la plupart des nouvelles; registre familier apparaissant dans certaines séquences dialoguées, contribuant à la vraisemblance des personnages.

    « Quelque part entre Tataouine et Douz, nos trois quatre-quatre quittent la route nationale et, hardiment, bifurquent droit vers le désert. Si les chauffeurs suivent un sentier qui leur est connu, il nous est impossible, à nous, de le distinguer dans le paysage ensablé. » (p. 25)

    « Une fois seul, Billard convint que, à bien y penser, la solution proposée par son assistant, si barbare pouvait-elle sembler, avait l'avantage d'être propre et rapide. Surtout dans la situation d'urgence où il se trouvait. » (p. 69)

    « – Le prix du gaz a encore monté, c'te nuit. Cinq cennes le litre. C'est vraiment écœurant. Les compagnies font assez de profit que ça p'us de bon sens. » (p. 78)
     

  • Comparaisons, répétitions et énumérations enrichissant le style de l'auteur.

    « Sans qu’elle le sache ni qu’elle le veuille, Fernande avait une voix qui résonnait comme le glas d’une église. » (p. 87)

    « …David recommença à s'inquiéter, sans trop savoir de quoi il était inquiet. L'angoisse naissait en lui d'abondance et envahissait son esprit. Il lui semblait que… Il craignait que… Il redoutait que… Pourtant, rien ne se réalisait, rien ne se concrétisait. C'était plutôt chez lui un état d'esprit, une anxiété permanente et sans cause précise. Une manière d'être et d'exister. » (p. 99)

    « – […] Pendant des années, j'ai écouté les bruits qui m'arrivaient de partout : conversations, alarmes, sirènes, orages, rumeurs, vociférations, sonneries, ronronnements, haut-parleurs, tonnerre, grésillements, claquements, pétarades, explosions… Vous voulez que je continue? » (p. 178)
     

  • Variété de procédés stylistiques (p. ex., présent de la narration, touche d’humour subtil, suite de phrases interrogatives) et de formes (p. ex., italique, absence de majuscules et de ponctuation dans la nouvelle Théo) contribuant à l'originalité du recueil.

    « Le guichet m'appelle de nouveau. Enfin! Installez-vous dans la salle 3A et relevez votre manche. Le médecin sera là dans un instant. J'attends cinq, puis dix minutes. Je ne m'en fais pas. Je suis à l'aise, tout seul, dans cet espace minuscule. » (p. 45)

    « Sa seule pensée rassurante, c’était que, tôt ou tard, tous les paroissiens finiraient par franchir les portes de son établissement, soit à la verticale, soit à l’horizontale. La dernière position, celle qu’il préférait, étant habituellement la plus lucrative! » (p. 66)

    « Elle voulait plutôt qu'on soit franc et direct avec elle. Jutras l'était-il? Elle en doutait. Que faire? Obtenir l'avis d'un autre médecin? » (p. 86)

    « Elle connaissait par cœur des refrains déjà célèbres.
    Plaisir d'amour ne dure qu'un moment
    Chagrin d'amour dure toute la vie
    » (p. 108)

    « je vous ai souvent parlé de lui mais je ne vous ai pas tout dit au sujet du bonhomme énigmatique qu'était mon grand-père Théo qui est mort sans avoir rien dit ou si peu que ce n'est pas la peine de le rappeler et qui n'a jamais su articuler sa pensée à moins que plutôt il n'ait pas voulu le faire… » (p. 191)
     

  • Lexique généralement simple reflétant les défis du quotidien.

    « Carnet en main, la vieille Émilie plisse les yeux en regardant vers le ciel. Rien! Il est vide, sauf pour un petit nuage pâle et allongé qui a vaguement la forme d'un brochet […] Émilie laisse tomber les deux bras le long de son corps, l'air ennuyé et découragé. » (p. 21)

    « Le lendemain et le surlendemain sont semblables au premier jour. Mais le temps tourne ensuite au froid et à la pluie, preuve que des vacances dans le Sud ressembleront toujours à une soirée au casino : tôt ou tard, il faut perdre. » (p. 95-96)

    « Je rentre chez moi pour pleurer la mort de mon Michel à moi. Je me recroqueville dans ma prison chaleureuse. Mais mon chagrin ne sait à qui ni à quoi s'en prendre. Je n'en ai contre rien ni personne. Je me dis que c'est comme ça. Que c'est la vie. Que c'est la mort. » (p. 141)

Référent(s) culturel(s)

  • Allusions à des chansons qui ont marqué la culture canadienne-française (p. ex., La destinée, la rose au bois, Passant par Paris, Prendre un verre de bière mon minou); mention de chanteuses et de chanteurs canadiens ou français (p. ex., Robert Charlebois, Charles Trenet, Gilbert Bécaud, Mireille Mathieu).

Pistes d'exploitation

  • Inviter les élèves à participer à une table ronde de jeux de rôle, au cours de laquelle chacun ou chacune incarnerait un des personnages du recueil pour s'exprimer sur une question donnée au préalable; leur demander de refléter les caractéristiques de leur personnages respectifs.
  • Demander aux élèves de s'inspirer d'une de leurs expériences quotidiennes dans le but de rédiger une courte nouvelle littéraire rattachée à un des thèmes principaux du recueil; les encourager à choisir la narration participante.
  • Proposer aux élèves de tisser des liens entre les comportements et les idéologies des personnages des différentes nouvelles et de certaines philosophies marquantes du XXe siècle.
  • Demander aux élèves de reprendre la nouvelle Théo et d’y ajouter la ponctuation tout en apportant les changements nécessaires au texte.

Conseils d'utilisation

  • Bien encadrer la lecture de certaines nouvelles et notamment Béluga, qui porte sur l'abus sexuel d'une enfant, et Sexe, qui effleure des sujets plus délicats reliés à ce thème.

Ressource(s) additionnelle(s)

  • IDÉLLO.org, ressources éducatives en ligne, 9e à 12e année, Série : Panorama – Artistes de chez nous, Auteurs : Christensen, Henrie et Mbonimpa.