- Registre courant employé dans la plupart des nouvelles; registre familier apparaissant dans certaines séquences dialoguées, contribuant à la vraisemblance des personnages.
« Quelque part entre Tataouine et Douz, nos trois quatre-quatre quittent la route nationale et, hardiment, bifurquent droit vers le désert. Si les chauffeurs suivent un sentier qui leur est connu, il nous est impossible, à nous, de le distinguer dans le paysage ensablé. » (p. 25)
« Une fois seul, Billard convint que, à bien y penser, la solution proposée par son assistant, si barbare pouvait-elle sembler, avait l'avantage d'être propre et rapide. Surtout dans la situation d'urgence où il se trouvait. » (p. 69)
« – Le prix du gaz a encore monté, c'te nuit. Cinq cennes le litre. C'est vraiment écœurant. Les compagnies font assez de profit que ça p'us de bon sens. » (p. 78)
- Comparaisons, répétitions et énumérations enrichissant le style de l'auteur.
« Sans qu’elle le sache ni qu’elle le veuille, Fernande avait une voix qui résonnait comme le glas d’une église. » (p. 87)
« …David recommença à s'inquiéter, sans trop savoir de quoi il était inquiet. L'angoisse naissait en lui d'abondance et envahissait son esprit. Il lui semblait que… Il craignait que… Il redoutait que… Pourtant, rien ne se réalisait, rien ne se concrétisait. C'était plutôt chez lui un état d'esprit, une anxiété permanente et sans cause précise. Une manière d'être et d'exister. » (p. 99)
« – […] Pendant des années, j'ai écouté les bruits qui m'arrivaient de partout : conversations, alarmes, sirènes, orages, rumeurs, vociférations, sonneries, ronronnements, haut-parleurs, tonnerre, grésillements, claquements, pétarades, explosions… Vous voulez que je continue? » (p. 178)
- Variété de procédés stylistiques (p. ex., présent de la narration, touche d’humour subtil, suite de phrases interrogatives) et de formes (p. ex., italique, absence de majuscules et de ponctuation dans la nouvelle Théo) contribuant à l'originalité du recueil.
« Le guichet m'appelle de nouveau. Enfin! Installez-vous dans la salle 3A et relevez votre manche. Le médecin sera là dans un instant. J'attends cinq, puis dix minutes. Je ne m'en fais pas. Je suis à l'aise, tout seul, dans cet espace minuscule. » (p. 45)
« Sa seule pensée rassurante, c’était que, tôt ou tard, tous les paroissiens finiraient par franchir les portes de son établissement, soit à la verticale, soit à l’horizontale. La dernière position, celle qu’il préférait, étant habituellement la plus lucrative! » (p. 66)
« Elle voulait plutôt qu'on soit franc et direct avec elle. Jutras l'était-il? Elle en doutait. Que faire? Obtenir l'avis d'un autre médecin? » (p. 86)
« Elle connaissait par cœur des refrains déjà célèbres.
Plaisir d'amour ne dure qu'un moment
Chagrin d'amour dure toute la vie » (p. 108)
« je vous ai souvent parlé de lui mais je ne vous ai pas tout dit au sujet du bonhomme énigmatique qu'était mon grand-père Théo qui est mort sans avoir rien dit ou si peu que ce n'est pas la peine de le rappeler et qui n'a jamais su articuler sa pensée à moins que plutôt il n'ait pas voulu le faire… » (p. 191)
- Lexique généralement simple reflétant les défis du quotidien.
« Carnet en main, la vieille Émilie plisse les yeux en regardant vers le ciel. Rien! Il est vide, sauf pour un petit nuage pâle et allongé qui a vaguement la forme d'un brochet […] Émilie laisse tomber les deux bras le long de son corps, l'air ennuyé et découragé. » (p. 21)
« Le lendemain et le surlendemain sont semblables au premier jour. Mais le temps tourne ensuite au froid et à la pluie, preuve que des vacances dans le Sud ressembleront toujours à une soirée au casino : tôt ou tard, il faut perdre. » (p. 95-96)
« Je rentre chez moi pour pleurer la mort de mon Michel à moi. Je me recroqueville dans ma prison chaleureuse. Mais mon chagrin ne sait à qui ni à quoi s'en prendre. Je n'en ai contre rien ni personne. Je me dis que c'est comme ça. Que c'est la vie. Que c'est la mort. » (p. 141)