- Narratrice omnisciente retraçant avec exactitude des événements américains, imaginant ou recréant certaines réactions et intentions des personnages et dénonçant leur réalité.
« …il entendit autour de lui qu'il s'agissait d'un revolver de calibre .22, les huit coups vibraient encore dans sa tête, pendant qu'il remuait faiblement son poignet droit, ses bras étendus, dans une inquiétante passivité. La foule était là, avec l'ambulance, lorsqu'il fut transporté au Good Samaritan Hospital, partout la foule se pressait autour de lui, les journalistes, les volontaires de la campagne électorale et ce photographe… » (p. 19)
« …s'effondrant sur le plancher de la cuisine d'un hôtel, oui, mais tué, sacrifié pour eux, afin que ses idées soient leur legs, leur héritage spirituel, comme si le sénateur eût compris en même temps qu'aucun sacrifice n'est vain, aucune lutte, comme si dans l'illumination de son ultime regard, autour de lui, il eût perçu que tous ses rêves ne seraient pas avec lui anéantis… » (p. 47)
« Et nous nous posons cette question, combien encore de ces innocents manifestants, combien encore seront tués par erreur? Quand ils n'ont fait que désobéir aux lois de la guerre, de façon aussi stoïque, héroïque, combien encore allongeront la liste de ces étudiants martyrs? » (p. 97)
- Personnages principaux historiques, Robert Kennedy et Barbara Deming, leaders pacifistes au cœur des drames évoqués; quelques personnages secondaires les accompagnant ou les encourageant dans leurs épreuves (p. ex., Ray); mention d’étudiants victimes d’incidents tragiques.
« Le sénateur Robert Kennedy a été assassiné, c’est la fin de celui qui symbolisait la résistance de la jeunesse, sa beauté, sa ferveur, en toute lucidité, clairvoyance. La fin de celui qui voyait toujours au-delà des imperfections du présent, vers un avenir dont il paraissait porter à lui seul la lumière, avec une modestie sereine. » (p. 53)
« …son nom est connu parmi ses camarades militants, mais son nom, Barbara Deming, est surtout connu en ces années 1963-1964 par ses amis, les marcheurs pour la paix de cette première marche […], parce que Barbara semble être le leader de sa communauté ou de toute communauté qui risquerait sa vie avec elle pour la fin de la ségrégation dans le Sud… » (p. 57)
« Ray, un jeune homme afro-américain très grand et qui a l’air d’un athlète, est aux côtés de Tyrone, qui lui ressemble comme un frère, ils se parlent en marchant, Ray porte sous le bras une mallette sur laquelle il est écrit Love and forgiveness… » (p. 58)
« "Nous tous, maintenant, après tant d'épreuves traversées ensemble, nous sommes une famille", écrivit Barbara. Ray approuva, "oui, nous sommes une famille maintenant, bravo, les filles, Brad et moi vous admirons de tenir si longtemps pendant le jeûne". » (p. 82)
« …il y aura ce jour-là, ce 4 mai 1970, quatre étudiants tués par la Garde nationale et neuf étudiants blessés, dont plusieurs seront dans un état critique. Les noms de ces étudiants martyrs assassinés sont Allison B. Krause, dix-neuf ans, Sandra Lee Scheuer, vingt ans, Jeffrey Glenn Miller, vingt ans, et William Knox Schroeder, dix-neuf ans. » (p. 95)
- Thèmes parfois délicats de la violence, de la mort et de la ségrégation raciale, s'opposant à ceux de la paix et de la lutte sociale, partagés par les trois différentes intrigues et représentant fidèlement les réalités socioculturelle et sociohistorique des États-Unis pendant les années 1960 et 1970.
« …serons-nous ennemis les uns des autres, les Blancs contre les Blancs, les Noirs contre les Noirs, haineux les uns envers les autres, nous détestant et nous méprisant, ou comme Martin Luther King nous l'apprit, ferons-nous un effort pour mieux nous comprendre, repoussant en nous toute violence, que cette tache de la sanglante violence puisse enfin disparaître… » (p. 26-27)
« …il y avait eu en si peu de temps trop de sang versé, et comment ne pas vivre dans la peur désormais, on avait tué son frère à Dallas, Malcolm X dans une salle de bal à New York, et en ce 4 avril 1968, Martin Luther King avait été assassiné sur le balcon du motel Lorraine à Memphis… » (p. 27-28)
« Ou ces paroles n’étaient-elles pas insultantes pour le sénateur, qui à cette époque combattait la ségrégation raciale partout où il pouvait le faire, avec une témérité sans faille, même chez les propriétaires d’une chaîne de restaurants dans le Sud où les Noirs jusqu’à présent n’avaient pas été admis au déjeuner avec les Blancs… » (p. 41)
« …Brad écrit à Barbara qu'il faut continuer la lutte, sans défaillance, car ce n'est que le début de leur bataille, ne faut-il pas constater déjà que l'attitude non-violente [sic] des manifestants exerce sur les plus durs, même le chef de police, une sorte de pouvoir persuasif qui les transforme… » (p. 73)
- Séquences narratives et descriptives constituant la quasi-totalité de l'œuvre et dont la richesse des détails contribue à la vraisemblance du vécu des groupes et des peuples évoqués; citations intégrées à la narration, donnant une voix à certains personnages et immortalisant leurs pensées et valeurs.
« Le parcours des marcheurs pour la paix avait été éprouvant, on se souvient de leur départ de la ville de Québec le 26 mai 1963, après une marche qui devait couvrir 2 800 milles (cela avec les délais et arrestations, les sentences de prison, à Griffin, à Macon, à Albany), ils atteignirent Miami le 29 mai 1964… » (p. 59)
« …elle se souvient de cette femme à Albany qui lui a dit, lors d'une manifestation pacifiste, "vous savez, ici, nous aimons les Noirs, nous ne les rejetons pas, ce ne serait pas chrétien d'agir autrement, nos Noirs sont bien avec nous, si vous vous opposez à la ségrégation, vous et vos amis, on vous fera beaucoup de mal", Barbara a senti que cette femme voulait la protéger… » (p. 65)
« Quant au président Nixon, son commentaire aux journalistes est teinté d'une hypocrite compassion qui a des allures de sincérité, "À Washington, le président Nixon déplore la mort des quatre étudiants; cela doit nous rappeler, dit-il, que lorsque la dissension tourne à la violence, c'est la tragédie qui l'emporte […]" » (p. 96)