- Registre courant dans la narration et parfois familier ou populaire dans les dialogues; utilisation de plusieurs mots de la langue inuktitut contribuant à la vraisemblance de l’œuvre.
« Gaïa regardait le vieux, les yeux brillants de plaisir anticipé. Il se mit à rire. Elle déformait toujours son nom de dix façons différentes. Il le lui fit remarquer. Faisait-elle sciemment ces fautes en guise de taquinerie? Elle qui pouvait se souvenir de mots de 20 lettres quasiment sans erreur, serait incapable de retenir "Nanuktalva"? » (p. 17)
« – Heu, ma mère m’appelait Ikraluktoromanarevok, "Je mangerais bien du poisson".
– Ikraluk, au début… Je connais ce mot, s’exclama l’enfant. C’est saumon! » (p. 19)
« Le vieux fronça les sourcils et lâcha, d’un seul souffle :
– Annaodjutiksatuarigomagaluaraptigo. Voilà!
– Là, c’est n’importe quoi!
– Pas du tout. J’ai dit : "Parce que nous voulons cependant avoir celui-là comme moyen de nous sauver." » (p. 61)
« – Heureusement que toi t’es juste une moitié. Si t’avais été entier… Brrr! J’tremble rien qu’d’y penser. » (p. 63)
« Gaïa sembla d’abord ne pas prêter attention aux paroles de son interlocutrice. Puis, avec une vitesse surprenante, la gifle partit.
– Ça, c’est pour "le vieux fou", maudite sorcière. » (p. 132)
- Utilisation d’une variété de types et de formes de phrases (p. ex., déclarative, interrogative, exclamative, impérative, négative, impersonnelle) favorisant une lecture dynamique; phrases parfois lourdement ponctuées traduisant les émotions des personnages; agencement agréable de phrases de différentes longueurs ajoutant du rythme à la lecture.
« Nanuktalva s’était décidé à lui raconter sa vie deux ans plus tôt, après l’avoir ramenée de la garderie. Gaïa lui avait demandé :
– Tu m’as dit que t’avais écrit un livre… Tu l’as caché au grenier? Tu me le montres?
Il avait souri. Le livre! Celui qu’il rédigeait depuis 40 ans, une sorte de journal de vieil étudiant. Mais où commencer la narration et surtout, comment la terminer? » (p. 26)
« – Nanuk… il est si mignon. Un loup blanc, c’est rare hein? Pis, t’as vu ses yeux, bleus comme ceux d’un husky. Mettre des pièges, c’est vraiment méchant… Qui va s’en occuper? » (p. 48-49)
« – Nanuk… derrière nous… deux chasseurs… Ils ont l’air de nous suivre depuis ce matin. Ils marchent à la vitesse de notre chariot.
[…]
– Ce ne sont pas des chasseurs, ma chérie. De plus, ils sont quatre. Il y en a deux autres qui se baladent sur notre gauche. Ces braves gens nous accompagnent depuis notre départ de la cabane.
– Helena nous a donc retrouvés, sitôt qu’on y a remis les pieds! » (p. 178)
« – Frappe-le au cœur, Nanuk!…
Mais son vieil ami n’en fit rien. Il semblait hésiter. En un tel moment? C’était impensable. À la vérité, Nanuktalva n’osait pas faire le geste salvateur. » (p. 186)
- Plusieurs figures de style (p. ex., hyperbole, comparaison, métaphore, personnification, énumération, antithèse) qui enrichissent le texte et agrémentent la lecture.
« Six mois plus tard, elle mourut de chagrin, une journée pleine de soleil et de chants d’oiseaux, termina le vieux, en un sanglot difficilement maîtrisé. » (p. 16)
« L’homme se décrivait comme "un vieux seulement en années". Il était solide, telle la branche du chêne que parcourt la sève printanière. »
[…]
« Il était loup dans sa forêt, ours blanc invisible sur sa banquise, feuille sur la branche. Il était cri du coyote, vol de l’aigle. Il était l’Inuk. L’Homme. » (p. 25)
« Il se levait toujours tôt, uniquement pour avoir la satisfaction d’admirer le soleil qui se faufilait à travers les pins tapissant les collines. » (p. 47)
« Le père de Gaïa pénétra dans le salon avec l’analgésique ainsi que d’autres produits indispensables : antibiotiques, désinfectant, bandages, aiguilles et fil catgut, employé en chirurgie pour recoudre les plaies. » (p. 50)
« Ils riaient, ils pleuraient, leur monde vacillait sur son assise. Ils étaient terrifiés! » (p. 120)
- Séquences descriptives qui permettent de s’imaginer les personnages et les lieux; séquences explicatives cernant l’histoire des Inuits; séquences dialoguées révélant les émotions des personnages et injectant parfois des brins d’humour dans le texte.
« Nanuktalva était un colosse de deux mètres, âgé de 58 ans « environ » […] Même à cet âge, son corps comptait davantage de muscles que d’embonpoint. L’homme et la cabane étaient de la même espèce. Ils se ressemblaient. Rudes et âpres, écorce et peau craquelées par les ans et les intempéries. Ils vieillissaient au même rythme. » (p. 12)
« Sur le côté du petit domaine, il avait empilé plusieurs belles pierres de couleurs différentes, ainsi que le faisaient les chasseurs de son pays, pour effrayer les caribous et leur faire suivre un chemin déterminé. Ces tuktu-Inuksuk, structures construites dans une attitude humaine, pouvaient aussi indiquer une direction. » (p. 23)
« – Je sais. Respire à fond. Comme dans la… heu, médication sans les sandales.
Il se retint de rire pour ne pas la froisser.
– C’est ça. La méditation transcendantale.
– Exactement c’que j’ai dit, mais d’une autre manière. » (p. 30)
« Les Jeux de l’Arctique n’étaient pas seulement des épreuves sportives. Ils constituaient aussi un reflet fidèle de la culture, de l’éducation et de la spiritualité des peuples nordiques. Il fallait non seulement être un athlète pour y participer, mais encore être un citoyen responsable de la nation que l’on représentait. » (p. 92)
« Gaïa et Nanuktalva se firent face. D’un même mouvement, ils tombèrent dans les bras l’un de l’autre.
– Beau coup de pied, ma belle…
La jeune fille vit le sang qui s’écoulait de l’épaule de son vieil ami. Elle devint livide.
– Mon Dieu, Nanuk, tu… tu es blessé!
– Je pense que ce n’est pas grave.
Gaïa alla chercher un rouleau d’essuie-tout dans la cuisine.
– Colle ça sur ton épaule, je m’occuperai de toi plus tard. » (p. 168-169)