- Un personnage principal, Manouane, adolescente vivant des moments tendus avec ses parents, entouré d’amis comme Mistinguett, Sankara ou Alex, et d’opposants comme Justine Babin et le maire.
« Aujourd’hui, c’était au tour de Justine Babin de me tourmenter. J’aurais dû m’y attendre. Son mépris, sa méchanceté, je m’y suis déjà frottée. » (p. 13)
« À côté d’elle, j’avais sans doute l’air du vilain petit canard. Pas que je sois hideuse, non. Je ne suis ni laide, ni jolie. Ni trop grosse, ni trop petite. Yeux bruns, cheveux bruns. Aucun trait distinctif. Je suis simplement et pathétiquement… terne. » (p. 18)
« D’un geste de star de cinéma, la femme a jeté son chapeau dans un coin. Elle a fait gonfler ses cheveux courts, couleur carotte avec des racines noires. Accrochées à ses oreilles, deux grosses boules orangées se balançaient au moindre mouvement de sa tête. » (p. 78-79)
« Le neveu de Coco parlait avec un accent étrange, comme s’il mordait dans les mots. Raffiné sans être snob. Un accent aussi sympathique que son sourire. Tout ce charme commençait à m’énerver. » (p. 138)
- Personnages qui se comportent de façon vraisemblable dans des situations difficiles et qui évoluent tout au long de l’œuvre pour retrouver l’équilibre et une certaine dignité.
« En voyant mon reflet dans le miroir de l’entrée, j’ai sursauté. J’ai compris pourquoi Bobby Babin me rendait si agressive. Mêmes épaules tombantes, même tête renfoncée, même mine maussade. Lui et moi, on se ressemble. Deux mous, qui se laissent humilier sans protester. J’ai couru à ma chambre. Sorti mes bombes de sous mon lit. Je devais cesser de remettre à plus tard. Si je ne me débarrassais pas maintenant de ma face de victime, j’allais finir par m’étriper moi-même. » (p. 102)
« J’avais raconté la Catastrophe en ne m’attardant pas sur les souvenirs les plus cuisants, de peur que les émotions débordent. Maintenant, je me sentais calme. Superbement sereine. Toute mon amertume s’était vidangée pendant que je déballais mon histoire. » (p. 123-124)
« Je vais voyager moi aussi. Parfois très haut, parfois très bas. Je frapperai sans doute quelques murs. J’atterrirai parfois sur l’asphalte, parfois en montagne. Mais comme je suis aussi tenace que le pissenlit, je ne laisserai jamais plus personne m’écraser. » (p. 376)
- Intrigue suivant le schéma narratif propre au roman, certains passages relevant davantage du journal intime pour partager les états d’âme de Manouane.
« Quand je me suis finalement glissée dans mon lit, le soleil étendait sa clarté rosée au-dessus de l’étable. Avant de m’endormir, j’ai chuchoté son nom : Sankara. Les lèvres à peine entrouvertes pour murmurer le "San", les mâchoires qui se tendent pour prononcer le "Ka", ma langue roulant sur la dernière syllabe. » (p. 165)
- Narrateur participant incarné par le personnage principal; retours en arrière expliquant la Catastrophe.
« Autrefois, je rêvais que les V majuscules de mes parents se dégonflaient, se rabougrissaient, que Clovis et Clothilde s’intéressaient à autre chose. À moi, par exemple. » (p. 28)
« Tout a commencé il y a cinq ans, quand ma mère nous a annoncé qu’elle avait une bosse sur un sein. Son médecin a aussitôt exigé une biopsie. Le diagnostic nous a frappés vite et fort : cancer. Il fallait opérer d’urgence. » (p. 115)