- Registre de langue habituellement courant dans la narration et la poésie en prose; citations sentencieuses rappelant l’enseignement religieux reçu des missionnaires; périphrases témoignant de la langue imagée des Anishnabés; incantations et formules, utilisées pour demander de l’aide ou pour conjurer le mauvais sort, illustrant la croyance des peuples autochtones en une puissance supérieure.
« L’évêque s’est redressé. Il a crié à l’assistance, les bras levés au ciel : "Tu es Pierre et sur cette pierre je bâtirai mon Église!" » (p. 12)
« Je descendais la falaise rocailleuse jusque sur la plage du lac Cabonga, mot qui veut dire " là où le sable des plages est doré comme les rayons du soleil au mois des fraises". » (p. 19)
« "Manitous! Manitous! Manitous! Où êtes-vous? Où êtes-vous? Je vous cherche partout, je vous cherche partout." » (p. 140)
- Amérindianismes (p. ex., pemmican, banique), canadianismes (p. ex., micouenne), anglicismes (p. ex., boiler), marques de commerce (p. ex., Tender Flakes) et patronymes (p. ex., Brascoupé, Whiteduck), ajoutant de la couleur locale et permettant de comprendre le contexte de vie multiculturel dans lequel l’auteur a grandi; vocabulaire compréhensible grâce au contexte, aux notes de bas de page et au glossaire.
« C’était des tombes. Ailleurs il n’y avait pas de croix mais un cairn fait de pierres empilées les unes sur les autres. » (p. 20)
« Nous mangions comme des Wendigo8 de la perdrix à la chair ferme et sombre, des patates et des glissantes bouillies9 dans le même chaudron, du pain trempé dans l'onctueuse sauce blanche au fond de notre assiette creuse. » (p. 88)
- Emploi de divers types et formes de phrases (p. ex., déclarative, impérative, interrogative, exclamative, passive, négative) contribuant au rythme de la lecture et à la lisibilité de l'oeuvre.
« Tout le flanc de la montagne avait été mis à nu. La coupe à blanc me bouleversait. Je me demandais : "Pourquoi tout ce bois? À quoi leur servait-il?" La tête me tournait. J’avais le sentiment que notre vie basculait. Je n’avais jamais été inquiet à ce point auparavant. » (p. 107)
« J’ai bu une grande rasade d’eau qui débordait de partout et j’ai moi aussi essuyé ma bouche du revers de la main. L’eau de source, je la sentais froide dans ma bouche, le long de ma gorge, dans mon ventre. Elle m’inondait le cou et l’estomac.
– Elle est bonne? m’a demandé Wawaté en souriant.
– Je n’ai jamais bu de meilleure eau, grand-papa! C’est la meilleure au monde.
– C’est ça, la vie, m’a-t-il dit en hochant la tête. Viens, assoyons-nous ici, au pied du gros bouleau blanc. C’est ma place préférée. » (p. 130)
- Très nombreuses figures de style (p. ex., personnification, énumération, comparaison, euphémisme, onomatopée, oxymore) et expressions imagées, le plus souvent liées à la nature et au règne animal, illustrant la façon dont Miguetsh saisit le monde.
« La forêt était accueillante, calme, silencieuse. On aurait dit qu’elle me retenait dans ses bras, me cajolait, m’enjôlait. » (p. 22)
« Toute sa vie il avait voyagé vers le Nord, migrant comme les oies sauvages. » (p. 70)
« Wawaté se préparait à vivre dans le monde des ancêtres. » (p. 75)
« Et le géant aux commandes lançait de plus belle des cris puissants qui pétaient en coups de fusil : "Hush! Hush! Hâ! Hâ! Allez! Allez! Hâ! Hâ!" » (p. 85)
« À la queue leu leu, les chiens aboyaient, se cabraient, fonçaient dans les colliers, le pavillon au vent, roulé en queue d’écureuil. Le traîneau bondissait, je riais aux larmes, les dents serrées. » (p. 85)
- Séquences descriptives permettant d’imaginer le monde dans lequel l’auteur a vécu son enfance et de se représenter certains objets, personnages et phénomènes naturels; récits imbriqués dans le roman pour transmettre des enseignements à l’instar des fables; séquences dialoguées peu nombreuses, qui permettent de comprendre les liens entre les personnages, ainsi qu’entre les personnages et la nature.
« Notre toute petite maison blanche au toit rouge, construite à l’abri des grands vents, était planquée entre les troncs et les racines tordues des vieux pins gris, à la manière d’un lièvre qui se terre par crainte du froid… ou du renard. » (p. 15)
« Elle connaissait par cœur le nom des étoiles que je montrais du doigt; je savais par laquelle commencer.
– Celle-là, Kokum, la grosse qui scintille…
– Elle, ah oui! elle est très belle; c’est l’étoile du Nord, la seule à ne pas bouger dans le ciel. Elle nous guide quand nous voyageons sur nos territoires de chasse. » (p. 26)
« Ce n’était pas les premières aurores boréales que nous observions mais, ce soir-là, peut-être à cause de la pleine lune et de la limpidité du ciel, elles roucoulaient et dansaient comme des coqs qui chantent la pomme à leur perdrix. » (p. 27)
« À ma naissance, j’ai reçu une belle paire de mukluks2 en peau d’orignal boucanée, ornés de fourrure de castor et décorés de piquants de porc-épic teints en rouge. » (p. 33)
« Mon père était un géant. […] Il avait une forte carrure, le cou en tronc d’arbre, des mains d’ours. » (p. 47)
« – Salut, Grand Bonhomme.
– Salut, Monsieur Jos Fecteau. Je suis content de vous voir! » (p. 66)
« … mon père […] s’est calé sur sa chaise pivotante en me disant : "Pien, je vais te raconter une histoire […]
"C’est l’histoire d’un jeune homme, un jeune homme Blanc qui se présente ici, au lac Cabonga, un jour de printemps. Personne ne le connaît, ni ne l’attend. Il va à la rencontre des hommes qui réparent leurs canots près du quai… » (p. 113)