Mes parents sont gentils mais… tellement girouettes!

« …et mes parents se plaignent constamment d’être endettés. Ils ont la fâcheuse manie de faire des dépenses folles, pour lesquelles ils empruntent à droite et à gauche. Ils m’avaient promis une boîte à savon, mais je savais par expérience que le Marcel et la Margot changent d’idée à la vitesse de l’éclair.

Ce n’est pas pour rien que je traite mes parents de girouettes : ils sont trop souvent caméléons, papillonnants, imprévisibles et instables. Pour mon plus grand malheur. » (p. 18)

« Fou de motos, mon cousin Conrad a vingt-cinq ans mais se comporte comme s’il en avait dix. Son intérêt pour la moto n’a d’égal que sa haine du boulot. Dans les deux dernières années seulement, mon cousin a écrasé une mouffette, fracassé une balançoire, dérapé sur une route glacée et bousillé deux motocyclettes.  Devant cette enfilade de catastrophes, il ne faut pas s’étonner que sa mère ronchonne autant. » (p. 40)
 

« À la fin de la journée, j’avais un coup de soleil, une faim d’éléphant et plus une goutte de salive en bouche. J’avais aussi 426 $ dans ma bonbonnière. Amplement suffisant pour rembourser ce que j’avais « emprunté » au fond pour le Niger. » (p. 142)
 

« Ma mère a posé devant moi le journal, avec la photo du gamin du Goudoumaria.
– Cet enfant sera peut-être mort demain.  Et d’autres aussi. Ils ont besoin d’aide. Ça ne peut pas attendre. » (p. 35-36)

« J’en ai voulu aussi à Conrad d’avoir bousillé ma boîte à savon. À la tante Guillaumette pour avoir donné naissance à Conrad. À ma mère, qui avait déclenché le dada du Niger. À mon père, qui l’avait suivie dans cette nouvelle lubie. Au gamin du Goudoumaria, qui me faisait sentir coupable. À la girouette, qui refusait de tourner lorsque j’avais besoin qu’elle tourne. » (p. 133-134)
 

« Quel lien entre le savon et une voiture? Tu fais bien d’insister, Camarade. L’explication est simple. Dans les années 30, les Américains ont commencé à fabriquer des voitures pour jeunes en recyclant des boîtes en bois qui servaient d’emballage pour le savon. Aujourd’hui, plus personne ne vend du savon dans des boîtes en bois, mais le nom est resté. » (p. 15)
 

« Alors, Camarade, as-tu trouvé le mot dada dans ton dictionnaire? Non? Tu n’avais pas envie de chercher? Hmm… Je comprends. Alors voici quelques synonymes de dada : caprice, folie, lubie, idée fixe ou marotte. » (p. 21-22)

« Quand j’ai vu la boîte à savon de Jean, j’ai eu un pincement de jalousie. Avec son profil pointu (parfait pour l’aérodynamisme) et sa carrosserie élancée d’un beau bleu métallique, son bolide n’avait rien d’une vulgaire boîte. Les roues parfaitement huilées tournaient à la moindre pichenette. Devant le volant en forme de papillon, mes mains se sont mises à me démanger. De chaque côté de la voiture, Jean avait tracé les lettres VGV. » (p. 90-91)

« – Ouache! qu’il a fait en me redonnant aussitôt le dépliant, comme si le papier était contagieux. » (p. 51)

« – J’appelle mon copain Méo qui travaille à la quincaillerie. Il pourra m’avoir une feuille de contre-plaqué, beau-bon-pas-cher. » (p. 83)

« Le ding-dong de la sonnette est venu chasser cette pensée déplaisante. M. Lévesque se tenait sur le seuil de notre porte. Un instant, j’ai cru qu’il venait plaider ma cause pour la boîte à savon. Mais non. Il apportait son don pour le Niger. Derrière lui, son fils Jean m’offrait un sourire penaud. » (p. 88)
 

« Tous les six mois, ma mère commence une collection bizarroïde : balles de golf (elle qui déteste ce sport); mouffettes en peluche (heureusement que les toutous ne font pas pipi); bottins téléphoniques de pays étrangers (deux bottins d’Italie, un du Chili et un du Malawi); et j’en passe. » (p. 22)

« Heureusement, ce dada n’a pas fait long feu. Mon carnivore de père n’a pas résisté. Son grand corps d’asperge avait besoin d’autre chose que des carottes croquantes et du brocoli cru. Au bout de trois semaines, le pâté chinois est réapparu sur notre table.
Durant le souper, mes parents ont babillé sans arrêt sur leur passion du moment. […] On aurait dit deux moineaux qui avaient oublié leur Ritalin. » (p. 66)

« Ma rage a dégonflé d’un coup. Pshhttt. Un ballon flasque, vidé de son air. La honte m’a frappé en pleine face. Vlan! » (p. 135)