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Marraine

La couardise et la peur de déplaire ont toujours régenté sa vie. C’est donc à l’insu de son mari que Normande décide de parrainer un Dominico-Haïtien de dix ans. Lorsqu’un riche entrepreneur invite le couple en République dominicaine, Normande y voit l’occasion de rencontrer son protégé et sa mère, Gabriella, avec qui elle entretient une correspondance assidue. Elle est loin de se douter des conséquences de son projet secret…

Dans ce premier roman, l’auteure Hélène Koscielniak nous fait découvrir les conditions de vie dans un batey, agglomération pour coupeurs de canne, ces braceros forcés de vivre encore aujourd’hui comme les esclaves d’antan. Marraine est aussi un roman qui sonde le cœur de deux femmes si différentes par leur culture, si semblables par leur condition féminine.

(Tiré de la quatrième de couverture du livre.)

À propos du livre

Contenu

  • Roman mettant en scène deux personnages principaux, Normande et Gabriella, facilement identifiables et dont la lectrice ou le lecteur peut suivre l’évolution tout au long du roman.

    « Gabriella soupira. Elle avait tant à faire. Et, comme toujours, c’était lorsqu’elle manquait de temps que les enfants requéraient le plus d’attention. » (p. 209)

    « Qu’est-ce qui me rend heureuse? Qu’est-ce que tu veux dire? Es-tu certain que tout va bien? Es-tu malade? C’est ça? C’est pour ça que tu m’as invitée à souper! Tu es allé voir un médecin? Ah! Mon Dieu! Tu as de mauvaises nouvelles à m’annoncer! Je le savais… » (p. 322)
     

  • Personnages masculins dont les rôles sont secondaires (p. ex., Gilles, le père Mark, Jolino) et qui gravitent autour de Normande et de Gabriella. 

    « Un cadeau de son grand frère. C’était bien comme son aîné de poser un geste si attentionné! » (p. 96)

    « …Mark Gilman, s’était empêché d’accourir immédiatement chez Gabriella, faisant taire son cœur, se forçant à visiter ses autres paroissiens. » (p. 107)

    « Tu as toujours joué sur mes sentiments, Gilles. Tu… tu entretiens ma culpabilité. C’est de la manipulation. Pure et simple. Pis, tu le sais! » (p. 531)
     

  • Intrigue facile à suivre, soutenue par des descriptions imagées permettant de situer la lectrice et le lecteur tantôt dans le Nord de l’Ontario, tantôt en République dominicaine.

    « Une enclave sans électricité ni système d’égouts où les coupeurs de canne, en majorité de la main-d’œuvre clandestine haïtienne, vivaient [sic] entassés les uns sur les autres avec leur famille dans la peur constante d’être rapatriés. Il était, toutefois, impossible de ne pas en respirer l’air vicié, imprégné des relents nauséabonds de détritus qui jonchaient le sol et des odeurs fétides des trous béants des latrines. » (p. 127)

    « Quel décor, Rino! Je me souviens des rues de pierres anciennes, des balcons en fer forgé qui décoraient la façade des résidences des artistes, des petites cours pittoresques, ombragées de bougainvilliers, le centre d’art… » (p. 137)
     

  • Narrateur omniscient, parfois participant (p. ex., dans la correspondance entre les deux femmes), qui décrit, entre autres, les lieux de l’action, le passé des personnages, leurs sentiments, leurs émotions et leurs réactions.

    « Son mari avait passé les dix premières année [sic] de leur mariage à gravir avec ténacité chacun des échelons de son milieu de travail… » (p. 47)

    « Comment aurait-elle pu le repousser? Sa compassion, son désir de lui faire oublier sa déception, ne serait-ce que pour un court instant, de même qu’une vague culpabilité… » (p. 81) 

    « Les enfants répétaient en chœur tout en s’exerçant à tracer la lettre sur le sol durci avec un bâton en guise de crayon. » (p. 285)
     

  • Plusieurs procédés narratifs parmi lesquels on retrouve le roman épistolaire ainsi que le développement de l’action en parallèle dans le Nord de l’Ontario et en République dominicaine.

    « Tout avait commencé par la télé. À l’automne 2003. » (p. 17)

    « Val Rita, le 20 novembre 2003
    Jolino,
    Bonjour, je m’appelle Michel et j’ai dix ans. » (p. 191)

Langue

  • Registre courant dans les séquences descriptives et parfois populaire ou familier dans les dialogues.

    « Odile Tutoit s’affairait à nettoyer et couper des légumes tout en jetant, de temps à autre, un coup d’œil fier sur ses deux fils qui suivaient attentivement la leçon d’écriture. » (p. 285)

    « Ben quoi? I’sont slow, c’monde-là; ç’a pas d’bon sens! Ça prend pas une tête à Papineau, bon yeu, pour ouvrir une porte d’avion! » (p. 397)
     

  • Champs lexicaux évoquant la vie quotidienne en Ontario (p. ex., travail, vie familiale) et la survie dans les bateyes en République dominicaine (p. ex., misère, tâches quotidiennes, oppression) et lexique accessible, y compris les mots étrangers généralement présentés en contexte.

    « Rien. Il n’y avait rien d’intéressant à la télé. Dernièrement c’était la norme. Quel que soit le poste, tout lui était insipide. » (p. 18)

    « Rongée de remords, Normande sentit monter en elle une grande colère contre Gilles. » (p. 39)

    « Après le décès de Rino, Gabriella avait songé à quitter cet endroit maudit où les Noirs étaient traités comme des esclaves. » (p. 249)
     

  • Nombreuses figures de style (p. ex., onomatopée, comparaison, métaphore, personnification) qui permettent d’apprécier le style de l’auteure.

    « …ploufffffff! Elle plongea dans le ruisseau voleur. » (p. 32)

    « Malgré la profondeur de la nuit, elle vit ses yeux si noirs, si fiers, lancer des éclairs. » (p. 80)

    « Tous étaient vêtus de leurs meilleurs atours et tous transpiraient déjà à grosses gouttes malgré l’heure matinale, sous un soleil en fête dans un ciel bleu royal. » (p. 222)

Pistes d'exploitation

  • Discuter des valeurs féministes présentes dans le roman en analysant et en comparant les traits moraux des personnages principaux ainsi que leurs relations avec les autres.
  • Comparer la République dominicaine des touristes à celle des travailleuses et travailleurs dans les plantations de cannes à sucre en visionnant des reportages ou en faisant une recherche, en géographie ou en sociologie, sur les bateyes et les conditions de vie dans ces campements.
  • Discuter, en sociologie ou grandes religions, des valeurs religieuses et morales véhiculées dans l’œuvre (p. ex., adoption internationale, sacerdoce, égoïsme des plus riches).

Conseils d'utilisation

  • Aborder ce roman en 11e ou 12e année; les élèves de ce groupe d’âge ne devraient pas avoir de difficulté à comprendre l’intrigue malgré la longueur du roman.
  • Exploiter ce roman en mettant l'accent sur les référents de la francophonie ontarienne.
  • Discuter de la vraisemblance dans le roman et comparer les éléments qui relèvent de la réalité (p. ex., descriptions de la vie dans le batey) par rapport à ceux qui relèvent de la fiction (p. ex., l’arrivée fortuite du père Mark à la fin du roman).