- Registre de langue courant dans l’ensemble de l’œuvre; quelques mots plus complexes ayant besoin d’être définis et d’autres pouvant être inférés grâce au contexte.
« Aujourd’hui, c’est jour de réception chez Malourène. Une délégation de nains est venue la voir pour prendre le thé, que chacun déguste à sa façon.
Malourène savoure le sien avec distinction et un rien de citron, à petites gorgées. Gros-Bedon, avec grand bruit, trempe dans sa tasse une énorme tartine de saindoux qu’il avale ensuite goulûment. Gorgibus, qui est toujours au régime¹, se contente d’en respirer l’arôme en faisant "hmmm, hmmm". » (p. 7-8)
« Et puis, un matin, des nouvelles arrivent. Un grand branle-bas agite la société des nains : on aurait retrouvé la trace d’un trésor perdu depuis des siècles. Des rumeurs courent en tous sens, souvent contradictoires, au sujet de ce mystérieux trésor.
Tantôt on dit qu’il se trouve aux antipodes, tantôt qu’il est là, tout près, et qu’on marche pratiquement dessus tous les jours. Tantôt on dit qu’il s’agit d’un trésor de pirates, tantôt de celui d’un ogre qui a ruiné toute sa famille. » (p. 26-27)
- Texte comprenant plusieurs figures de style (p. ex., comparaisons, métaphores, personnifications, énumérations) qui permettent d’apprécier le style de l’auteur.
« Alors, triste comme un ermite sans barbe, Graindesel s’est enfermé dans un silence encore plus désespéré. » (p. 15)
« – Il serait bien avancé, commente le crapaud en gobant une mouche au passage. Il ne pourrait même plus aller boire un coup au café du coin sans se faire harceler par une meute d’admirateurs ou de photographes. » (p. 22-23)
« Des chauves-souris qui volettent en lui frôlant la joue, des mille-pattes aux orteils glacés qui se promènent sur son ventre, des choses sans nom et sans couleur qui se glissent près de ses oreilles et le font frémir de dégoût… » (p. 51)
- Œuvre présentant divers types et formes de phrases qui procurent du rythme à la lecture.
« Sept? Mais au fait, et le septième nain? Où se trouve-t-il donc? Ah oui, il est bien là, pourtant, assis avec les autres autour de la table de jardin. Mais personne ne fait attention à lui. » (p. 9-10)
« Personne ne vient le voir. Personne ne sait même qu’il se trouve ici, c’est certain! Va-t-il donc mourir misérablement dans sa prison, loin de tous?
La seule personne qu’il voie est l’affreux gardien qui vient une fois par jour lui apporter – lui jeter, plutôt – une écuelle de soupe à la grimace. Il va lui arriver ce qui peut arriver de pire à un nain : il va maigrir! » (p. 34)
« – Silence! tonne le juge. Quelle mauvaise plaisanterie! Vous vous êtes moqué de la justice et rien que pour ça, je devrais vous condamner à rester en prison. Néanmoins, je serai bon. Disparaissez d’ici et ne faites plus parler de vous, sinon gare!
Graindesel ne se le fait pas répéter deux fois. » (p. 41-42)
- Séquences descriptives qui dévoilent les émotions ressenties par les personnages et permettent de se faire une image mentale des événements.
« Une fois rendu au tribunal, il n’est guère rassuré. Le juge lui paraît gigantesque et menaçant. Il ressemble à Engoulaffre. L’accusé s’attend au pire. On ne l’autorise même pas à parler, comment va-t-il pouvoir se défendre?
Comment va-t-il pouvoir avouer que la fameuse carte n’existe pas, qu’il a inventé toute cette histoire pour qu’enfin on parle de lui? » (p. 39-40)
« Et, tandis que Graindesel lui raconte l’interminable succession de ses infortunes, Malourène hoche la tête en soupirant. Le malheureux nain a l’air tellement abattu. Elle en a le cœur brisé. Elle veut lui offrir sa propre maison pour le consoler.
Mais Graindesel a trop honte pour accepter. Après tout, n’a-t-il pas cherché un peu tout ce qui lui est arrivé? Il ne demande qu’à s’installer, en attendant des jours meilleurs, dans une grotte qui se trouve à l’autre extrémité du jardin. » (p. 48-49)
- Séquences dialoguées qui permettent d’établir les relations entre les personnages ainsi que de faire un retour sur l’action.
« – Eh bien, Graindesel, s’exclame Bardamu. Quelle aventure, n’est-ce-pas! Quelle vie trépidante que la tienne!
Le nain se demande si le crapaud pense vraiment ce qu’il dit ou s’il se moque de lui.
– Je crois que je regrette quand même ma vie d’avant, réplique naïvement Graindesel.
– Et pourquoi donc? poursuit Bardamu. Cette vie était bien ennuyeuse. Personne ne s’y intéressait, tandis que maintenant, tout le monde parle de toi. Tu es devenu un personnage important, un héros d’aventure, un emblème de la malchance et de l’injustice.
Graindesel hésite un peu, puis il reprend :
– Oui, bien sûr, j’ai rêvé de ces choses, mais je ne savais pas de quoi je parlais. Cette histoire de carte au trésor était stupide. Je crois que j’en ai assez d’être le héros des autres. Je préférerais être moi-même et qu’on ne parle plus de moi.
– Qui t’en empêche? demande brusquement Bardamu. » (p. 55-56)