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Anatomie de la fiche Anatomie interactive
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2L’inconnu parle encore

La quiétude d’une jeune femme est rompue par le retour de son mari disparu depuis plusieurs années. Lettres anonymes et appels téléphoniques se succèdent, jusqu’à l’incendie criminel : que cache donc cet homme recueilli par compassion?

(Tiré de la quatrième de couverture du livre.)

3 À propos du livre

Contenu

  • Roman rendant un vibrant hommage à la littérature et à ses artisans, sur fond d’intrigue autant amoureuse que policière.

    « J’allais dire il y a le ciel en découvrant […] des œuvres de Fénelon : le Traité de l’Éducation des Filles, et de saint François de Sales, L’introduction à la vie dévote. […] je me rappelle les avoir lus tous les deux quand j’étais au pensionnat, d’avoir savouré, dès ce jeune âge, la beauté de la langue de Fénelon et surtout celle de François de Sales qui m’avait totalement convertie… à la beauté du style. » (p. 44-45)

    « Je continue mon inventaire. Il y a de tout et dans tous les sens. […] J’en suis à la lettre F, c’est donc que j’ai passé Robinson Crusoé, Don Quichotte et autres romans qu’il a eus en sa jeunesse […] et puis La religieuse, Le lys rouge… » (p. 91-92)

    « "Pouvez-vous parler encore un moment?" m’a-t-il dit deux ou trois fois. Il a été entendu qu’il passerait à la bibliothèque à la fin de l’après-midi demain, après quoi nous ferions une promenade sur la montagne et irions dîner : "Juste vous et moi." » (p. 126)

    « …c’est d’une voix atone […] que j’ai demandé de quelle sorte d’incendie il s’agissait. Tout bêtement, je m’interrogeais, un fumeur et son mégot, le système électrique, la foudre.
    – Ah! Madame, de la sorte criminelle, on ne peut plus criminelle. » (p. 162-163)

    « – Selon toutes les apparences, c’est volontairement qu’il a renversé l’essence sur lui, le comparse n’en ayant reçu qu’une petite partie. En somme, il est allé s’immoler par le feu… » (p. 179)
     

  • Un personnage principal, Sophie (à la fois narratrice et participante), déterminée, nostalgique, compassionnelle, toujours en pleine connaissance de soi.

    « J’AI ENCORE BIEN DES ANNÉES DEVANT MOI avant d’atteindre mes quarante ans et j’ai obtenu le poste que je voulais. » (p. 9)

    « J’avais vingt ans, vingt-deux ans, vingt-cinq, chaque jour le ramenait comme il me ramenait moi-même. Il était là pour toujours. Nous l’avions juré. […] C’était la vie douce et tendre. » (p. 23)

    « …j’ai dans mon petit tiroir fermé à clef les talons des billets de la croisière en Méditerranée et le plan du bateau sur quoi un X marque notre cabine. Souvenir d’amour, oui bien sûr, mais d’amour mort… » (p. 25)

    « – […] Il m’empoisonne la vie, c’est certain. D’autre part, rejeter à la rue quelqu’un que j’ai aimé pendant des années, l’imaginer grelottant sur un banc public, ne sachant où aller pour étendre son corps malade, c’est au-dessus de mes forces. » (p. 77-78)

    « Je considère ce que je viens d’écrire et je me demande si je ne suis pas en train de développer un petit délire de persécution. Je me connais bien. » (p. 115)
     

  • Trois personnages secondaires exerçant, sur le personnage principal, une influence graduelle : Maxime Gervaise (écrivain devenu ami de Sophie), Gontran (l’ex-mari prodigue) et Évariste Barois (écrivain qui tombe amoureux de Sophie); nombreux figurants (collègues ou amis), révélateurs de la vie au quotidien. 

    « Maxime a terminé l’appel en me disant qu’il souhaitait m’inviter à dîner chez lui, si cela me plaisait. » (p. 66) 

    « Il a été mon mari, c’est vrai aussi. Cela ne veut pas dire qu’il peut se réinstaller chez moi à perpétuité. L’excès de pitié n’engendre que la rancœur. Rien de plus malsain. » (p. 67)

    « – …Barois m’a téléphoné ce matin. Il m’a parlé de vous en termes très amicaux mais il s’est plaint de ce que vous ne l’appeliez jamais. Je l’ai taquiné : "Êtes-vous en train de tomber amoureux?" À quoi il a juste fait : "Eh eh!" » (p. 123)

    « Nous venions juste de sortir des difficultés matérielles des jours passés qu’un des employés à la comptabilité a été pincé en une sorte de flagrant délit par Céline. Il y a une grande animosité entre ces deux-là, elle n’est pas disposée à le couvrir, il s’en faut. » (p. 143)
     

  • Plusieurs remarques et anecdotes relatives à la profession de bibliothécaire du personnage principal évocatrices de ses qualités humaines.

    « Lire un roman est parfois, pour certains, une aventure qui touche à la consultation avec un psychologue ou mieux à une séance chez la voyante. » (p. 17)

    « Il y a toujours quelques vieux qui semblent lire les revues mais qui somnolent, en réalité et, surtout, attendent que la journée s’achève. Ils ne sont jamais nombreux, je n’interviens pas. Dans mon for intérieur, je les appelle "les réfugiés". » (p. 39)

    « Il est bien dommage que tous ces livres, de quelque espèce qu’ils soient, restent sur les rayons, ignorés des amateurs qui fréquentent notre maison. Il serait difficile d’agir autrement. Comment faire part à certains de nos habitués, et non à d’autres, que la réserve leur est accessible? » (p. 45)

    « Nous avons eu des ennuis avec le chauffage et aussitôt après, avec les conduites dans les murs du hall d’entrée. Le personnel se plaint. Je pense aussi aux livres qui préfèrent une température et une humidité constantes. » (p. 138)
     

  • Situation finale inattendue et des plus originales, prétexte à une suite, voire poursuite, policière.

    « – Est-ce que vous auriez encore un objet ayant appartenu à votre mari […]
    – Et pourquoi voulez-vous cela?
    – Nous venons de recevoir un courrier provenant d’Israël. Nous allons devoir faire une recherche de l’ADN. » (p. 184)

Langue

  • Registres de langue courant et familier, malgré la recherche évidente du mot juste; quelques mots vieux et littéraires, mais ne nuisant nullement à la compréhension du texte.

    « Le livre est subversif par essence et suscite des réactions à tous les crédos et leurs contraires. Nous avons déjà eu, le directeur et moi, beaucoup de difficulté à calmer un père outré dont la fille avait sorti un roman "qui n’était pas de son âge", disait-il avec force. » (p. 100)

    « – Pensez-vous! Depuis, j’ai consulté pour la méningite, différentes sortes de cancer et quoi d’autre?
    – La peste bubonique, la lèpre mutilante. » (p. 132)

    « Nous avons encore parlé un bon moment, souvent de choses qui ne concernaient en rien le motif de notre rencontre et même si je me demandais in petto si tout ce que je disais était écouté innocemment. » (p. 174)
     

  • Style sobre mais efficace, convenant au lectorat visé.

    « – J’ai fait, autrefois, quelque recherche sur la part de l’inconscient dans la haine et tous les sentiments voisins, l’envie, la jalousie, l’ingratitude, la cruauté et autres scélératesses. Je m’intéressais à tous les sentiments, comment ils naissaient, chez qui ils trouvaient où se loger. J’avais envie d’écrire des romans psychologiques. » (p. 117)

    « Le téléphone sonne de plus en plus souvent. J’y suis habituée maintenant. […] De plus, j’ai découvert sur mon appareil un bouton-poussoir qui indique low-high. Il semble que cela existe sur tous les appareils, mais jamais je n’avais pensé à examiner le mien dans toute son intimité. J’ai décidé de ne pas me laisser affoler et j’ai poussé le bouton du côté low. Repos! » (p. 151)
     

  • Descriptions de personnages longues ou courtes, mais commentées, selon l’importance que revêtent ces personnages aux yeux de la narratrice. 

    « – Heureusement que je pourrai me rattraper avec votre exemplaire, monsieur Barois.
    […] En somme, c’est un assez bel homme, grandeur moyenne, un peu replet – son veston, mal coupé, marque un bourrelet à la taille – mais, d’autre part, des yeux superbes dont il use de façon, comment dirais-je, appuyée? […] Il a une belle voix au registre étendu dont il sait bien se servir aussi, ce qui est rare sous nos latitudes où l’on criaille plus volontiers. J’ai eu le sentiment qu’il n’y a chez lui rien d’initial, que tout est volontaire, étudié… » (p. 60-61)

    « …j’étais prise avec trois fillettes du lieu qui s’étaient offertes à figurer, elles étaient là pour ça, semble-t-il, endimanchées, couronnées de fleurs de papiers multicolores. Ce devaient être des sœurs, même beaux grands yeux sombres au-dessus de gros nez offensants pour ces jeunes visages. » (p. 109)
     

  • Figures de style présentes, mais peu nombreuses (p. ex., métaphore, comparaison, euphémisme, litote), allégeant le texte du superflu.

    « Tant que ce vieux hibou a occupé le bureau patronal, on n’a guère vu de visage souriant ici. » (p. 10)

    « Partir comme un voleur alors qu’il me connaissait et savait que je l’aurais laissé partir s’il m’avait dit qu’il ne voulait plus vivre avec moi. » (p. 76)

    « Petit bouleversement, ces jours-ci, à la bibliothèque. On s’est aperçu de vols qui sont en même temps, et surtout, des déprédations […] Ces indélicats – charitable euphémisme – sont motivés différemment selon le larcin. » (p. 79)

    « J’ai étendu la feuille sur mon bureau du bout du coupe-papier. C’était bien le genre de gentillesse à quoi je m’attendais, des menaces… » (p. 98)

Référent(s) culturel(s)

  • Nombreuses allusions aux auteurs de la francophonie internationale ainsi qu’à leurs œuvres dans un contexte de bibliothéconomie (p. ex., Racine, Laforgue, Baudelaire, Rabelais, Sade, Flaubert, Aurevilly, Larbaud, Dumas, Monsieur Vénus de Rachilde, Les bijoux indiscrets de Diderot, À rebours de Huysmans, Le temps retrouvé de Proust).

Pistes d'exploitation

  • Dans le cadre d’un travail sur Internet, inciter les élèves à se renseigner sur l’abolition de l’Index en 1966 (p. 42).
  • Demander aux élèves qui est ou quel est cet « inconnu » mentionné dans le titre; échanger les idées.
  • Suggérer aux élèves de trouver un titre plus révélateur ou plus accrocheur à ce roman.
  • Proposer aux élèves de rédiger quelques détails d’une suite possible au roman L’inconnu parle encore.

Conseils d'utilisation

  • Avant la lecture, sensibiliser les élèves au concept du mystère, p. ex., leur demander s’ils ont déjà participé à une soirée meurtre et mystère.
  • Demander aux élèves de noter les traits de caractère du personnage principal tout au long de la lecture.
  • Après la lecture, discuter avec les élèves du côté tolérant de certains personnages à l’égard des autres (p. ex., offrir de l’aide, un toit, des repas) et aussi de ceux qui ont trahi quelqu’un (p. ex., l’ex-mari de Sophie).

Ressource(s) additionnelle(s)

  • IDÉLLO.org, ressources éducatives en ligne, 9e à la 12e année, Série : Ecce homo, L’amour.