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L’historien de rien

Au tournant du XXe siècle, une jeune institutrice quitte son village pour voir enfin l'Europe à laquelle elle rêve depuis si longtemps, elle qui n'est jamais allée plus loin que le bout de la terre familiale. Au début des années 60, trois garçons au seuil de l'adolescence visitent clandestinement l' « ex » d'Ottawa et en gardent un souvenir plus ébloui que s'ils avaient accompagné Sinbad au cours de ses voyages fabuleux. De nos jours, un ci-devant avocat travaille comme vendeur dans une grande quincaillerie, sous le nom d'emprunt de Rocky. Malgré l'échec de sa carrière et de son mariage, il se retrouve avec l'intime conviction que sa vie est aussi riche de promesses qu'au premier jour.

(Tiré de la quatrième de couverture du livre.)

À propos du livre

Contenu

  • Un personnage principal, Thomas Francoeur, narrateur témoin puis participant, racontant certains événements de la vie de ses grands-parents et de ses parents, auxquels s’ajoutent des événements de sa propre vie et de celle de ses enfants, Éric et Karina.

    « Son fils fut le premier-né du village et sa naissance fut célébrée dignement. Elle le prénomma Alexandre, comme son père, le violoniste roumain (dont elle ignorait cependant le nom de famille). » (p. 45)

    « Six mois plus tard, Annette et Alexandre étaient M. et Mme Francoeur. Le lendemain des noces, ma sœur aînée était en chemin. » (p. 59)

    « Il y avait Larry, Bobby et moi. Moi, c'est Tom.
    On n'était pas vraiment des amis, mais on se tenait ensemble pareil. Bobby était dans ma classe, mais on ne se parlait pas souvent ; […] Larry était plus vieux, plus grand et surtout plus gros que nous. » (p. 73)

    « Éric allait tellement bien qu'un jour il nous a annoncé qu'il voulait aller au Costa Rica. […] Sa mère et moi avons pleuré de joie devant lui. Nous lui avons payé le billet avec plaisir. » (p. 164)
     

  • Intrigue composée de trois différents récits respectant l’ordre chronologique, mais truffés d’ellipses et de sauts dans le temps.

    « Les années filèrent, toutes semblables les unes aux autres. Elle aimait son fils, son fils l'aimait. Elle s'entendait bien avec ses nouveaux compatriotes… » (p. 48)

    « Je ne suis jamais retourné à l’Ex d’Ottawa. Par contre, je suis allé souvent à La Ronde de Montréal et au Wonderland de Toronto avec mes enfants. Puis ils ont grandi, et j’ai cessé de fréquenter ces lieux-là. » (p. 110)

    « Après cet épisode-là, pendant des années, mon grand-père, chaque fois qu’il me voyait, me demandait : Pis? Comment va la petite De Bellefeuille? » (p. 143)
     

  • Thèmes des relations interpersonnelles (familiales, amicales et amoureuses) et du travail, ancrant l'intrigue dans le quotidien; événements pouvant intéresser les garçons aussi bien que les filles.

    « C’est ainsi que j’ai vu Edmonton, où je suis allé voir la maison de ma grand-mère, sans y entrer évidemment. Puis j’ai vu le village de ma grand-mère et le magasin général de mon arrière-grand-père […] J’ai rencontré des gens qui avaient connu mon père petit. » (p. 69)

    « Et puis, je pense que tous mes camarades et moi avions la même idée : faire plaisir à nos parents. Impressionner également nos amis, nos blondes. Je me rappelle la fois que j'ai dit à mon père : "Papa, je pense que je vais faire un avocat." » (p. 121)

    « Je n'ai exercé le droit qu'une dizaine d'années. Le bureau marchait bien, mais après le décès de ma mère, je me suis senti suffisamment affranchi pour faire autre chose de ma vie. Je me suis lancé en affaires. Les beignes et le café, l'avenir était là. J'ai réalisé tout mon capital et je me suis acheté une franchise dans ce domaine-là. » (p. 157)
     

  • Séquences narratives et descriptives contenant de nombreux indices des contextes socioculturel et sociohistorique (p. ex., statut de la langue française, en Ontario, à l’époque; vie en milieu rural; croyances religieuses et guerres mondiales); texte parsemé de discours direct rendant l’intrigue et les personnages vraisemblables. 

    « La loi provinciale obligeait cette brave missionnaire à enseigner en anglais, mais elle n'en faisait qu'à sa tête et enseignait en français : elle y était bien obligée, ses élèves ne parlaient pas d'autre langue à la maison, et elle-même n'avait que des rudiments de la langue officielle d'enseignement. » (p. 13)

    « On avait toujours du mal à revendre les terres laissées vacantes, et le gouvernement était trop pauvre pour aider les colons assez téméraires pour rester. » (p. 16)

    « En janvier, il lui écrivit pour lui annoncer que sa digne épouse était morte en vraie chrétienne. » (p. 49)

    « La guerre terminée, il était rentré au Canada après un long séjour dans un hôpital anglais. » (p. 54)

    « Je lui ai envoyé la main. "Salut, Larry!" Mais quand je me suis approché de lui, il a quitté son groupe et m’a donné une bonne poussée : "Qu’est-ce que tu veux, toé, câlice?! Enwoye, scramme, dégosse! » (p. 107)

Langue

  • Champs lexicaux et sémantiques liés, entre autres, à la famille et au travail, reflétant la simplicité des situations vécues par les personnages.

    « Il me semblait curieux d'avoir une grand-mère qu'on n'appelait jamais grand-maman entre nous; on disait seulement la mère de papa. Nous n'avions qu'une vraie grand-maman, la mère de maman. L'autre était un fantôme qui n'habitait que la vie de notre père. » (p. 64)

    « J’étais dans ma dernière année de biologie, et j’avais perdu le feu sacré. Je travaillais à temps partiel pour mon grand-père, dans son entreprise de travaux en électricité. Bref, je ne faisais rien de spécial… » (p. 139)
     

  • Registre courant généralement employé pour décrire des événements marquants; registres familier et parfois populaire dans les dialogues, ce qui reflète la réalité linguistique des personnages dans leur milieu de vie (p. ex., Alberta, Ottawa).

    « Le pire, pour ma grand-mère, fut de voir papa traiter avec dédain sa science héraldique. Quand il allait chez elle en vacances, il affectait un air distrait au moment où elle l'entretenait des derniers malheurs de la famille royale anglaise. » (p. 52)

    « Après que je les ai eu raccompagnés à la sortie, Gerry m'a lâché encore : "Tu comprenais ce qu'ils disaient, toé? Moé, leur accent, tsé veux dire…" "Fais-toi-z'en pas, que je lui ai répondu, eux autres non plus, y te comprenaient pas." » (p. 128)
     

  • Énumérations, comparaisons, répétitions ajoutant de la couleur et de la vitalité à un simple récit familial et personnel.

    « Papa s'est absenté longtemps. L'enterrement, les formalités de la succession, l'obligation de vider la maison pour la vendre. » (p. 65)

    « On s'est retrouvés les trois du bon côté de la clôture, fous comme des balais, on se donnait des claques dans le dos… » (p. 94)

    « "Bonjour Rocky. Au revoir, Rocky. Merci, Rocky…" » p. 115)

    « Ils s’embrassaient en homme et femme déjà amants ou sur le point de le devenir. Et moi, comme un nono, j’ai poursuivi ma course sans même lui dire au revoir. » (p. 146)

Référent(s) culturel(s)

  • Nombreux référents culturels de la communauté franco-ontarienne de l’époque : emploi de la langue jouale et allusions à des lieux, des activités, des organismes et des institutions connus des membres de cette communauté (p. ex., la Côte-de-Sable, le bazar du Patro, le club Richelieu, les Chevaliers de Colomb, l’école de réforme d’Alfred).

Pistes d'exploitation

  • Demander aux élèves de relever des indices de temps, de lieux et de mœurs dans chacun des trois récits afin de brosser un tableau comparatif de la vie, à Ottawa, à différentes époques; leur demander ensuite de produire une création audiovisuelle reflétant les changements dans les modes de vie, dans ce milieu particulier, depuis le début du XXe siècle.
  • Faire participer les élèves à une table ronde portant sur la citation suivante de la page 171 du roman : « Ils se parlaient en anglais, je me rappelle, même s’ils sont tous aussi francophones que moi. C’est de leur âge, c’est de leur temps, il y a longtemps que je ne me bats plus contre ça. J’ai abandonné. »; leur demander de mettre sur pied un projet d’école visant à promouvoir l’usage du français, chez les élèves, dans la vie quotidienne.
  • Après la lecture, demander aux élèves de déterminer le but visé par l’auteur et d’évaluer le roman en fonction de ce but.

Conseils d'utilisation

  • Avant la lecture, revoir le concept d'une narration à différentes perspectives et préparer les élèves à passer de la narrative du narrateur témoin à celle du narrateur participant.
  • Prévenir les élèves quant à l’organisation de l’œuvre en trois récits racontés par le même personnage, mais présentant différentes générations de la même famille à différentes époques.