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Anatomie de la fiche Anatomie interactive
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2Les Filles de Caleb 1 – Le chant du coq

Ce premier volet de la trilogie Les Filles de Caleb nous fait connaître une héroïne forte et passionnée, Émilie Bordeleau, dont nous suivons le destin de 1892 à 1946.

Institutrice dans une humble école de rang de Saint-Tite, Émilie s’éprend d’un de ses élèves, Ovila Pronovost, à qui elle finit par unir sa vie, pour le meilleur et pour le pire.

Les amours d’Ovila et de sa "belle brume", Émilie, les défis de leur vie commune rythmée par les naissances, les décès et de trop longues séparations, enfin leur ultime tentative de se rapprocher alors qu’ils s’installent dans la ville industrieuse de Shawinigan, voilà ce qui nous est raconté dans ce roman qui n’a cessé d’embraser l’imagination des lecteurs depuis plus de deux décennies.

(Tiré de la quatrième de couverture du livre.) 

3 À propos du livre

Contenu

  • Deux personnages principaux, qui s’aiment profondément et passionnément : Émilie (Bordeleau) Pronovost, femme indépendante, tiraillée entre son amour pour son époux et son devoir maternel, et Ovila Pronovost, travailleur de chantier, tiraillé entre son amour pour sa famille et son amour du bois.

    « Tout à leurs pensées, ils n’avaient plus parlé sur le chemin de retour. Ils se séparèrent en se touchant discrètement la main. Émilie lui sourit.
    – Je peux quand même te dire que je suis contente que tu sois revenu.
    – Je peux bien répondre que j’en pouvais pus d’être trop loin du Bourdais pis de la p’tite école. Pis, si ça peut te rassurer, je peux bien te répéter que je t’aime. Toujours, pis plus. » (p. 242)

    « – Tu as bu, Ovila?
    – Non, j’ai pas bu. Pis j’ai pas bu depuis deux jours. J’ai passé ces deux jours-là à marcher… dans le bois. Je m’ennuie du bois, Émilie. Je suis pus capable de m’en passer. » (p. 496)

    « – La semaine prochaine, Émilie, je pars pour Barraute…
    – C’est où ça?
    – En Abitibi.
    – Qu’est-ce que tu vas aller faire là?
    – Acheter des terres… En fait, louer des terres pour les déboiser et les défricher. L’aventure ça te tente toujours? 
    […]
    – Ovila, j’ai pas envie d’aller vivre dans ce pays de maringouins! Il y a pas un chat là-bas! C’est tout juste s’il y a des écoles. Pis nos enfants ont du talent, Ovila. Faut que nos enfants fassent des études pour… pour… » (p. 498)
     

  • Quelques personnages secondaires intimement liés à la vie d’Émilie : Caleb et Célina, ses parents, désireux d’assurer à leur fille un avenir prometteur, et Henri Douville, l’inspecteur attentionné, fiancé éconduit de la jeune institutrice; nombreux personnages jouant des rôles plus ou moins importants, parmi lesquels Berthe et Antoinette, des amies d’Émilie, Charlotte et Lazare, des élèves, ainsi que les membres de la famille Pronovost, sur qui elle peut toujours compter.

    « Émilie et Berthe pleuraient à chaudes larmes. […] Berthe, carmélite! Berthe, voilée! Berthe qu’elle ne pourrait plus jamais voir. » (p. 166)

    « Douville lui apportait toujours une petite surprise. […] Émilie trouvait qu’il lui faisait la cour avec beaucoup de dignité. […]
    Elle ajouta que rien ne pressait, qu’ils pourraient fort bien se marier à la fin juin 1900. » (p. 197-198)

    « Caleb parla du mariage à Célina. […] Elle parla vaguement d’Ovila en disant qu’il semblait être un aventurier et qu’Émilie avait besoin d’un mari stable comme Henri. Caleb n’en était pas si certain. » (p. 199)

    « Les deux amies s’étaient quittées la larme à l’œil. Antoinette parce qu’elle n’avait pu donner qu’un sachet d’herbes odorantes à Émilie, Émilie parce qu’elle avait vraiment fait plaisir à Antoinette. » (p. 220)

    « Émilie […] se dirigea vers Lazare. Elle savait qu’un lien très spécial avait toujours existé entre lui et Charlotte. […] la petite Charlotte avait toujours protégé le grand Lazare comme si elle avait compris qu’ils souffraient tous les deux de la même souffrance : celle de la différence et de la solitude. » (p. 302)

    « Ovila ne rentra pas.
    Elle passa la soirée chez ses beaux-parents, qui lui avaient préparé un gâteau. » (p. 394)
     

  • Histoire d’amour et de courage évoluant à différents endroits du Québec (Saint-Stanislas, Saint-Tite, Saint-Séverin, Montréal et Shawinigan) entre 1892 et 1918; action suivant le rythme des saisons et des fêtes religieuses; quelques retours en arrière évoquant des souvenirs et donnant lieu à l’expression de sentiments. 

    « Le mois de janvier n’avait donné aucun répit à Émilie, les froids l’obligeant à se lever la nuit pour chauffer son école… » (p. 88)

    « Elle était retournée à Saint-Stanislas aux mêmes dates que l’année précédente, mais avait écourté son séjour des fêtes afin d’assister à la fête des Rois chez les Pronovost. » (p. 125)

    « Elle ferma les yeux quelques instants et se revit dans un autre train, celui qui les conduisait, elle et Ovila, à Montréal. Seize ans plus tôt… Pour leur premier anniversaire de mariage. » (p. 512)
     

  • Intrigue permettant à l’auteure de faire connaître le monde rural canadien-français au début du XXe siècle (p. ex., rôles déterminés des femmes et des hommes, système scolaire, naissances, fréquentations, mariages, croyances religieuses).

    « – Il y a deux places chez nous, ma fille. Celle des hommes pis celle des femmes. Les hommes travaillent à la sueur de leur front pour gagner le pain quotidien pis béni. La place des femmes, c’est de voir à ce que les hommes aient tout ce qui leur faut. » (p. 20)

    « – […] Vous autres, les grands, vous allez fendre pis rentrer le bois. […] Les moyens, cette semaine, c’est à votre tour de passer le balai. […] Les p’tits, vous allez bien aligner les pupitres. » (p. 35)

    « L’inspecteur ne faisait qu’une visite annuelle et Émilie, qui terminait sa première année d’enseignement, se devait de démontrer ses talents d’enseignante si elle voulait être réembauchée l’année suivante. » (p. 111)

    « Le médecin, nerveux, avait retiré les forceps et décidé de donner une injection de morphine à la mère maintenant presque inanimée. Il n’aimait pas cette drogue, convaincu qu’une femme devait enfanter dans la douleur comme le disaient les Écritures, mais il venait d’atteindre les limites de ses croyances. » (p. 177)

    « – […] Si vous n’y voyez pas d’objection et si vos parents sont d’accord, j’irais vous visiter occasionnellement cet été. Nous pourrions faire meilleure connaissance. » (p. 195)

    « – Antoinette! Vous êtes mariés?
    […]
    – Ma mère est vraiment pas bien. Ça fait qu’Henri pis moi on a décidé de faire ça vitement. On a même eu une dispense de bans, grâce au curé de la paroisse de ma mère. » (p. 289)
     

  • Éléments graphiques (p. ex., caractères italiques, points de suspension, guillemets, tirets) contribuant à la compréhension de l’œuvre.

    « Félicité lui dit qu’elle allait immédiatement lui faire une mouche de moutarde et sortit précipitamment de la chambre avant qu’il n’essaie de l’en empêcher. » (p. 133)

    « – Le docteur… le docteur dit que c’est… de la tuberculose. » (p. 134)

    « Henri […] la pria cependant de ne rien dire à ses parents. Il préférait leur annoncer la "mauvaise nouvelle" lui-même, comme un homme. » (p. 233)

    « – […] C’est dans la dictée que j’ai eu de la misère. Je savais pas écrire "Shawinigan". À c’t’heure, je le sais.
    – Comment est-ce que tu l’avais écrit?
    – C-h-a-t-o-u-i-n-i-g-a-n-e. » (p. 469)

Langue

  • Registre de langue tantôt courant, voire poétique, tantôt populaire; expressions familières, jurons et langage enfantin ajoutant de la vraisemblance et du piquant aux dialogues.

    « Il referma rapidement la porte de la cuisine d’été de crainte que le vent ne s’y engouffre, enleva ses caoutchoucs et se contenta de délacer ses mitons. » (p. 15)

    « Caleb jeta un coup d’œil vers sa fille au moment où, discrètement, presque sensuellement, elle envoyait un baiser au décor qu’elle quittait. » (p. 50)

    « – C’est trop froid pour marcher aujourd’hui, mam’selle. C’est pour ça que j’mai dit que le grand avait eu une bonne idée d’aller vous quérir. » (p. 59)

    « – Ta maudite fille peut bien aller péter dans les fleurs. Continue de la traiter comme si c’était une sainte, pis tu vas en faire un vrai p’tit diable à crigne brune. » (p. 102)

    « – Torrieux! Vous allez vous calmer, mes deux batêches! » (p. 103)
     

  • Texte truffé de barbarismes, de canadianismes, d’anglicismes et d’amérindianismes définis dans le glossaire à la fin de l’œuvre.

    « – Est-ce que mes caneçons vont être chessés dans quinze minutes? » (p. 42)

    « Émilie et Rosée avaient cousu les costumes pour chacun des élèves, utilisant tous les vêtements que les mères avaient bien voulu sacrifier à la catalogne. » (p. 66)

    « – Le travail était à peu près fini, ça fait que le foreman a dit qu’il fallait que des hommes partent. » (p. 312)

    « – […] Avec ça accroché au dos, il y a jamais un de nos papooses qu’on va perdre de vue. » (p. 395)
     

  • Figures de style nombreuses et variées (p. ex., répétition, comparaison, personnification, antithèse, métaphore, gradation) permettant au lectorat de se représenter la vie et les émotions des personnages; humour faisant contrepoids dans un monde où la vie est souvent pénible.

    « Mais jamais, jamais elle n’accepterait de quitter l’école. Jamais! » (p. 27)

    « Les pupitres étaient alignés comme des zouaves en parade. » (p. 46)

    « – […] J’aime pas ça quand la terre gèle trop avant que la neige tombe. On dirait que le froid la fait souffrir. Elle vient ridée comme une vieille. J’ai toujours peur qu’elle meure avant le printemps, pis qu’on nous dise que la terre est morte pendant son sommeil. » (p. 51)

    « Tous les soirs, il faisait une coche au couteau sur un bout de bois en disant à Émilie qu’il comptait les jours qu’il lui restait à être "prisonnier de sa liberté". » (p. 257)

    « Il désigna Antoinette d’un mouvement de tête. 
    – Mon désir c’est d’arriver au port. Je crois que le marin que je suis, en errance sur une mer déchaînée depuis tant de mois, vient enfin d’apercevoir son étoile du Nord. » (p. 274)

    « Ovila repartait… Elle l’attendrait… Encore. Des journées sans soleil. Des soirées froides. Des nuits glacées. » (p. 330)

    « – La troisième, c’est que je demanderais que chacun donne un crayon à Paul. Un crayon usé. Pas un crayon neuf. Pour ce qui est des cahiers, j’vas…
    Je vais, moman. Ici à Shawinigan, on dit : je vais. » (p. 465)
     

  • Séquences narratives relatant le déroulement des événements et concrétisant les petits gestes de la vie quotidienne; séquences descriptives permettant d’imaginer les personnages et les lieux où se passe l’action; séquences dialoguées, le plus souvent brèves, révélant des personnages sans artifices, s’en tenant à l’essentiel dans leurs échanges, mais capables de tenir de plus longs propos sous le coup de l’émotion.

    « Elle pria pour deux raisons. La première : pour faire oublier au Seigneur que Caleb avait, pour la première fois de sa vie, omis le bénédicité et les grâces. La seconde : pour qu’elle, Célina, réussisse à se calmer. […]
    Caleb revint longtemps après que Célina se fut endormie. […] Il lui enleva le chapelet des mains, le remit sous l’oreiller, se dévêtit en silence, fit une génuflexion et un signe de croix, souffla la lampe et se glissa sous les couvertures chauffées par le chagrin de sa femme. » (p. 27)

    « Il arriva dans la pièce d’Émilie. […] Elle s’était confectionné des rideaux qu’elle avait suspendus aux fenêtres sur une broche bien tendue. Les rideaux étaient de coton blanc, brodé de fil blanc également. Sur le petit lit de métal, elle avait jeté un couvre-pieds orné de motifs identiques à ceux des rideaux. Une vielle boîte à beurre, nappée de tissu, faisait office de table de chevet. Une lampe à huile y côtoyait un dictionnaire. » (p. 47)

    « – Antoinette, plus j’y pense, plus il me semble que ça se peut pas.
    – Quoi donc, Émilie?
    – Ça se peut pas d’être heureuse de même. » (p. 262)

    « – On dirait, Ovila, qu’à chaque fois que j’ai besoin de toi, tu es pas là. Tu te sauves. Ben là, c’est moi qui vas faire comme si tu avais pas de problèmes. J’ai assez de deux bébés. J’ai pas envie de te torcher. » (p. 358)

Référent(s) culturel(s)

  • Référents culturels de la francophonie canadienne d’hier et d’aujourd’hui :
    – lieux (p. ex., Hôtel Windsor, Saint-Tite, Saint-Stanislas, Montréal, Shawinigan, Abitibi);
    – fêtes religieuses (p. ex., La Toussaint, Noël, Pâques);
    – activités sociales et culturelles (p. ex., concours de gigue, temps des sucres);
    – traditions artisanales et culinaires (p. ex., métier à tisser, courtepointe, réveillon).
  • Mention de l’Exposition de Paris, en France.

Pistes d'exploitation

  • Inviter les élèves à relever des présages, en cours de lecture, puis à expliquer les événements de l'avenir qu'ils annoncent (p. ex., La bague de fiançailles d'Émilie est beaucoup trop grande : Émilie n'épousera pas Henri. Le coq chante une troisième fois : Émilie n'aura pas la vie facile si elle épouse Ovila.) Après la lecture de chaque partie du roman, animer une mise en commun afin de permettre aux élèves de faire part de leurs trouvailles.
  • Après la lecture de chaque chapitre, demander aux élèves d'indiquer, dans un diagramme à bandes, le niveau d'intensité de la relation amoureuse entre Ovila et Émilie, à l'aide d'une cote de 1 à 10, puis d'ajouter un énoncé ou une citation la justifiant. Préciser d'utiliser la cote 10 une seule fois pour indiquer le moment où leur amour est le plus intense. Après la lecture du roman, les inviter, réunis en équipes, à comparer leurs diagrammes.
  • Inviter les élèves à prendre part à un débat sur un des sujets suivants :
    – Émilie, femme courageuse qui s'occupe de ses enfants, ou femme difficile à plaire qui chasse Ovila?
    – Ovila, homme travaillant qui aime sa famille, ou homme faible qui fuit devant ses responsabilités?

Conseils d'utilisation

  • Avant la lecture, présenter la structure de l'œuvre : dédicace, avertissement au lecteur, citation mise en exergue, note de l'auteure, prologue, quatre parties (1895-1897), (1898-1901), (1901-1913), (1913-1918), remerciements et glossaire.
  • Avant la lecture, expliquer le contexte socio-économique et religieux de la vie rurale à l'époque (p. ex., rôles déterminés des femmes et des hommes, familles nombreuses, agriculture, vie de chantier, drave).
  • Durant la lecture, faire remarquer aux élèves les façons dont l'auteure joue avec le temps (p. ex., ordre chronologique, ellipse, retour en arrière, anticipation).  
  • Revoir les règles du débat afin d'en assurer le bon déroulement.
  • Inviter les élèves à suivre la saga Les Filles de Caleb dans les deux autres volets de la trilogie, Le cri de l'oie blanche et L'abandon de la mésange.
  • Proposer aux élèves de visionner des épisodes de la télésérie Les Filles de Caleb.

Ressource(s) additionnelle(s)

  • IDÉLLO.org, ressources éducatives en ligne, 7e à 12e année, Série : Les Vrais Pays-d'en-haut, Les Canadiens français au début de la Confédération (1867-1910).
  • CFORP. 2009. Fiches de lecture 16 ans+, Les Filles de Caleb, Le chant du coq, Tome 1, Ottawa.