- Deux personnages principaux, qui s’aiment profondément et passionnément : Émilie (Bordeleau) Pronovost, femme indépendante, tiraillée entre son amour pour son époux et son devoir maternel, et Ovila Pronovost, travailleur de chantier, tiraillé entre son amour pour sa famille et son amour du bois.
« Tout à leurs pensées, ils n’avaient plus parlé sur le chemin de retour. Ils se séparèrent en se touchant discrètement la main. Émilie lui sourit.
– Je peux quand même te dire que je suis contente que tu sois revenu.
– Je peux bien répondre que j’en pouvais pus d’être trop loin du Bourdais pis de la p’tite école. Pis, si ça peut te rassurer, je peux bien te répéter que je t’aime. Toujours, pis plus. » (p. 242)
« – Tu as bu, Ovila?
– Non, j’ai pas bu. Pis j’ai pas bu depuis deux jours. J’ai passé ces deux jours-là à marcher… dans le bois. Je m’ennuie du bois, Émilie. Je suis pus capable de m’en passer. » (p. 496)
« – La semaine prochaine, Émilie, je pars pour Barraute…
– C’est où ça?
– En Abitibi.
– Qu’est-ce que tu vas aller faire là?
– Acheter des terres… En fait, louer des terres pour les déboiser et les défricher. L’aventure ça te tente toujours?
[…]
– Ovila, j’ai pas envie d’aller vivre dans ce pays de maringouins! Il y a pas un chat là-bas! C’est tout juste s’il y a des écoles. Pis nos enfants ont du talent, Ovila. Faut que nos enfants fassent des études pour… pour… » (p. 498)
- Quelques personnages secondaires intimement liés à la vie d’Émilie : Caleb et Célina, ses parents, désireux d’assurer à leur fille un avenir prometteur, et Henri Douville, l’inspecteur attentionné, fiancé éconduit de la jeune institutrice; nombreux personnages jouant des rôles plus ou moins importants, parmi lesquels Berthe et Antoinette, des amies d’Émilie, Charlotte et Lazare, des élèves, ainsi que les membres de la famille Pronovost, sur qui elle peut toujours compter.
« Émilie et Berthe pleuraient à chaudes larmes. […] Berthe, carmélite! Berthe, voilée! Berthe qu’elle ne pourrait plus jamais voir. » (p. 166)
« Douville lui apportait toujours une petite surprise. […] Émilie trouvait qu’il lui faisait la cour avec beaucoup de dignité. […]
Elle ajouta que rien ne pressait, qu’ils pourraient fort bien se marier à la fin juin 1900. » (p. 197-198)
« Caleb parla du mariage à Célina. […] Elle parla vaguement d’Ovila en disant qu’il semblait être un aventurier et qu’Émilie avait besoin d’un mari stable comme Henri. Caleb n’en était pas si certain. » (p. 199)
« Les deux amies s’étaient quittées la larme à l’œil. Antoinette parce qu’elle n’avait pu donner qu’un sachet d’herbes odorantes à Émilie, Émilie parce qu’elle avait vraiment fait plaisir à Antoinette. » (p. 220)
« Émilie […] se dirigea vers Lazare. Elle savait qu’un lien très spécial avait toujours existé entre lui et Charlotte. […] la petite Charlotte avait toujours protégé le grand Lazare comme si elle avait compris qu’ils souffraient tous les deux de la même souffrance : celle de la différence et de la solitude. » (p. 302)
« Ovila ne rentra pas.
Elle passa la soirée chez ses beaux-parents, qui lui avaient préparé un gâteau. » (p. 394)
- Histoire d’amour et de courage évoluant à différents endroits du Québec (Saint-Stanislas, Saint-Tite, Saint-Séverin, Montréal et Shawinigan) entre 1892 et 1918; action suivant le rythme des saisons et des fêtes religieuses; quelques retours en arrière évoquant des souvenirs et donnant lieu à l’expression de sentiments.
« Le mois de janvier n’avait donné aucun répit à Émilie, les froids l’obligeant à se lever la nuit pour chauffer son école… » (p. 88)
« Elle était retournée à Saint-Stanislas aux mêmes dates que l’année précédente, mais avait écourté son séjour des fêtes afin d’assister à la fête des Rois chez les Pronovost. » (p. 125)
« Elle ferma les yeux quelques instants et se revit dans un autre train, celui qui les conduisait, elle et Ovila, à Montréal. Seize ans plus tôt… Pour leur premier anniversaire de mariage. » (p. 512)
- Intrigue permettant à l’auteure de faire connaître le monde rural canadien-français au début du XXe siècle (p. ex., rôles déterminés des femmes et des hommes, système scolaire, naissances, fréquentations, mariages, croyances religieuses).
« – Il y a deux places chez nous, ma fille. Celle des hommes pis celle des femmes. Les hommes travaillent à la sueur de leur front pour gagner le pain quotidien pis béni. La place des femmes, c’est de voir à ce que les hommes aient tout ce qui leur faut. » (p. 20)
« – […] Vous autres, les grands, vous allez fendre pis rentrer le bois. […] Les moyens, cette semaine, c’est à votre tour de passer le balai. […] Les p’tits, vous allez bien aligner les pupitres. » (p. 35)
« L’inspecteur ne faisait qu’une visite annuelle et Émilie, qui terminait sa première année d’enseignement, se devait de démontrer ses talents d’enseignante si elle voulait être réembauchée l’année suivante. » (p. 111)
« Le médecin, nerveux, avait retiré les forceps et décidé de donner une injection de morphine à la mère maintenant presque inanimée. Il n’aimait pas cette drogue, convaincu qu’une femme devait enfanter dans la douleur comme le disaient les Écritures, mais il venait d’atteindre les limites de ses croyances. » (p. 177)
« – […] Si vous n’y voyez pas d’objection et si vos parents sont d’accord, j’irais vous visiter occasionnellement cet été. Nous pourrions faire meilleure connaissance. » (p. 195)
« – Antoinette! Vous êtes mariés?
[…]
– Ma mère est vraiment pas bien. Ça fait qu’Henri pis moi on a décidé de faire ça vitement. On a même eu une dispense de bans, grâce au curé de la paroisse de ma mère. » (p. 289)
- Éléments graphiques (p. ex., caractères italiques, points de suspension, guillemets, tirets) contribuant à la compréhension de l’œuvre.
« Félicité lui dit qu’elle allait immédiatement lui faire une mouche de moutarde et sortit précipitamment de la chambre avant qu’il n’essaie de l’en empêcher. » (p. 133)
« – Le docteur… le docteur dit que c’est… de la tuberculose. » (p. 134)
« Henri […] la pria cependant de ne rien dire à ses parents. Il préférait leur annoncer la "mauvaise nouvelle" lui-même, comme un homme. » (p. 233)
« – […] C’est dans la dictée que j’ai eu de la misère. Je savais pas écrire "Shawinigan". À c’t’heure, je le sais.
– Comment est-ce que tu l’avais écrit?
– C-h-a-t-o-u-i-n-i-g-a-n-e. » (p. 469)